Déclaration par le Prince Sadruddin Aga Khan, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, au Conseil économique et social (ECOSOC), le 16 juillet 1971
Déclaration par le Prince Sadruddin Aga Khan, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, au Conseil économique et social (ECOSOC), le 16 juillet 1971
Le 16 juillet 1971
Monsieur le Président,
Je vous remercie de me donner la parole. Je tiens à vous dire tout d'abord que je suis particulièrement heureux de cette occasion qui m'est offerte de m'adresser au Conseil. Dans la déclaration que je m'apprête à faire, ce matin, je voudrais exposer en détail les besoins humanitaires immenses des réfugiés du Pakistan oriental en Inde. je m'efforcerai de vous donner une idée exacte de l'ampleur du problème, en indiquant les mesures que les organismes des Nations Unies ont prises pour venir en aide à ces réfugiés. Ce faisant, j'essaierai de répondre aux questions précises qui m'ont déjà été posées, notamment à celles de la délégation néo-zélandaise. Les membres du Conseil savent que le Secrétaire général m'a demandé de coordonner l'assistance humanitaire des organismes des Nations Unies en faveur de ces malheureux déracinés. Je sais que je traduis le sentiment du Secrétaire général et de mes collègues, les chefs des secrétariats des autres programmes et institutions des Nations Unies qui participent à cet effort, en disant que la situation de ces réfugiés est, pour nous tous, une cause de profonde préoccupation. Par notre action commune nous nous efforçons - et nous continuerons de nous efforcer - de faire en sorte que le système des Nations Unies réponde de la façon la plus efficace et la plus complète à cette situation d'urgence. Nous nous rendons en effet parfaitement compte que notre effort, s'il doit donner de bons résultats, doit - sur tous les points essentiels - être à la mesure de l'énormité du problème.
Le nombre de réfugiés
L'exode récent de réfugiés du Pakistan oriental a commencé après le 25 mars 1971 et a pris très rapidement des proportions alarmantes. Le nombre total de réfugiés - tel qu'il a été indiqué par le gouvernement indien le 12 juillet était de plus de 6.849.000 personnes, réparties de la façon suivante :
Bengale occidental 5.227.800
Tripura 1.062,900
Assam, Meghalaya et Bihar 509.100
Il ne fait donc aucun doute que nous nous trouves en face de l'un des déplacements de population les plus importants de l'histoire moderne, avec toute la misère humaine et les souffrances que de tels déplacements impliquent.
Chronologie des événements
Dès les premiers jours de l'exode, les autorités et la population indiennes, que ce soit à l'échelon des municipalités, des Etats ou du gouvernement central, ont déployé un effort considérable pour accueillir les réfugiés avec des abris, des vivres et des soins médicaux. Un certain nombre d'organisations bénévoles qui travaillaient normalement sur place ont immédiatement fait face à cette situation critique et ont entrepris de venir en aide aux nouveaux arrivants.
Dans le même temps, des consultations se sont engagées à New Delhi entre des représentants gouvernement indien et des programmes et institutions spécialisées des Nations Unies représentés en Inde, dont le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Le 23 avril 1971, le Gouvernement indien, par l'intermédiaire de son représentant permanent auprès de l'Organisation des Nations Unies, a demandé au Secrétaire Général l'aide de l'ONU et des organismes qui lui sont rattachés et a proposé notamment que des discussions préliminaires aient lieu à New Delhi entre les autorités indiennes et le représentant du Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Le Secrétaire général a soumis la question à l'attention du Comité administratif de coordination qui s'est réuni à Berne les 26 et 27 avril 1971 et, après avoir procédé à des consultations, a décidé le 29 avril que le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés ferait office de point central pour la coordination de l'aide de tous les organismes des Nations Unies.
Après avoir immédiatement consulté le Gouvernement indien, j'ai envoyé en Inde une mission composée de MM. Charles Mace, Haut Commissaire adjoint, Thomas Jamieson, Directeur des opérations, et Faul Weis, Conseiller juridique de mon Office. Cette mission, qui a séjourné en Inde du 6 au 19 mai 1971, a eu l'occasion de visiter les zones de réfugiés et de s'entretenir avec des représentants du gouvernement indien et des programmes et institutions spécialisées des Nations Unies représentés en Inde, ainsi qu'avec les représentants des organisations non-gouvernementales intéressées. Un compte rendu succinct de cette mission a été porté à la connaissance des gouvernements par l'intermédiaire de leurs représentants, permanents ainsi que des représentants du HCR ou des représentants résidents du PNUD dans les diverses capitales.
Avant même le retour de la mission, deux organismes des Nations Unies qui exécutaient déjà de vastes programmes on Inde ont accordé immédiatement, sur les ressources disponibles, une assistance aux réfugiés du Pakistan oriental. Je veux parler du Programme alimentaire mondial qui, comme suite à une demande présentée par le Gouvernement indien le 26 avril, a en quelques semaines des produits alimentaires pour un montant de 3,1 millions de dollars, et du FISE, qui, au début de mai, a mis à la disposition des réfugiés du lait en poudre, des fournitures médicales et des véhicules, pour une valeur totale de 600,000 dollars.
