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Le HCR met en garde les réfugiés congolais contre les rumeurs incitant au retour prématuré

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Le HCR met en garde les réfugiés congolais contre les rumeurs incitant au retour prématuré

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et les autorités congolaises ont lancé une campagne d'information pour répondre aux préoccupations des réfugiés congolais qui devraient rentrer d'urgence pour s'inscrire sur les listes électorales afin de conserver leur nationalité.
17 Août 2005
De fausses rumeurs, probablement à l'origine de récents retours, circulent dans les camps en Tanzanie, selon lesquelles les réfugiés congolais devraient rentrer chez eux pour s'inscrire sur les listes électorales afin de conserver leur nationalité.

KINSHASA, 17 août 2005 (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a mis en garde les réfugiés congolais présents dans les pays voisins contre les rumeurs selon lesquelles ils seraient reconduits prématurément dans une région de leur pays ne pouvant pas encore absorber des retours en masse.

Ces derniers mois, l'UNHCR a noté une augmentation constante de réfugiés congolais rentrant par leurs propres moyens dans des zones ravagées par la guerre à l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Le nombre de rapatriés a atteint un niveau record dans les premières semaines du mois d'août, avec plus de 1 000 réfugiés rentrés dans la province du Sud-Kivu. En tout, plus de 11 500 personnes sont rentrées « spontanément », c'est-à-dire par leurs propres moyens, au Sud-Kivu depuis octobre dernier, principalement de Tanzanie et du Burundi.

« Selon l'information diffusée dans les camps, les réfugiés perdraient leur nationalité congolaise s'ils ne s'inscrivent pas sur les listes électorales », indique Augustin, un réfugié congolais du camp de Nyarugusu en Tanzanie, qui a fui le Sud-Kivu en 1996. « Heureusement, nous écoutons Radio Okapi régulièrement. Au cours de l'émission d'hier soir sur les élections, nous avons compris que l'information est erronée. »

Les élections générales en RDC sont prévues pour 2006 et les inscriptions sur les listes électorales, dans les régions de retour spontané notamment le Sud-Kivu, devraient être closes en septembre.

Lors d'une interview récente accordée à Radio Okapi, Franck Kamunga, un conseiller juridique au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) de RDC a rassuré les réfugiés : « Le fait que vous ne rentriez pas vous inscrire sur les listes électorales ne vous prive pas de la nationalité congolaise. »

Le Vice-Ministre de l'intérieur congolais, Patrick Mayombe, a ajouté : « Au contraire, voter constitue un droit civil et non une obligation. »

Alors que la CEI a confirmé que les cartes électorales font office de carte provisoire d'identité congolaise, elle a également assuré aux réfugiés qu'ils recevront d'autres documents attestant de leur nationalité, quel que soit le moment de leur retour.

Néanmoins, le délégué de l'UNHCR à Kinshasa, Eusebe Hounsokou, a indiqué à Radio Okapi : « Nous nous inquiétons que ces rumeurs soient à l'origine de mouvements de retour non contrôlés. »

Il a souligné : « Du point de vue logistique et en termes de capacité d'absorption il n'est pas possible d'assister les 152 000 réfugiés congolais en Tanzanie pour un rapatriement volontaire avant la clôture des inscriptions sur les listes électorales au Sud-Kivu fin septembre. De plus, malgré les efforts considérables du gouvernement, des questions restent en suspens concernant la sécurité et la situation des droits de l'homme dans les régions de retour. Nous voulons éviter toute perte humaine. »

La complexité de la situation dans les régions du Kivu a été discutée, la semaine dernière à Lubumbashi, lors d'une réunion de trois jours du Comité technique de la Commission tripartite représenté par l'UNHCR et les gouvernements de la Tanzanie et de RDC.

L'agence pour les réfugiés a noté que, malgré le grand nombre de réfugiés congolais rentrés par leurs propres moyens depuis la fin de l'année dernière, elle reste préoccupée par les problèmes persistants de harcèlement de la part de militaires et par l'occupation illégale des maisons des rapatriés. De son côté, la délégation congolaise a déclaré Fizi et Uvira, deux zones de retours spontanés, comme étant deux régions sûres. Ils se sont également engagés à fournir tous les efforts nécessaires pour y améliorer la sécurité et la situation des droits de l'homme.

Pour l'instant, l'UNHCR ne favorise pas le rapatriement à l'est de la RDC. Mais, l'agence gère les retours spontanés, envoyant des spécialistes de la protection et des responsables sur le terrain depuis ses bureaux d'Uvira et Baraka pour rendre visite aux rapatriés et résoudre avec eux les problèmes avec les autorités locales. La Commission nationale congolaise pour les réfugiés a également déployé son personnel dans les zones de retour et gère les cinq principaux points d'entrée des rapatriés depuis la Tanzanie.

Deux centres de transit à Uvira et Baraka abritent actuellement les rapatriés à leur arrivée. Quelque 5 000 personnes, après leur retour spontané, se sont déjà rendues dans ces centres où elles ont reçu un repas chaud et quelques articles de secours. Au Sud-Kivu, l'UNHCR a également assuré le transport des rapatriés depuis ces centres vers leur région d'origine.

Augustin, le réfugié du camp de Nyarugusu en Tanzanie, minimise l'effet des rumeurs sur les élections et le retour des réfugiés. « Les réfugiés sont simplement las des nombreuses années passées à vivre dans un camp », dit-il. « Quelques personnes rentrent spontanément en raison de la réduction des rations alimentaires. D'autres testent le terrain au Sud-Kivu pour voir si leur famille peut rentrer. »

Prenant en compte le souhait de nombreux réfugiés à rentrer chez eux, la réunion tripartite de la semaine dernière à Lubumbashi a émis des recommandations pour un éventuel rapatriement organisé vers l'est de la RDC. Selon les procédures suggérées, les rapatriés devront présenter les formulaires de rapatriement volontaire de l'UNHCR aux autorités congolaises dans les régions de retour. Se référant à ces formulaires, les autorités congolaises fourniront ensuite des documents d'identité provisoires aux rapatriés.

Ces recommandations doivent encore être adoptées par la Commission tripartite, qui doit se réunir en septembre. Une fois adoptées, elles serviront à pour une augmentation progressive de l'aide au retour des réfugiés congolais en Tanzanie qui souhaitent rentrer chez eux. Les bateaux de fortune utilisés par les rapatriés pour traverser le lac Tanganyika constituent l'un des problèmes justifiant une plus grande intervention de l'UNHCR. La réhabilitation des infrastructures communautaires dans les régions de retours devra aussi être mise en place pour empêcher une crise humanitaire dans ces régions déchirées par la guerre.

La province d'Equateur au nord-ouest de la RDC est la seule partie du pays vers laquelle l'UNHCR facilite les retours. L'agence a aidé plus de 4 300 réfugiés congolais rapatriés depuis la République centrafricaine et la République du Congo, portant à environ 17 000 le nombre total des retours depuis octobre 2004.

De fausses rumeurs, probablement à l'origine de récents retours, circulent dans les camps en Tanzanie, selon lesquelles les réfugiés congolais devraient rentrer chez eux pour s'inscrire sur les listes électorales afin de conserver leur nationalité.

Un total de 377 510 réfugiés congolais se trouvent dans neuf pays d'asile limitrophes de la RDC : Angola (12 958), Burundi (30 000), République centrafricaine (4 600), République du Congo (56 452), Rwanda (39 500), Soudan (1 500), Tanzanie (152 000), Ouganda (14 000) et Zambie (66 000).

Par Jens Hesemann à Kinshasa