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Des déplacés congolais reviennent dans les camps proches de Goma

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Des déplacés congolais reviennent dans les camps proches de Goma

Quelque 20 000 Congolais rentrent dans les camps de déplacés internes de la province du Nord-Kivu, qu'ils avaient fuis en début de semaine.
15 Novembre 2007
Des déplacés internes congolais dans le Nord-Kivu. Des milliers de personnes sont revenues dans les camps près de la zone de Mugunga.

GOMA, République démocratique du Congo, 15 novembre (UNHCR) - Dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, des milliers de Congolais sont en train de revenir dans les camps de déplacés internes qu'ils avaient fuis en début de semaine.

Jeudi matin, quelque 20 000 personnes avaient regagné les camps de Mugunga 1 et Mugunga 2, à 15 kilomètres à l'ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Ces chiffres représentent 80 pour cent de ceux qui avaient quitté ces deux sites mardi, suite à des échauffourées éclatées à l'aube entre les forces du gouvernement et des troupes rebelles dans les collines avoisinantes.

Les violences se sont ensuite calmées dans la journée de mardi et les déplacés ont pu rejoindre leur foyer dans les camps. Au moins 28 000 déplacés sur les 38 000 hébergés dans les installations de Mugunga 1, Mugunga 2 et Lac Vert avaient fui.

« Ce qui s'est passé mardi, lorsque des dizaines de milliers de Congolais ont fui en quelques heures, montre bien l'extrême instabilité du Nord-Kivu. Il existe un risque très élevé que les civils soient victimes de violences et de graves abus des droits humains », a déclaré Germaine Bationo, responsable principale de la section de la préparation et de la réponse aux situations d'urgence de l'UNHCR.

En revenant aux camps de Mutunga, les déplacés ont découvert des scènes de pillages généralisés, les bâches en plastique fournies par l'UNHCR et utilisées pour se protéger du soleil et de la pluie ayant notamment été arrachées des abris. Certains d'entre d'eux semblent avoir été manipulés par des profiteurs afin de revendre de la nourriture et d'autres articles non alimentaires. « Maintenant les déplacés viennent nous voir et nous demandent comment faire sans les bâches en plastique », indique Germaine Bationo.

Des employés de terrain de l'UNHCR ont rapporté qu'au début du mois, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés avait distribué 7 000 précieuses bâches en plastique dans les deux camps de Mugunga, mais que jeudi elles avaient toutes disparues. Cet article de secours peut se revendre à bon prix et jeudi matin, des commerçants du marché de Goma proposaient des bâches en plastique à 12 dollars pièce - alors que l'UNHCR les achète à 7 dollars pièce.

Les travailleurs humanitaires des Nations Unies pensent que le pillage était en grande partie organisé et systématique. Les déplacés qui ont regagné leur foyer se retrouvent entre-temps sans protection sous les pluies torrentielles qui tombent sur la région, et manquent aussi de nourriture.

Les agences des Nations Unies et les organisations non-gouvernementales travaillant à Goma prévoient maintenant un nouveau programme d'aide aux déplacés, dont certains ont été déplacés jusqu'à cinq fois avant de fuir vers la région de Mugunga en début d'année.

Une fois le calme revenu, l'UNHCR a repris mercredi le transfert des personnes déplacées de Lac Vert vers Buhimba - une installation de déplacés située près de Goma et mise en place par l'UNHCR début octobre. L'opération avait été lancée le 7 novembre dans le cadre d'une stratégie visant à améliorer les conditions de vie des déplacés dans cette zone.

Toujours mercredi, le gouvernement a fait diffuser des campagnes d'information à travers les radios locales, encourageant les déplacés à regagner les camps. Il a promis le transport pour les déplacés qui seraient trop fatigués pour regagner à pied leurs foyers temporaires dans la région de Mugunga. Le personnel de l'UNHCR a parcouru les camps de Bulengo et Buhimba et s'est adressé aux déplacés avec des porte-voix, les invitant à rentrer.

Les autorités locales ont organisé le retour des déplacés vers les camps, par le biais de camions ouverts qui stationnaient le long de la route reliant Goma et Mugunga. D'autres personnes sont rentrées à pied, par leurs propres moyens.

Le rassemblement des forces militaires et les affrontements incessants dans le Nord-Kivu depuis décembre 2006 ont engendré le plus important déplacement interne de la région depuis la fin de la guerre civile en 2003. Depuis décembre dernier, quelque 375 000 Congolais ont été forcés de quitter leurs maisons dans cette province, dont plus de 160 000 pendant les deux derniers mois. La province compte environ 800 000 déplacés internes.

L'UNHCR exhorte toutes les parties à ne pas attaquer les déplacés internes ni les civils, et à trouver un accord pour mettre fin à la violence prolongée qui constitue un fléau pour le Nord-Kivu et sa population.

Par Millicent Mutuli à Goma, RDC