Toujours avant le retour de la mission, et bien que les réfugiés ne fussent pas encore aussi nombreux qu'à présent, il était devenu évident que l'action concertée des organismes des Nations Unies qui avait été envisagée par le Secrétaire général exigerait un dispositif spécial de consultation et de coordination entre ces organismes. C'est pourquoi j'ai invité les chefs des programmes et institutions des Nations Unies les plus directement concernées à envoyer des représentants à une réunion de ce qui allait devenir le Groupe permanent de consultation interorganisations, dont la première réunion s'est tenue au Palais des Nations le 18 mai 1971. Un représentant de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge a également été invité à participer aux travaux de ce groupe qui s'est réuni régulièrement depuis lors. Je reviendrai plus loin sur cet important aspect de la coordination de nos activités.
Le 19 mai 1971, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies a lancé un appel pour une aide d'urgence aux réfugiés du Pakistan oriental en Inde. Dans cet appel, il a dit la préoccupation que lui causait la triste situation des réfugiés, a exprimé l'espoir qu'ils seraient « rapatriés de leur plein gré dès que possible », a souligné « qu'en attendant ce rapatriement, une aide extérieure massive s'impose d'urgence » et a lancé un appel pressant « aux gouvernements, aux organisations intergouvernementales et non gouvernementales, ainsi qu'aux particuliers, pour qu'ils répondent aux impératifs d'une aide humanitaire ». Le Secrétaire général a fait connaître sa décision de confier au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés le rôle de point central pour la coordination de l'aide de tous les organismes des Nations Unies et s'est déclaré certain qu'en répondant positivement et généreusement à cet appel dicté par un souci humanitaire, les donateurs « auront recours dans toute la mesure du possible aux voies et procédures établies aux Nations Unies et en particulier au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, au Programme alimentaire mondial, au Fonds des Nations Unies pur l'enfance et à l'Organisation mondiale de la Santé ». Il a également formé le souhait que les donateurs tiennent le HCR « au courant de toutes les mesures qu'ils auront prises ou qu'ils envisagent de prendre à cette fin et qu'ils mettront à profit les arrangements pris par le Haut Commissaire en vue d'assurer la coordination de l'aide extérieure et de donner à celle-ci le maximum d'efficacité ».
J'ai fait suite à cet appel quelques jours plus tard. J'ai communiqué aux gouvernements, avec un compte rendu succinct de la mission du HCR l'estimation des besoins que le Gouvernement indien avait établie le 16 mai 1971 et transmise à la mission.
Afin de mener à bien avec célérité les tâches de plus en plus lourdes que m'impose le rôle de point central du système des Nations Unies, j'ai constitué un petit service spécial composé de membres du personnel du HCR. Il faudra d'ailleurs renforcer ce service en lui adjoignant du personnel complémentaire à mesure que l'opération s'intensifiera. Les ressources en personnel de mon modeste office ont été lourdement mises à contribution à la suite de cette grave situation d'urgence. Il faudra que nous en tenions compte dans notre planification si nous ne voulons pas que nos autres activités en souffrent.
D'accord avec le Gouvernement indien, j'ai envoyé à New Delhi un des plus hauts fonctionnaires du HCR, M. Thomas Jamieson, pour représenter le point central. M. Jamieson est entré on fonctions le 5 juin 1971. Cette représentation a depuis lors été renforcée par le détachement de deux hauts fonctionnaires dans la capitale indienne.
Dans l'intervalle, le Gouvernement indien avait établi un Comité central de coordination pour les secours aux réfugiés. Le représentant du point central ainsi que les représentants d'autres programmes et institutions spécialisées des Nations Unies participent aux activités de ce Comité sur l'invitation des autorités indiennes.
La situation en Inde
La situation des réfugiés dans les Etats du Bengale occidental, de l'Assam, de Tripura et de Meghalaya, pour ne rien dire des autres régions où des réfugiés ont été transportés, a été abondamment décrite et illustrée, notamment par les grands moyens d'information. C'est l'exode irrépressible de million d'êtres humains, le dénuement et l'épuisement physique, un spectacle de profonde misère,
J'ai lu et je lis encore chaque jour, tout comme les membres de ce Conseil, des critiques adressées notamment aux Nations Unies ce qu'on qualifie d'inaction ou de lenteur à réagir. Mes collègues des divers organismes des Nations Unies et moi-même nous sommes malheureusement souvent trouvés placés, au cours des années, devant des situations où des milliers, sinon des millions, de personnes étaient brusquement devenues victimes des événements, et nous savons que ni les abris, ni les vivres, ni l'approvisionnement en eau, ni les dispositifs sanitaires, ni les soins médicaux ne peuvent s'improviser d'un jour à l'autre. Je voudrais, Monsieur le Président, saisir cette occasion de rendre un chaleureux hommage aux milliers d'hommes et de femmes qui, soit en tant que fonctionnaires du gouvernement indien, soit en tant que membres d'organisations intergouvernementales, non gouvernementales, ou soit encore tout simplement en tant que particuliers, sont allés jusqu'à l'extrême limite de leurs forces pour porter secours aux réfugiés. Ils ont accompli une tâche magnifique dès le début de cette situation d'urgence.
