République centrafricaine : après 20 ans d'exil, rapatriement des réfugiés tchadiens vers leur patrie

Le retour du premier groupe parmi plus de 1 500 réfugiés tchadiens, qui ont passé plus de 20 ans en exil en République centrafricaine, est prévu aujourd'hui vers leur patrie dans le cadre d'une opération de rapatriement de l'UNHCR qui devrait s'achever au début du mois d'octobre.

Un convoi de l'UNHCR transportant 321 rapatriés tchadiens devrait arriver cet après-midi dans la ville du sud du Tchad, Goré, après un voyage de deux jours depuis le nord de la République centrafricaine actuellement en proie à des conflits. Ils font partie d'un groupe de 1 542 Tchadiens, réfugiés en République centrafricaine depuis le début des années 80 après avoir fui la guerre civile au Tchad. Devant l'insécurité permanente dans le nord de la République centrafricaine, ils ont finalement décidé de rentrer chez eux. Des milliers de ressortissants centrafricains ont également fui la région ces derniers mois pour trouver refuge au Tchad voisin.

L'opération de rapatriement se fait en coopération avec les gouvernements centrafricain et tchadien. Le premier convoi, qui a quitté le camp de Boubou, à 260 km au nord de Bangui hier, devrait traverser la frontière du Tchad à la mi-journée aujourd'hui. Les rapatriés, qui sont accompagnés pendant tout le voyage par des employés de l'UNHCR, ont passé la nuit dans un centre de transit installé dans une école de la ville centrafricaine de Bossangoa. MSF Espagne, qui a fait un contrôle médical du groupe de rapatriés, a prévu une infirmière pour voyager avec le convoi. La CNR (Commission nationale pour les réfugiés - l'agence gouvernementale centrafricaine pour les réfugiés) a également prévu une infirmière. De la nourriture a été distribuée aux réfugiés pour le voyage.

Le convoi de huit camions voyage par la route principale qui traverse la République centrafricaine depuis le nord et est escorté par des soldats centrafricains jusqu'à la frontière. Les rapatriés entreront au Tchad par le village de Bekoniga, où ils rencontreront les équipes de l'UNHCR au Tchad ainsi que des officiels gouvernementaux et des représentants de la CNAR (Commission nationale d'accueil et de réinsertion des réfugiés). Des gendarmes tchadiens accompagneront le convoi pour la dernière partie du voyage jusqu'au centre de transit du camp de réfugiés d'Amboko près de la ville tchadienne de Goré. L'arrivée dans le camp est prévue vers 15h30 heure locale. Là, ils recevront de la nourriture ainsi que de l'aide et passeront la nuit.

Les premiers rapatriés sont tous issus des régions de Goré, Moundou et Koumra - les trois principales villes du sud du Tchad. Mercredi et jeudi, l'UNHCR accompagnera les rapatriés jusque dans leurs villages d'origine dans ces trois communes

Trois ou quatre autres convois devraient suivre dans les prochaines semaines et le rapatriement devrait être totalement achevé au début du mois d'octobre. Quelques-uns des réfugiés sont originaires de N'Djamena et seront ramenés dans la capitale.

Au cours des dernières semaines, l'UNHCR a triplé son personnel à Goré de façon à organiser cette opération de rapatriement et ainsi répondre aux nouveaux afflux de réfugiés centrafricains qui ont traversé la frontière dans le sud du Tchad depuis le mois de juin.

De 1999 à 2001, l'UNHCR a aidé au rapatriement de milliers de tchadiens réfugiés. Ceux qui rentrent aujourd'hui avaient décidé de ne pas prendre part à ce premier rapatriement et étaient restés en République centrafricaine, où ils ont survécu par eux-mêmes. Cependant, avec l'insécurité grandissante dans le nord de la République centrafricaine depuis la fin de 2004, ce dernier groupe a pris contact avec l'UNHCR afin d'organiser leur retour au Tchad. Beaucoup de réfugiés ont raconté des attaques par des bandits qui ont volé leur bétail et les ont empêchés de travailler leurs terres.

Au total, il y a quelque 14 000 réfugiés dans des camps et dans les villes en République centrafricaine. Ils viennent principalement de RDC, du Soudan, d'Ouganda, du Congo Brazzaville, du Rwanda, du Burundi et de Sierra Leone. L'UNHCR procède actuellement à un nouvel enregistrement de certains de ces groupes pour préparer d'éventuels rapatriements dans les prochains mois.

A part les rapatriés, on estime entre 40 000 et 45 000 le nombre de réfugiés centrafricains dans le sud du Tchad (dont 10 000 qui ont fui la violence dans le nord de la République centrafricaine depuis juin). Il y a également 200 000 autres réfugiés originaires du Darfour dans l'est du Tchad.