Pénurie d'eau dans les camps de réfugiés au Tchad
Pénurie d'eau dans les camps de réfugiés au Tchad
ABECHE, Tchad, 26 octobre 2004 (UNHCR) - Les ressources en eau s'amenuisent peu à peu pour les dizaines de milliers de réfugiés soudanais à l'Est du Tchad. D'ici deux semaines, un camp au moins pourrait voir ses réserves d'eau épuisées.
L'Est du Chad est une des régions les plus désertiques au monde avec seulement trois mois de précipitations dans l'année. Mais cette année, la situation est d'autant plus critique que la saison des pluies a débuté tardivement et en faible volume.
Cette région aride abrite 200 000 réfugiés qui ont fui les violences faisant rage au Darfour depuis le début de l'année 2003. La plupart d'entre eux vivent dans les 11 camps établis à l'Est du Tchad. L'UNHCR et ses partenaires cherchent depuis des mois de l'eau dans la région, tandis que les réserves de certains camps s'amenuisent.
« Depuis le début, on savait qu'il était impossible de trouver assez d'eau pour 200 000 personnes dans cette région » explique Dinesh Shrestha, l'administrateur principal en charge du système hydrique et sanitaire à l'UNHCR. « C'est particulièrement difficile dans le Nord-Est, où des poches d'eau souterraines ont été localisées mais sont loin de pouvoir subvenir longtemps à une population aussi importante. »
Dans le camp d'Iridimi, près d'Iriba, le niveau d'eau décline beaucoup plus vite que prévu. Malgré un pompage de 23 heures par jour, il est peu probable que les réserves durent plus de deux semaines. Les 15 000 réfugiés du camp reçoivent seulement 6 litres d'eau par jour et par personne, ce qui est bien en-dessous des 15 litres préconisés par l'UNHCR en situation d'urgence.
Les experts en eau disent qu'il y a seulement 10 à 15 % de possibilités de trouver assez d'eau pour les 15 000 réfugiés présents sur le site. L'UNHCR a donc décidé d'acheminer de l'eau par camion et de négocier avec les autorités locales pour permettre temporairement un approvisionnement en eau depuis la ville d'Iriba.
L'UNHCR compte également transférer 7 000 réfugiés d'Iridimi vers Kounoungo et d'autres camps. Trois autres sites susceptibles d'accueillir des camps ont été identifiés par les autorités locales. Des études y seront donc menées afin de déterminer leur faisabilité. Très prochainement, le camp de Touloum commencera aussi à souffrir du manque d'eau.
Les études de terrain autour du site de Mader n'ont malheureusement pas répondu aux attentes de l'UNHCR qui espérait y transférer 11 000 réfugiés.
« La possibilité de trouver de l'eau à Mader pour 11 000 réfugiés est de 1 % » confirme Gabriel Salas, un hydrogéologiste de l'UNHCR.
L'UNHCR a signé la semaine dernière un accord avec UNOSAT/UNOPS afin de bénéficier d'une technologie de pointe pour trouver de l'eau à l'Est du Chad. Des images satellites permettront de détecter des sources d'eau cachées dans ce vaste désert.
En attendant, l'UNHCR continue de négocier avec les autorités locales afin de déterminer l'emplacement de nouveaux camps, non seulement pour remplacer les camps actuels comme Iridimi, mais aussi pour accueillir près de 100 000 nouveaux réfugiés dans les mois à venir.