Selon les évaluations du Gouvernement indien, sur les 6 millions de réfugiés du Pakistan oriental qui, estime-t-on, se trouvaient en Inde à la fin du mois de juin 3, millions sont logés dans des camps, 1 million dans des centres d'accueil aménagés à leur intention, par exemple dans des écoles et autres bâtiments publies, et environ 2 millions vivent chez des amis ou des parents ou ont été accueillis de quelque façon par la population locale.
La situation dans les camps varies dans certains, elle est à peine tolérable, dans d'autres, elle est extrêmement grave. On comprendra que, même dans les camps les mieux organisés, les conditions se détériorent immédiatement s'il faut admettre en quelques heures plusieurs milliers de nouveaux venus, et il semble que le cas se soit produit fréquemment.
Le fait que l'on ait dû abriter des réfugiés dans des écoles et des bâtiments publics est à l'origine d'une situation grave, car leur arrivée a bouleversé le système d'enseignement et le système administratif dans les Etats où ils ont été installés. Il faut trouver de meilleurs moyens d'abriter les réfugiés si l'on veut rétablir, dans la mesure du possible, des conditions acceptable dans ces zones et éviter que les problème dus à cet afflux massif ne s'aggravent et ne s'étendent. De même, dans une région déjà très peuplée on ne saurait continuer bien longtemps à héberger chez l'habitant des millions de personnes. L'un des gros problèmes que pose l'action de secours consiste donc à créer des abris, et c'est un point sur lequel je reviendrai.
La situation est particulièrement préoccupante dans la région de Calcutta (qui, on le sait, est surpeuplée et connaît de très graves difficultés sociales depuis plusieurs années déjà) et également dans l'état de Tripura. Le Gouvernement indien a donc entrepris un plan de réinstallation provisoire des réfugiés dans d'autres régions et a organisé dans d'autres Etats de la République plusieurs énormes camps d'accueil qui peuvent recevoir chacun 50.000 réfugiés. Les réfugiés sont transportés soit par avion, et d'autres gouvernements ont mis quelques avions à la disposition de l'Inde à cet effet, soit par chemin de fer ou par la route.
Heureusement, le Gouvernement indien disposait, lorsque la situation d'urgence a commencé, de bons stocks de vivres qu'il conservait pour les utiliser en cas de sécheresse ou d'autres catastrophes naturelles. Le problème immédiat a donc été un problème de logistique et de transport plutôt qu'un manque de réserves alimentaires. Quoi qu'il en soit, les stocks de sécurité représentent un aspect essentiel de la planification alimentaire d'ensemble en Inde et devront donc être reconstitués. En outre, si des quantités considérables d'aliments de base ont pu être distribués, tel n'a pas nécessairement été le cas d'autres éléments indispensables dans un régime alimentaire quotidien même réduit, notamment des légumineuses et des graises alimentaires, dont les réserves étaient limités. Tel n'a pas été le cas non plus des produits d'alimentation des enfants, qui présentent une importance majeure dans une action de secours.
L'un des plus graves problèmes que pose l'installation des réfugiés concerne peut-être l'hygiène dans les camps et les centres d'accueil. Ce problèmes est directement lié à celui de l'eau potable. Il est bien évident que l'absence de dispositifs d'hygiène pour des millions de nouveaux arrivants a considérablement augmenté les risques de maladie, et je veux parler non seulement du choléra mais encore de l'entérite sous toutes ses formes et d'autres affections. Des mesures ont déjà été prises par les autorités indiennes, et également dans le cadre des Nations Unies, pour améliorer les conditions sanitaires, mais il est très difficile, dans ce domaine, d'obtenir rapidement des résultats concrets.
Les problèmes de transport et de logistique constituent un aspect important de la situation en Inde. L'Inde possède très peu de grandes route conduisant vers les zones de réfugiés. Pour des raisons géographiques que l'on comprendra aisément si l'on regarde une carte, les routes sont particulièrement rares dans l'Assam, le Meghalaya et le Tripura. Le transport de grosses quantités de vivres et d'autres produits depuis les ports d'arrivée ou les lieux d'entreposage exige des véhicules, et là encore un problème se pose. La distance considérable qui sépare les grands ports d'arrivée et les lieux d'entreposage - dont certains ne sont pas du tout situés dans la zone de réfugiés - des points de destination multiplie les difficultés. Calcutta se trouve bien à proximité de certaines zones de réfugiés, mais non le Tripura ni l'Assam. Enfin, la mousson, particulièrement violente cette année, semble-t-il, rend les routes secondaires impraticables. Il faut donc faire preuve de beaucoup d'ingéniosité et l'on risque d'avoir à utiliser de plus en plus des moyens de transport autres que les moyens courants, notamment, peut-être, des hélicoptères, si l'on veut éviter le désastre.
