Un « tsunami » tous les six mois en République démocratique du Congo : António Guterres réclame de l'aide pour l'une des urgences les plus négligées du monde
Un « tsunami » tous les six mois en République démocratique du Congo : António Guterres réclame de l'aide pour l'une des urgences les plus négligées du monde
BERLIN, 18 mai (UNHCR) - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres a lancé un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle soutienne davantage les efforts réalisés pour résoudre la crise humanitaire en République démocratique du Congo, qui souffre beaucoup du manque de soutien financier.
A l'occasion de sa première visite officielle en Allemagne depuis sa nomination au poste de Haut Commissaire en juin dernier, António Guterres a indiqué que le coût humain du conflit sévissant dans certaines parties de la République démocratique du Congo (RDC) - un pays d'une superficie égale à celle de l'Europe occidentale - continuait à être plus élevé que dans d'autres contextes d'urgence humanitaire.
« Ce conflit est plus meurtier que le tsunami. Au Congo, il se produit un tsunami tous les six mois » a ajouté mardi António Guterres, à l'occasion d'une conférence de presse avec Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul, Ministre allemand de la Coopération économique et du Financement du développement.
En RDC, 1 200 personnes meurent chaque jour en raison du conflit. Plus de 20 pour cent des enfants décédent avant leur cinquième anniversaire, dont la moitié au cours de leur douze premiers mois d'existence. Les programmes de l'UNHCR et de ses partenaires onusiens manquent cruellement de fonds. L'appel de fonds lancé en 2005 par l'agence pour les réfugiés pour son programme de rapatriement et de réintegration des réfugiés congolais n'a permis de collecter que 14 pour cent du financement requis, soit 10,6 millions de dollars au lieu des 75 millions nécessaires. Au cours de la même période, les bailleurs de fonds n'ont accordé que 3,2 millions de dollars sur les 14,7 demandés par l'UNHCR pour son programme en faveur des déplacés internes congolais.
António Guterres a aussi souligné la nécessité de soutenir le nouvel accord de paix au Darfour.
« Le Darfour est l'épicentre d'un séisme qui menace toute la région », a-t-il dit. « Si nous ne résolvons pas les problèmes au Darfour, la région toute entière sera destabilisée. »
Il a appelé la communauté internationale à « s'assurer » que le nouvel accord sur le Darfour soit mis en oeuvre.
Récemment, l'UNHCR a dû réduire ses programmes en faveur des déplacés internes au Darfour à cause de l'insécurité grandissante. Au Tchad voisin, l'agence gère une opération d'aide humanitaire et de protection de grande envergure qui concerne plus de 200 000 Soudanais du Darfour qui vivent dans des camps de réfugiés.
Pendant la conférence de presse, Madame la Ministre Wieczorek-Zeul a déploré que les activités sur le long terme reçoivent peu d'attention de la part du public.
« Nous sommes maintenant entrés dans une phase stratégique du partenariat avec l'UNHCR », a indiqué la Ministre, précisant que l'objectif commun du Gouvernement allemand et de l'UNHCR consiste à assurer que les efforts d'aide humanitaire et de reconstruction s'inscrivent dans la perspective d'une assistance au développement sur le long terme.
Elle a cité le Libéria comme un exemple de réussite pour laquelle l'Allemagne a largement soutenu un programme de retour volontaire à grande échelle. Dans le cadre de cette opération, l'UNHCR a aidé plus de 314 000 personnes déracinées à rentrer chez elles, et tous les camps de déplacés internes ont été fermés.
Dans une autre conférence de presse avec le Ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier mercredi, celui-ci a insisté sur l'importance du partenariat entre l'UNHCR et le Gouvernement allemand.
« Pour l'Allemagne, l'UNHCR est l'un des plus importants partenaires dans l'aide humanitaire », a-t-il dit. « Environ 20 pour cent de l'aide humanitaire fournie par l'Allemagne est distribuée par l'intermédiaire de l'UNHCR. »
Cependant, António Guterres a indiqué que l'Allemagne et les autres pays de l'Union européenne sont importants non seulement en tant que donateurs principaux qui financent l'UNHCR par des contributions volontaires. Il a ajouté que ces pays jouent aussi un rôle fondamental du fait de leurs systèmes d'asile nationaux bien établis en faveur des réfugiés. Il a attiré l'attention sur le fort déclin du nombre de réfugiés et de demandeurs d'asile en Allemagne ainsi que dans les autres pays industrialisés.
« Nous espérons beaucoup de la présidence allemande de l'Union européenne [qui commencera en janvier 2007] », a indiqué le Haut Commissaire, de retour à Genève jeudi. « L'Europe doit rester une terre ouverte à l'asile. »
Par Andreas Kirchhof à Berlin