Les réfugiés luttent contre le mal du pays grâce à Internet
Les réfugiés luttent contre le mal du pays grâce à Internet
SAO PAULO, Brésil, 8 février (HCR) - Les réfugiés et les demandeurs d'asile africains vivant en milieu urbain au Brésil sont bien loin de leur terre natale et d'aucuns souffrent d'une grande solitude. Toutefois certains d'entre eux, avec l'encouragement du HCR, utilisent Internet pour contacter leurs familles et accélérer leur intégration.
Euphrem D'Fagbenou se sentait seul au monde lors de son arrivée au Brésil il y a un an, après avoir quitté le Bénin en Afrique de l'Ouest, son pays natal. Toutefois sa vie a changé dès qu'il a commencé à fréquenter, à Sao Paulo, un Internet café géré par Refugees United, une organisation basée au Danemark qui aide à la réunification des réfugiés via un site Internet.
« Je discute par Internet avec mes proches en Afrique au moins une fois par semaine. Je viens également ici pour rencontrer les amis que j'ai connus au Brésil, pour chercher du travail et pour m'informer sur Sao Paulo », a indiqué ce jeune homme âgé de 23 ans, ayant fui le Bénin après avoir subi la persécution pour son appartenance à un syndicat.
Yonas Samuel a fui l'Erythrée en 1998 pour échapper à la persécution qu'il subissait en raison de son activisme politique et il a également trouvé que l'adaptation a été très difficile lors de son arrivée au Brésil depuis l'Afrique du Sud en 2009. De plus, cet homme de 53 ans était inquiet au sujet de sa femme et de sa fille, qui se trouvaient au Zimbabwe et qu'il n'avait pas revues depuis deux ans, avant de partir pour l'Afrique du Sud.
Samuel a également découvert l'organisation Refugees United dont le bureau est situé en centre ville à Sao Paulo et qui fournit une connexion gratuite à Internet pour les réfugiés et les demandeurs d'asile les lundi et samedi. Dès qu'il a eu accès à un ordinateur, il a consulté le site Internet de Refugees United et il s'est enregistré.
Dans son profil, Samuel a noté que son surnom était « Espresso ». Sa femme s'était, elle aussi, enregistrée sur ce site depuis sa nouvelle maison au Royaume-Uni. Elle a lu ce profil et elle a réalisé que cet homme était son mari. Espresso était sa boisson préférée et la famille plaisantait toujours avec Samuel à ce sujet.
Très vite, ils ont commencé à discuter via Internet. « C'était vraiment émouvant », s'est rappelé Naomi Maruyama, une volontaire de Refugees United qui se trouvait au côté de Samuel au moment où il a repris contact avec sa femme via Internet. « Il nous a dit que nous lui avions rendu sa joie de vivre ». Le couple espère un regroupement familial au Royaume-Uni, où l'épouse de Samuel a obtenu le statut de réfugié.
Ces deux exemples montrent combien l'accès à l'informatique peut aider les réfugiés et les demandeurs d'asile vivant dans des villes à travers le monde. De plus en plus de centres Internet offrent aux réfugiés l'accès à Internet. Par exemple, Samuel utilise également des ordinateurs dans un Internet café situé en centre ville et qui est géré par SESC Carmo, une organisation assurant des services sociaux, financée par le secteur privé et qui travaille avec le HCR au Brésil.
L'Internet café de SESC à Carmo dispose de 16 ordinateurs, qui sont entretenus par des volontaires et disponibles pour les réfugiés ainsi que le grand public. « Environ 120 réfugiés utilisent ces ordinateurs chaque semaine. Chaque personne peut se connecter jusqu'à 30 minutes par jour, et nous avons constamment des files d'attente », a expliqué Denise Collus, travailleur social chez SESC Carmo.
Elle a indiqué qu'un nombre accru de réfugiés et de demandeurs d'asile utilisaient le service et «qu'Internet aide à briser la solitude dont souffrent un grand nombre d'entre eux ». Pour certains, c'est la seule façon de rester en contact avec des proches résidant à l'étranger, alors que d'autres n'en ressentent aucun besoin pour leur intégration. « La recherche d'emploi par Internet est très répandue », a indiqué Denise Collus, ajoutant qu'un grand nombre de réfugiés utilisent leur adresse e-mail pour toute leur correspondance.
Denise Collus a indiqué que la plupart de ceux qui utilisent l'Internet étaient âgés entre 20 et 35 ans, et que « les réfugiés arrivant au Brésil ont habituellement un bagage universitaire ». Un grand nombre d'entre eux lisent les journaux de leurs pays respectifs et écoutent la musique de leur région d'origine via Internet.
Ils peuvent par ailleurs compter sur le soutien de volontaires dans les Internet cafés, comme la journaliste Karin Fusaro, dont les ancêtres de religion juive ont survécu à l'occupation nazie en Pologne et émigré au Brésil au milieu des années 50. « J'ai toujours eu le désir de travailler avec des réfugiés du fait de ce passé », a-t-elle expliqué.
Parallèlement, Euphrem D'Fagbenou est heureux pour la première fois depuis des années. « J'ai de nombreux amis ici, y compris d'autres réfugiés et des Brésiliens qui travaillent en tant que volontaires [pour Refugees United] », a-t-il expliqué. « Ici, je me sens chez moi. »
Par Carolina Montenegro à Sao Paulo, Brésil