Tous ces éléments, qui je ne puis nécessairement que décrire très brièvement (le nombre considérable des réfugiés et le besoin d'abris, de vivres supplémentaires, de service médicaux, d'installations d'hygiène supplémentaires et de moyens logistiques supplémentaires pour des millions de personnes, pour ne rien dire de la mousson) font de l'assistance aux réfugiés du Pakistan oriental en Inde l'une des entreprises de secours d'urgence les plus gigantesques et les plus complexe de notre époque.
Les besoins
Le Gouvernement indien a procédé à une première évaluation globale des besoins (vivres, abris, fournitures médicales, véhicules, notamment) le 16 mai 1971, au moment de la visite de la mission des trois représentants du HCR. Ces estimations étaient fondées sur l'hypothèse qu'il y aurait en Inde une population de 3 millions de réfugiés pendant une période de 6 mois à compter de la fin du mois de mars 1971. Le total des besoins prévus par le Gouvernement indien représentait l'équivalent de 175 millions de dollars des Etats-Unis. Le Secrétaire général a mentionné ce chiffre dans l'appel qu'il a lancé le 19 mai 1971.
A la suite du nouvel afflux de réfugiés, le Gouvernement indien a fait parvenir récemment au point central des estimations révisées, à la date du 26 juin 1971, reposant sur les besoins d'une population moyenne de 6 millions de réfugiés pendant 6 mois, toujours à compter de la fin mars 1971. Ces estimations révisées représentent l'équivalent de 400 millions de dollars des Etats-Unis et ont été communiquées aux gouvernements.
Contributions versées aux organismes des Nations Unies
Je suis heureux de pouvoir dire au Conseil que la réaction à l'appel du Secrétaire général du 19 mai 1971 a été immédiate et que des millions de dollars ont été annoncée au point central dans les deux jours qui l'ont suivi.
La situation, à la date d'avant-hier, était la suivante : 47,7 millions de dollars en espèces et 15,7 millions de dollars en nature, portant le total général à 99,4 millions de dollars, avaient été annoncés au point central. Le gros de ces contributions (soit 93,9 millions de dollars) proviennent des gouvernements, 4,4 millions de dollars ayant été puisés dans les ressources dont disposaient déjà des organismes des Nations Unies (Programme alimentaire mondial, FISE, OMS et HCR)
Le Conseil se félicitera certainement de savoir aussi que les contributions au point central comprennent un montant de 1,1 million de dollars reçu de sources non-gouvernementales. Cette somme, faible par rapport aux besoins actuels eût, dans d'autres circonstances, été jugée très appréciable. Elle est significative cependant, en ce sens que plusieurs organisations non gouvernementales se sont félicitées de la désignation d'un point central dans le cadre du système de l'ONU et sont disposées à coopérer avec lui de diverses manières, notamment en lui faisant parvenir des contributions.
Autres contributions (hors point central)
Comme dans d'autres circonstances, des gouvernements ont choisi d'aider les réfugiés du Pakistan oriental en Inde en adressant des dons en nature et en espèces directement aux autorités indienne. Dans certains cas, ces dons s'ajoutent à des contributions substantielles versées par l'intermédiaire du point central. Un certain nombre de gouvernements ont tenu le Secrétaire général ou le Haut Commissariat au courant de leur concours financier bilatéral. En se fondant sur les renseignements disponibles, on peut évaluer les efforts bilatéraux des gouvernements à l'équivalent de 49 millions de dollars.
Comme je l'ai déjà dit, l'afflux soudain de réfugiés du Pakistan oriental en Inde a suscité immédiatement dans le monde entier une vive émotion qui n'a pas été limitée aux gouvernements, mais a été ressentie aussi par le grand public et par les organisations non gouvernementales charitables et humanitaires. Dès le tout début de la crise, par conséquent, plusieurs organisations non gouvernementales ont fourni une assistance aux réfugiés du Pakistan oriental en Inde, soit en prélevant sur les ressources dont elles disposaient, soit en utilisant des fonds reçus des gouvernements, soit encore en se procurant des fonds individuellement ou en lançant des appels spéciaux. Nous nous efforçons de rassembler des renseignements précis sur ces efforts, dont on peut penser actuellement qu'ils représentent l'équivalent de 17 millions de dollars en nature et en espèces.
Je voudrais aussi mentionner la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge, du Croissant Rouge et du Lion et Soleil Rouges. A la suite d'une demande reçue de la Croix-Rouge indienne, le Secrétaire général de la Ligue s'est adressé aux sociétés nationales pour solliciter des fonds et des dons en espèces. Celles-ci ayant entendu son appel, la Ligue a reçu jusqu'ici au total l'équivalent de 3,2 millions de dollars en espèces et en nature. Ces don sont actuellement mis à la disposition de la Croix-Rouge indienne, qui opère dans le cadre de l'organisation générale mise en place par les autorités indiennes. La Croix-Rouge indienne a accepté de se charger d'un programme alimentaire complémentaire (notamment à l'intention des enfants et des mères qui allaitent) ainsi que d'une action médicale complémentaire. Bien entendu, nous maintenons un contact très étroit et procédons à des consultations avec la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge qui, comme on sait, participe au Groupe permanent de consultation interorganisations.
