Une nouvelle vie au Mexique sans violence domestique
Une nouvelle vie au Mexique sans violence domestique
MEXICO, Mexique, 22 septembre (HCR) - Rebecca* respirait le bonheur quand, le mois dernier, elle a pu enfin serrer dans ses bras son fils à l'aéroport international de Mexico après plus d'un an de séparation. La dernière fois en juin 2008 quand elle avait vu Juan*, âgé aujourd'hui de 20 ans, elle vivait encore dans un profond désespoir et elle craignait pour sa vie.
Cette femme brune de 40 ans a subi durant de longues années la violence domestique. Toutefois, au contraire de nombreuses femmes subissant des abus au sein de leur foyer, elle a fui vers un autre pays car elle ressentait que personne ni aucune organisation ne pourrait lui venir en aide au Nicaragua, son pays natal. L'année dernière, le statut de réfugiée lui a été accordé à Mexico au motif qu'il lui serait dangereux d'être rapatriée dans son pays natal.
La violence domestique est une tragédie au Nicaragua, un pays où des ONG estiment que jusqu'à 60 pour cent des femmes subissent des violences physiques de leur partenaire au moins une fois dans leur vie.
Faire état du crime ne constitue même pas une garantie de protection. Plus de 70 pour cent de ceux qui sont accusés pour violence domestique sont acquittés ou ils ne sont même pas poursuivis, selon les informations transmises par des organisations nicaraguayennes des droits humains. De nombreuses femmes dans le pays font référence à la violence domestique comme « la croix que l'on doit porter. »
Rebecca a porté sa croix durant plus de 20 ans. Ses souffrances ont commencé pratiquement dès le jour de son mariage de la part de celui avec lequel elle pensait passer le reste de sa vie. Elle avait tout juste 17 ans à ce moment-là et elle ne s'était pas encore rendue compte de la face cachée de son caractère. Toutefois il ne lui a pas fallu attendre longtemps avant que n'apparaissent les prémices d'abus verbaux et physiques.
Son mari la battait, lui hurlait dessus, l'insultait, la disqualifiait en public et il a même abusé d'elle sexuellement. Il lui interdisait de travailler tout en refusant de lui donner de l'argent. Il entrait dans une rage destructrice si elle regardait un autre homme, même s'il s'agissait de son médecin ou d'un serveur au restaurant.
Lorsque Rebecca est tombée enceinte de jumeaux, son mari a refusé qu'elle soit suivie par un médecin. Un bébé est mort-né et l'autre est décédé quelques semaines après sa naissance, probablement à cause des coups qu'elle a subis durant sa grossesse.
Un an plus tard, après avoir donné naissance à son fils, Rebecca a essayé pour la première fois de partir. Son mari a tiré un coup de feu au sol alors qu'elle passait la porte. Elle a décidé de rester plutôt que de risquer la vie de son fils.
Rebecca a alors pensé se faire opérer pour ne plus avoir d'enfant. « J'avais peur de donner naissance à une petite fille et qu'elle subisse les mêmes souffrances que celles que j'ai endurées durant toute ma vie », a-t-elle expliqué. Toutefois selon la loi nicaraguayenne, Rebecca avait besoin de l'accord de son mari pour cette opération et il a refusé.
Ce n'est que l'année dernière, son fils étant devenu adulte, qu'elle a enfin fui le foyer. « Mon fils me disait continuellement qu'il n'oserait pas quitter la maison, car il craignait pour ma vie. Les deux dernières années, la situation a empiré car j'ai commencé à résister », a expliqué Rebecca.
Elle a rejoint la route empruntée par de nombreux migrants irréguliers et réfugiés via l'Amérique centrale vers les Etats-Unis. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés travaille étroitement avec les autorités de pays comme le Mexique pour essayer d'identifier ceux qui ont besoin d'une protection internationale parmi l'afflux de la migration mixte, constitué pour la plupart de personnes fuyant le conflit et la persécution, la violence domestique constituant une forme de persécution.
Rebecca a été détectée par les autorités mexicaines pour l'immigration près de la frontière avec les Etats-Unis. Lorsqu'elle a raconté ses craintes d'être expulsée vers le Nicaragua, son cas a été transmis à la Commission mexicaine d'aide aux réfugiés.
Elle a reçu le statut de réfugié il y a un an et elle a trouvé un emploi en tant qu'assistance administrative. La cerise sur le gateau dans sa nouvelle vie est advenue lorsque son fils a reçu la permission, avec l'assistance du HCR, de la rejoindre.
Elle a indiqué que son mari avait proféré des menaces psychologiques à son encontre pour qu'elle reste à la maison, la prévenant que « si j'osais partir, je ne pourrais jamais plus vivre en paix, que je devrais pour le restant de ma vie regarder derrière moi. » Malgré ces menaces, elle se sent maintenant en sécurité, dans un lieu où il ne pourra pas la retrouver.
« Je n'ai jamais vécu la guerre, mais c'est tout comme. Je suis une survivante », a expliqué Rebecca en attendant l'arrivée de son fils. « Une fois que mon fils sera près de moi, ce cauchemar sera réellement terminé. »
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Mariana Echandi à Mexico, Mexique