Husnia, réfugiée afghane au service des demandeurs d'asile en France
Husnia, réfugiée afghane au service des demandeurs d'asile en France
NANTERRE, France - Une brise de liberté souffle dans les cheveux et la vie d’Husnia.
Ses longues boucles châtain s’enroulent dans le vent lorsque la jeune réfugiée afghane sort du travail à Nanterre, une commune située à une dizaine de kilomètres de Paris. C’était une journée plus longue que les autres car elle a dû rattraper le retard accumulé pendant ses vacances.
La femme de 31 ans a campé avec ses amis et dormi à la belle étoile dans les Pyrénées. Elle chérit cette paix retrouvée en pleine nature et sa nouvelle « vie normale. »
« La France, pour moi, est un pays qui offre une grande liberté. Ici, tu es libre et tu te sens toi-même. »
Husnia s’est réfugiée en France en 2014. Elle a désormais une carte de résidence de 10 ans.
Originaire de la capitale afghane, Kaboul, elle était activiste des droits de l’homme. Elle enseignait également le droit international et constitutionnel à l’université de Kaboul tout en publiant des articles et des poèmes sur la liberté, les femmes et l’amour.
Soucieuse du bien-être de son pays, elle travaille près d’un an pour une organisation qui aide les femmes afghanes à développer leur entreprise. « Il y a de nombreuses femmes entrepreneurs en Afghanistan mais il n’y a aucun financement disponible ou forme de soutien, » explique-t-elle.
« Je dis aux personnes que j’aide qu’être réfugié ou demandeur d’asile n’est pas un crime. C’est un choix. »
Husnia ne souhaite pas évoquer les raisons qui l’ont poussé à demander l’asile en France. Elle s’installe d’abord à Paris avec un visa Shenzhen obtenu grâce à ses relations auprès d’ambassades en Afghanistan. Elle entame ensuite une procédure de demande d’asile.
Depuis un an, elle est travailleuse sociale au sein de l’association française Aurore. « Je suis très contente de mon travail, » dit-elle avec beaucoup d’enthousiasme.
Une manière de tendre la main aux plus démunis comme on la lui a tendue, Husnia aide les demandeurs d’asile dans leurs démarches administratives pour s’installer en France et avoir accès à des soins de santé. Elle les accompagne à la préfecture et à l’Office Français de l'Immigration et de l'Intégration.
« Il faut que l’on s’aide les uns les autres, » insiste-t-elle. Elle était, auparavant, bénévole au service des réfugiés avec l’association Action Emploi Réfugiés. C’est par ce biais qu’elle rencontre son futur employeur.
« Les réfugiés sont des êtres humains avec des talents exceptionnels qui ont besoin d’être soutenus. Ce ne sont pas des personnes défavorisées et sans éducation. Leur culture et leurs connaissances les enrichissent, » explique-t-elle.
Redonner l’espoir à ceux qui n’en ont plus motive cette jeune femme au quotidien. « J’aime redonner le courage : je dis aux personnes que j’aide qu’être réfugié ou demandeur d’asile n’est pas un crime. C’est un choix. »
Husnia indique que la procédure administrative pour demander l’asile en France est « très longue » et le système « très bureaucratique. » « C’est la raison pour laquelle les demandeurs d’asile ne savent que faire pendant tout ce temps. On déprime facilement quand on ne parle pas français mais je leur dis de voir le bout du tunnel. »
« Aujourd’hui, je me sens comme une Française d’origine afghane. »
Husnia en est l’illustration parfaite. « Je suis née en Afghanistan : je ne l’ai pas choisi mais j’ai choisi un autre pays, la France. Aujourd’hui, je me sens comme une Française d’origine afghane, » dit-elle.
Si elle souhaite retourner en Afghanistan quand la situation sera plus stable, elle affirme : « J’ai dit non à certaines traditions qui ne respectent pas les droits de l’homme. » Elle maintient le contact avec sa famille et ses proches en Afghanistan.
La trentenaire se décrit comme une éternelle optimiste et une amoureuse de la France. « Je me souris tous les matins en me regardant dans le miroir pour me motiver. Chaque jour est une nouvelle opportunité, » raconte-t-elle.
La jeune femme rêve déjà de projets d’avenir. Elle veut davantage s’impliquer avec les réfugiés et les demandeurs d’asile en France car « la vie en exil est difficile : elle commence dans la misère et la vie est chère. »
Husnia songe aussi du jour où elle écrira avec aisance en français. A ses heures perdues, elle écrit des poèmes en Dari : « On ne peut écrire des poèmes que dans sa langue maternelle. La poésie vient de l’âme et certaines notions et émotions sont développées depuis l’enfance, » pense-t-elle.
Elle rêve d’écrire une autobiographie. « Ce serait l’histoire d’Husnia, une femme qui n’est ni d’Est ni d’Ouest mais d’Est et d’Ouest en même temps, et qui transmet son histoire d’exil. »