Fonctionnement du point central
Je voudrais maintenant apporter quelques précisions complémentaires sur le fonctionnement du mécanisme de coordination que nous avons mis au point pour assurer le maximum d'efficacité à l'assistance fournie aux réfugiés du Pakistan oriental en Inde. En gros, les tâches sont triples ;
(a) mobiliser le concours et s'assurer les contributions de la communauté internationale ;
(b) prendre les mesures nécessaires pour que les fournitures soient obtenues d'une manière coordonnée et livrée en Inde ;
(c) maintenir une liaison étroite avec le Gouvernement indien.
Ces tâches sont exécutées en contact étroit avec le FISE, la FAO, le PAM, l'OMS et aussi la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge. Très peu de temps après que les premières mesures de coordination eurent été prises, les tâches se sont tout naturellement réparties entre les divers membres du système des Nations Unies associés à cet effort, et cette répartition a été acceptée par tous les intéressés.
Le point central reçoit les contributions en espèces et tient le compte des contributions en nature annoncées. Sous réserve des consultations nécessaires avec le Gouvernement indien, les membres du système des Nations Unies intéressés et, le cas échéant, les donateurs, le point central, soit met des fond directement à la disposition du Gouvernement indien, soit passe, par l'intermédiaire des programmes ou institutions spécialisées de l'ONU qui font les achats de fournitures voulus et en organisent la livraison en Inde.
Le point central prend aussi à sa charge les frais de transport, lorsqu'il ne peut s'assurer le transport gratuit, et a pris des dispositions pour coordonner les transports par la voie aérienne, ce qui représente, comme les membres du Conseil s'en rendront compte, une opération complexe dans une situation d'urgence comme celle-ci. Le Comité intergouvernemental pour les migrations européennes a offert de nous faire bénéficier de son expérience technique en matière de transport. Deux de ses fonctionnaires, qui sont spécialistes de cette question, ont maintenant été détachés auprès du point central.
Au début de la situation d'urgence, le FISE a fourni, sur les ressources dont il disposait, des aliments pour enfants, des fournitures médicales, des véhicules et d'autres articles. Au surplus, le FISE et le seul programme du système des Nations Unies qui sont équipé pour distribuer toutes sortes de secours et soit habitué à le faire. Il joue donc un rôle très important dans la fourniture et l'expédition en Inde de matériel pour les abris, de véhicules, de médicaments et de matériel médical, d'aliments pour les enfants, etc.
Le Programme alimentaire mondial et la FAO apportent naturellement eux aussi une contribution majeure. Le point central annonce au PAM l'arrivée de toutes les contributions alimentaires et le PAM prend toutes dispositions pour les recevoir, les expédier, les faire livrer en Inde, etc. le PAM s'occupe aussi des achats de produits alimentaires qu'il faut se procurer hors de l'Inde.
L'OMS centralise toute les fournitures sanitaires. Elles a apporté une contribution vitale lorsque le choléra s'est déclaré dans les zones de réfugiés et elles continue d'exercer une importante action de coordination et d'achats dans le domaine sanitaire et médical.
S'il est prématuré à ce stade de formuler des conclusions générales quant à l'organisation des activités du point central, il ne fait aucune doute qu'après une brève période d'adaptation, au demeurant inévitable, les divers rouages de ce mécanisme international fort complexe se sont mis en place beaucoup plus aisément que beaucoup d'entre nous ne l'auraient jugé possible à l'origine. Non seulement une parfaite compréhension règne entre les chefs des organismes intéressés, mais , dans les rapports de travail, un climat de véritable coopération s'est instauré, un sens des responsabilités communes est apparu dont je suis heureux de rendre témoignage devant le Conseil puisqu'aussi bien celui-ci a souvent exprimé le souhait qu'une coordination étroite s'établisse dans le cadre du système des Nations Unies.
Il est un aspect des tâches qui m'ont été confiées par le Secrétaire général sur lequel je crois utile de m'étendre. Il s'agit de la collecte des fonds et de leur emploi.
En ce qui concerne les contributions en espèces, il s'écoule naturellement un certain temps entre l'annonce et le versement d'une contribution. Ce délai, lorsqu'il n'est pas trop prolongé, ne jour pas un grand rôle dans l'exécution d'un programme normal. Il peut cependant constituer un obstacle dans une situation d'urgence comme celle dont j'entretiens aujourd'hui le Conseil et je suis reconnaissant aux gouvernements qui ont été en mesure de verser, et rapidement, les sommes qu'ils avaient promises.
