Des étudiants centrafricains continuent leurs études en exil au Tchad
Des étudiants centrafricains continuent leurs études en exil au Tchad
N'DJAMENA, Tchad, 12 mai (HCR) - Lors de l'éruption du conflit en République centrafricaine en décembre dernier, Moussa, âgé de 30 ans, étudiait le droit à l'Université de Bangui.
« Je voulais défendre les gens », se rappelle-t-il six mois après, depuis le Tchad voisin, ajoutant qu'avec la dégradation du conflit, « J'ai réalisé combien j'étais inutile. » Comme des milliers d'autres, y compris des étudiants en études supérieures, il a fui le pays pour échapper aux violences intercommunautaires et religieuses.
Moussa a rejoint le Tchad, qui accueille près de 100 000 personnes - pour la plupart des Tchadiens - ayant fui la République centrafricaine, y compris près de 2 000 réfugiés centrafricains dans huit centres de transit établis dans la capitale, N'Djamena.
Toutefois, malgré ce bouleversement dans sa vie, Moussa était déterminé à continuer ses études. « Je veux vraiment continuer mes études et mon projet est toujours de défendre les gens, par les mots bien sûr », sourit Moussa, dont la détermination et l'obstination ont été récompensées.
Il a reçu l'un des 67 bourses d'études offertes aux étudiants centrafricains par l'Ecole Polytechnique d'ingénierie, de commerce et d'administration
(EPICA) à N'Djamena, une institution publique. Le HCR a aidé à organiser l'attribution de ces bourses d'études via des consultations avec EPICA. Les cours ont commencé récemment.
Le HCR apportera une aide au logement et au transport dans les résidences étudiantes d'EPICA et fournira des articles de première nécessité comme des couvertures, des moustiquaires et des articles d'hygiène.
Moussa explique : « bien que je sois très heureux d'avoir reçu cette bourse d'études [de trois ans] », il aura besoin d'argent de poche pour ses dépenses au quotidien. Il pense avoir trouvé une solution. « J'arrivais à survivre à Bangui grâce à la couture », explique-t-il, ajoutant qu'un employé du centre de transit de Chagoua lui avait prêté une machine à coudre. Son caractère fort et son énergie ont fait le reste pour attirer les clients.
« Je forme d'autres étudiants dans le centre en aidant à la coupe, à la couture et aux finitions », indique Moussa, en montrant une étudiante qui repasse un tissu africain coloré. « Beaucoup de mes étudiants sont aussi des élèves boursiers. Mon projet est de monter une boutique de vêtements », ajoute-t-il. « J'aime ce travail car j'aide mes compatriotes à s'habiller et je forme des gens à avoir un emploi rémunéré. »
D'autres étudiants réfugiés boursiers étudient dans des domaines comme l'information, l'administration, la sociologie, l'hôtellerie, l'électronique et le commerce.
Le HCR organise régulièrement des réunions pour aider à orienter les étudiants nouvellement arrivés en tant que réfugiés et pour assurer qu'ils sont bien informés sur les conditions liées aux bourses, y compris le respect des règles de l'université, la présence aux cours, la nécessité de fournir un travail individuel et d'obtenir de bonnes notes. Cela aide également d'autres étudiants à devenir autosuffisants et à chercher des opportunités d'emploi.
« Il est important pour nous de saisir cette chance non seulement pour promouvoir l'éducation des réfugiés, mais aussi pour explorer en profondeur les capacités, les compétences et les intérêts de ces personnes. De cette façon, nous pourrons aider les réfugiés à retrouver leur stabilité, leur indépendance et, le plus important, leur dignité », déclare Aminata Gueye, Représentante du HCR au Tchad.
On compte actuellement plus de 100 000 réfugiés centrafricains au Tchad, y compris environ 13 000 personnes arrivées cette année. La plupart des réfugiés ont rejoint le pays via différents points de passage frontière dans le sud du pays.
Par Massoumeh Farman-Farmaian à N'Djamena, Tchad