Premier contact avec les 2 000 réfugiés centrafricains isolés au sud du Tchad
Premier contact avec les 2 000 réfugiés centrafricains isolés au sud du Tchad
GORE, Tchad, 13 septembre (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a rapporté ce mardi que des membres d'un groupe de réfugiés récemment arrivé de République centrafricaine et isolé depuis plus de trois semaines par des pluies torrentielles au sud du Tchad, ont finalement rencontré les responsables humanitaires soucieux de leur sort, après avoir fait un voyage périlleux en canoë à travers des rivières en crue.
Le groupe de 2 000 réfugiés a afflué en masse dans 12 localités aux alentours du village isolé de Bekan, près de la frontière au sud du Tchad. Le village de Bekan et la région voisine ont été rendus complètement inaccessibles par la route en raison des pluies incessantes qui ont inondé la région entière.
Le week-end dernier, 5 représentants des réfugiés et quelques responsables locaux de Bekan ont voyagé environ 10 km par canoë et à pied pour rencontrer le personnel de l'UNHCR présent dans le village de Bedoumia. Les responsables de la CNAR (Commission nationale tchadienne des réfugiés) et de la Croix-Rouge tchadienne étaient également présentes pour les accueillir.
« Nous sommes arrivés à Bekan il y a un mois environ », a raconté un des réfugiés à l'équipe de l'UNHCR. « Les gens sont moins accueillants et mon sentiment est que nous devenons un fardeau. Nous voulons quitter les villages par quelque moyen que ce soit s'il y a de la place pour nous dans le camp. »
Le porte-parole de l'UNHCR, Ron Redmond, a indiqué lors d'une conférence de presse à Genève, qu'il s'agissait du premier contact direct avec ce groupe de réfugiés depuis qu'ils ont traversé la frontière du sud du Tchad en août, depuis la République centrafricaine.
« Les réfugiés ont indiqué avoir fui leur village du nord de la République centrafricaine, principalement du canton de Bekan, dans la région Papoua, en raison de la dégradation des conditions de sécurité », a dit Ron Redmond aux journalistes. « Ils ont parlé d'attaques par des groupes non identifiés, fortement armés, et par des éleveurs de troupeaux qui faisaient paître leurs animaux dans leurs champs. »
Le transfert de 2 000 réfugiés dans de telles conditions sera extrêmement difficile, a ajouté Ron Redmond, soulignant que l'UNHCR pourrait également devoir utiliser des canoës car Bekan est maintenant devenue une île. En ce moment, un seul canoë de 10 places est disponible à Bekan et l'UNHCR recherche d'autres possibilités pour louer des bateaux dans la région centrale de Goré, à 15 km de Bedoumia. Le transfert des réfugiés est d'autant plus urgent que les ressources des habitants de Bekan sont limitées. Les problèmes d'hygiène sont aussi préoccupants, a dit Ron Redmond.
« Nous faisons de notre mieux pour assurer une collaboration étroite avec les autorités administratives et nos partenaires, y compris pour essayer de louer des canoës afin de transporter les réfugiés sur la rivière. La situation nécessite une réponse rapide et l'opération de transfert devrait commencer bientôt », a dit Georges Menze, responsable du bureau de l'UNHCR à Goré, à quelque 25 km de Bekan, après une rencontre avec les représentants des réfugiés.
Une fois qu'ils auront rejoint Bedoumia, un village hors des eaux, les réfugiés seront temporairement accueillis dans le camp d'Amboko jusqu'à ce qu'un nouveau site soit identifié. Le gouvernement tchadien a donné son accord pour la construction d'un nouveau camp dans le sud et l'UNHCR a proposé le site de Bedamara, à 10 km du site d'Amboko. Le camp d'Amboko accueille déjà 23 000 réfugiés centrafricains et approche de sa capacité maximum d'accueil qui est de 27 000 réfugiés. Un employé de l'UNHCR en charge de la planification de sites se rendra à Goré cette semaine pour commencer les travaux à Bedamara.
Il y a actuellement 40 000 à 45 000 réfugiés centrafricains au sud du Tchad, dont 12 000 à 15 000 ont fui les attaques de groupes armés depuis début juin.
Par Djerassem Mbaïorem, UNHCR Tchad