Il y a également le problème des contributions qui ne sont versées que par tranches et sous conditions, ce qui oblige le point central à nouer de longues négociations entre les gouvernements donateurs, New Delhi et Genève. A cet égard aussi, je suis reconnaissant aux gouvernements qui ont pu accorder les fonds sur la base de l'estimation des besoins que nous leurs avons communiqués.
Au 14 juillet, la situation se présente ainsi : le montant des contributions en espèces qui ont été reçues par le point central s'élève à 13,3 millions de dollars, contre 47,7 millions de dollars annoncés au total. Tous les fonds reçus ont été ou bien dépensés, ou bien engagés.
Pour ce qui est des contributions en nature, il s'agit essentiellement d'une questions de logistique. S'il a été possible de transporter par avion en Inde certaines marchandises, en particulier des fournitures médicales et du matériel léger pour l'installation d'abris, il est beaucoup plus difficile d'acheminer par la même voie des produits pondéreux, des véhicules et autre matériel lourd. Il y a donc un décalage entre l'annonce des contributions en espèces et les livraisons sur place. Ce n'est là qu'une de difficultés techniques que présente cette vaste opération de secours et je tiens à ce propos à assurer le Conseil qu'aucune effort n'est épargné pour réduire les délais au minimum.
Je voudrais à présent vous donner des détails sur l'action entreprise.
Hébergement
Dès le début, il est apparu clairement que les efforts devaient se concentrer sur les besoins en abris. Le Gouvernement indien a passé aussitôt des commandes dans le pays pour l'achat de matériel permettant d'abriter plus de 800,000 personnes. D'ores et déjà, il a pu se procurer 36,000 tentes et 750 grandes bâches ; de nouvelles livraisons sont attendues d'ici la fin de ce mois et au cours du mois d'août. Des contributions en espèces ont été transmises au Gouvernement par l'intermédiaire des Nations Unies pour couvrir une partie du coût de ces achats.
En outre, le FISE, avec les fonds alloués par le point central, a pris immédiatement des dispositions pour l'achat et le transport aérien depuis l'étranger de matériel pour abris, notamment des toiles de polythène, des tentes et des bâches. Les livraisons qu'il a déjà effectuées couveront les besoins d'environ un million de personnes et les quantité supplémentaires qui devraient être envoyées par avion d'ici la fin de juillet permettront de répondre à ceux d'un autre million de personnes. De plus, le FISE a acheté en Inde du matériel destiné à abriter quelque 300,000 personnes. Je dois signaler aussi les contributions importantes en matériel d'abri qui ont été fournies dans le cadre d'arrangements bilatéraux avec le Gouvernement indien ainsi que par des organisations bénévoles.
Dans sa liste revisée des besoins, le Gouvernement a indiqué qu'il faisait le nécessaire pour mettre à la disposition des réfugiés, chaque fois qu'il était possible, des cabanes dites « basha », abris à charpente légère faits de matériaux locaux et recouverts de polythène qui permettront de loger à peu près 3 millions de personnes pour un coût total de quelque 48 millions de dollars. Je souhaite vivement que des dons généraux en espèces soient envoyés au Gouvernement indien pour l'aider à satisfaire ce besoin vital.
Nourriture
Le Gouvernement indien, dans sa demande revisée du 26 juin 1971, estimait que 776,000 tonnes de produite alimentaires de base (riz, légumineuses, sucre et huile) seraient nécessaire pour nourrir en moyenne 6 millions de réfugiés durant 6 mois. Cette quantité exclut des articles tels que le sel, le lait en poudre et les aliments pour enfants, dont 30,000 tonnes au total sont également nécessaires comme aliments d'appoint.
Sur le volume demandé par le Gouvernement, près de la moitié a déjà été livrée ou promise par l'intermédiaire du point central et aussi, pour autant que nous soyons bien informés, sur une base bilatérale. Toutefois, si l'on détaille les articles, on s'aperçoit que les offres qui ont été faites jusqu'à présent ne correspondent pas toujours à la demande. C'est ainsi que l'on a offert du blé, aliment qui ne convient pas à la population intéressée. D'un autre coté, 160,000 tonnes de riz ont été offertes alors qu'il en faudrait jusqu'à 580,000 tonnes. Le fait est particulièrement déconcertant lorsque l'on songe qu'il y a dans le monde dix pays qui exportent chacune plus de 100,000 tonnes de riz chaque année. La même remarque vaut pour les légumineuses ; 124,000 tonnes sont nécessaires, 9,500 tonnes ont été offertes. Pour le sucre, il y a actuellement un déficit de plus de 47,000 tonnes, qui pourraient être achetées en Inde si des fonds étaient disponible, cependant que l'on manque encore de 10,000 tonnes d'huile comestible et de la même quantité de lait en poudre. Je voudrais demander instamment aux pays qui produisent ces denrées, et plus spécialement du riz, de faire un effort particulier pour aide à combler l'écart entre les besoins et l'aide qui a déjà été promise u fournie.
Quant aux produits d'appoint, le déficit est encore de quelque 10,000 tonnes de lait en poudre et à peu près de la même quantité de sel. Pour répondre aux besoins de 1,5 million d'enfants environ, le FISE a acheté en Inde 5,000 tonnes de produits riches en protéines pour un montant voisin de 800,000 dollars. Cette quantité est aujourd'hui utilisée en attendant l'arrivée de 10,000 tonnes au moins d'aliments de même type pour les enfants, qui ont été offerts par le Gouvernement des Etats Unis d'Amérique et qui devraient parvenir en Inde dans le courant d'août et de septembre.
Santé
En mai, lors de la visite en Inde de la mission des trois représentants du HCR, un expert de l'OMS a été associé aux travaux du groupe. En raison de l'afflux sans précédent de réfugiés, il était difficile d'assurer la surveillance médicale la plus élémentaire. De plus, la malnutrition sévissait et les conditions sanitaires se détérioraient. La situation générale était de nature à favoriser la propagation rapide de maladies infectieuses.
On a constaté aussi une pénurie aiguë de médicaments, de services hospitaliers et autres équipements médicaux, et le vaccin et autres fournitures pour les programmes de prévention des maladies faisaient défaut. Les moyens disponible sur le plan sanitaire étaient tout-à-fait insuffisants.
Depuis le mois de mai, Il y a eu, bien entendu, une nette augmentation du nombre des réfugiés, et des mesures ont été prises par le Gouvernement indien et la Croix-Rouge indienne pour faire face à la situation sanitaire.
L'un des problèmes les plus dramatiques qui se posent dans la région en matière de santé est celui du choléra. Cette maladie, qui existe à l'état endémique ans cette région du monde, a pris de graves proportions en raison de la situation épidémiologique actuelle et des difficultés rencontrées pour assurer aux réfugiés des conditions sanitaires convenables.
Environ 11 millions de doses de vaccin anticholérique ont été expédiées en Inde de toutes sources, et l'OMS estime qu'il faudra poursuive ces envois pour le moment, pour le cas où une nouvelle poussée de la maladie se produirait. Cependant, la vaccination n'est ni le seul moyen d'empêcher le développement du choléra ni le meilleur et d'autres mesures sont prises par le Gouvernement indien. L'effort principal est orienté vers l'amélioration des services de santé de base et des services d'hygiène et d'approvisionnement en eau.
Au 22 juin, on évaluait approximativement à 30.000 le nombre des cas de choléra et à 4.000 celui des cas de décès connus dans les hôpitaux et les centres médicaux. Mais, en raison de la difficulté de déterminer la cause réelle des décès, ces chiffres sont probablement inférieurs à la réalité. Par suite des mauvaises conditions sanitaires et du départ des camps d'un certain nombre de réfugiés, il est très difficile de prédire ce qui arrivera dans l'avenir. Il faut donc maintenir une surveillance vigilante, tout en prenant des mesures d'urgence pour faire face à la situation actuelle.
L'OMS se tient en contact étroit avec le point central et expédie en Inde des fournitures pour le traitement et la prévention du choléra, ainsi que d'autres fournitures médicales pour faire face à la situation sanitaire générale.
Ceci a été fait en réponse à une demande adressée à l'OMS par le Gouvernement indien. A ce jour, 80% de toutes les fournitures demandées et convenues ont été livrées et sont actuellement utilisées dans les zones de réfugiés. Le reste, soit 20%, comprend essentiellement du liquide de réhydratation, qui est envoyé chaque semaine[1]
En même temps, l'OMS agissant en concert avec le point central et en consultation étroite avec le Gouvernement, s'occupe de déterminer ce qui sera encore nécessaire pour faire face aux besoins tant immédiate qu'à moyen terme, et une action est en cours pour y répondre. Cette action comprend la fourniture de stocks d'antibiotiques et de médicaments antipaludiques pour juguler une épidémie éventuelle de diphtérie et de fièvre typhoide et pour combattre le paludisme.
Le Directeur du Bureau régional de l'OMS pour l'Aise du Sud-Est s'est rendu dans les camps de réfugiés à la fin du mois de juin avec le Secrétaire du Ministère de la Santé, afin d'examiner la situation sanitaire et de déterminer les besoins dans l'avenir immédiat. Il a aussi offert les services de hauts fonctionnaires de l'OMS chargés de rester en contact étroit avec le Gouvernement pour toutes les questions relatives à ce problème.
Transports
Le système de transports indien ne pouvant faire face à lui seul à l'effort gigantesque qui lui est demandé, il a fallu trouver des moyens supplémentaires d'acheminer les fournitures de secours du port ou de l'aérodrome d'arrivée jusqu'aux zones de réfugiés. En premier lieu, on s'est efforcé de trouver des véhicules auprès des fabricants indiens ou dans les stocks existant dans le pays. Pour compléter le pare de véhicules disponibles, le Gouvernement indien a fait figurer des camions, des jeeps et des remorques dans la liste des matériels demandés à l'étranger. Pour transporter les malades, des ambulances sont aussi nécessaires. On peut juger de l'ampleur des besoins d'après les chiffres inscrits dans la demande du Gouvernement indien : 768 camions, 480 jeeps, 244 remorques et 120 ambulances.
Des jeeps tous usages, des camions, des remorques et de petites ambulances ont été fournis par le FISE, et d'autres jeeps sont actuellement empruntées à des projets du FISE en cours d'exécution en Inde. D'autres moyens de transport, amenés par la voie aérienne, ont été obtenus par l'intermédiaire de la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge et des organisations bénévoles.
Pour combler l'écart entre les moyens de transport disponibles et ceux qui seraient nécessaires, des commandes ont été faites ou sont faites en Inde, au Japon, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Mais les dates de livraison de ces véhicules vont de la fin août au début d'octobre, et l'on se préoccupe de toute urgence de trouver un moyen de repérer et de mettre en service, dans l'intervalle, des véhicules se trouvant déjà en Inde. on étudie aussi la possibilité d'amener par la voie aérienne certains véhicules dont le besoin est particulièrement pressant, par exemple de petites ambulances.
Rapatriement librement consenti
J'ai traité jusqu'à présent des secours d'urgence et je sais très bien que tous les membres du Conseil gardent présent à l'esprit une autre question très importante - celle que se posent aussi tous ceux qui se sont préoccupés de ce problème - à savoir : qu'adviendra-t-il ensuite ?
Je voudrais réitérer ici l'espoir sincère, exprimé par le Secrétaire général, dans son appel du 19 mai, que ces malheureux réfugiés seront rapatriés de façon librement consentie à une date aussi rapprochée que possible.
J'ai noté à ce propos que le Gouvernement indien avait souligné l'urgence d'un retour prochain, les réfugiés ne pouvant s'installer en Inde en permanence. J'ai noté aussi la position du Gouvernement pakistanais, qui est que les réfugiés devraient être rapatriés. Je tiens à donner au Conseil l'assurance que je suis prêt à faciliter, par tous les moyens possibles, le rapatriement librement consenti des réfugiés dans leur pays. Il est bien évident que ce doit être là l'objectif humanitaire qui doit constamment guider nos efforts. Je ne me rends que trop bien compte de la complexité de la situation. Ce qu'il faut avant tout, c'est créer un climat de confiance, dans lequel le réfugié lui-même voudra spontanément obtenir son rapatriement.
C'est en grande partie pour cette raison - les membres du Conseil le savent - que je me suis rendu au Pakistan et en Inde le mois dernier, sur l'invitation des deux gouvernements. Je tiens à les remercier de l'occasion qui m'a été offerte d'étudier la situation et de participer à des échanges de vues. Je me félicite que certains gouvernements, lorsqu'ils ont annoncé leurs contributions, aient déjà réservé des crédits pour promouvoir et faciliter le rapatriement librement consenti. L'accord du Gouvernement pakistanais relatif à l'affectation d'un haut fonctionnaire à Dacca, qui m'a été notifié récemment, est également encourageant. Je suis persuadé que la présence de ce fonctionnaire sera utile dès maintenant et qu'elle le sera plus encore par la suite lorsque - comme nous l'espérons tous sincèrement - le processus de rapatriement librement consenti s'intensifiera. En attendant, comme l'a dit le Secrétaire général, et c'est là un aspect essentiel, une assistance extérieure massive devra être fournie pour les opérations de secours d'urgence en Inde.
Coordination avec l'action de secours de l'ONU au Pakistan oriental
Le Conseil sait que le Secrétaire général a lancé un appel le 16 juin en vue d'un action de secours humanitaire des Nations Unies au Pakistan oriental. Dans son appel, le Secrétaire général a fait observer que, s'il s'agissait d'une opération indépendante, distincte du programme d'assistance aux réfugiés du Pakistan oriental en Inde, les deux opérations étaient néanmoins liées ; en effet, dans la mesure où la situation s'améliorerait au Pakistan oriental, les possibilités d'arrêter et de renverser le courant des réfugiés s'amélioreraient aussi. Ceci étant, des liens de coordination étroits sont maintenus entre le personnel chargé des deux opérations.
Conclusion
Monsieur le Président, je viens d'exposer une situation véritablement tragique qui affecte un multitude d'êtres humains. Il n'est donc pas surprenant que je souhaite aborder ce problème sous un angle humanitaire. Il faut tout mettre en oeuvre pour soulager la détresse des réfugiés. Nous sommes sensibles à la générosité qui s'est déjà manifestée. Les besoins actuels sont vastes et exigent encore une assistance massive de la part de la communauté mondiale. Pourtant, le Conseil se rend bien compte que les secours ne peuvent offrir une solution permanente. Dans ces conditions, je ne puis que souligner à nouveau l'importance cruciale qui s'attache au rapatriement librement consenti, lequel constitue la meilleure solution du problème. Nous n'ignorons pas la complexité et les dangers d'une telle situation. C'est là le problème qu'il faut nous attacher à résoudre.
[1] Le poids total de toutes les fournitures expédiées ou en attente est évalué à 400 tonnes.