Des centaines de Congolais fuient les violences au Nord-Kivu
Des centaines de Congolais fuient les violences au Nord-Kivu
KINSHASA, République démocratique du Congo, 24 avril (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a interrompu, jeudi, sa distribution de secours auprès des déplacés internes de la République démocratique du Congo (RDC), dans la province du Nord-Kivu frappée par une nouvelle flambée de violences.
L'UNHCR aidait aussi le gouvernement à enregistrer les nouveaux arrivants dans les sites de déplacés internes dans la zone de Rutshuru, à environ 70 kilomètres au nord du chef-lieu de la province, Goma. Des centaines de personnes, fuyant la reprise des combats ce week-end, sont venues s'ajouter à une population de déplacés internes déjà estimée à quelque 860 000 personnes dans le Nord-Kivu.
Malheureusement cette opération a également été suspendue jeudi, en raison de rapports faisant état de nouveaux combats entre les troupes gouvernementales et des combattants rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), près du site de déplacés anglican de Kinyandoni. Aucune autre information n'est disponible à ce stade.
Cette dernière vague de déplacement dans le Nord-Kivu intervient après des informations selon lesquelles une faction dissidente du FDLR aurait effectué des raids contre des villages samedi dernier près de la ville de Kiwanja. Les organisations humanitaires font état du décès d'une femme lors de ces attaques. Des heurts ont aussi été rapportés entre le Gouvernement et les rebelles dans cette même zone dimanche.
Le personnel de l'UNHCR travaillant dans le bureau de l'agence situé à Rutshuru a indiqué avoir visité des sites de déplacés internes dans la région de Rutshuru, afin d'obtenir plus d'informations sur les dernières attaques et évaluer les besoins des déplacés. Alors que des centaines de personnes sont déjà enregistrées comme déplacées internes, les travailleurs humanitaires rapportent que d'autres continuent de se rassembler autour des sites près de Kiwanja.
La majorité d'entre elles sont hébergées dans des bâtiments publics en raison du manque d'abris. « Nous avons beaucoup de nombreux arrivants », peut-on lire dans un rapport publié par le bureau de l'UNHCR à Rutshuru. Ce document explique que les nouveaux arrivants ont reçu des vivres qui leur ont été donnés par des déplacés arrivés lors de précédentes vagues de violence.
Parallèlement, les agences humanitaires restent confrontées à des difficultés pour se rendre auprès des civils qui sont en situation de risque. Les déplacés récemment arrivés ont raconté ce qu'ils ont subi. Certains ont dit que leurs maisons avaient été détruites et leurs possessions pillées, alors que d'autres n'ont plus aucune nouvelle de leurs enfants. La plupart de ceux qui arrivent dans les sites accueillant des déplacés sont des femmes et des enfants.
« L'aide médicale leur est vitale », indique par ailleurs le rapport de l'UNHCR, qui relève la présence de cas présumés de choléra.
Ce déplacement dans la zone de Rutshuru survient trois mois après la signature d'un accord à Goma entre le gouvernement et les groupes armés rivaux. Cet accord visait à apporter une paix durable dans la région orientale, après plus d'une décennie de conflit. L'accord avait été généralement respecté, mais les tensions demeuraient importantes.
Mercredi, une coalition de 63 groupes internationaux et congolais pour les droits de l'homme a fait part d'un léger progrès vers le rétablissement de la paix dans l'est de la RDC, trois mois après la signature de l'accord de Goma. Elle a appelé les signataires au plein respect des principes de cet accord. Elle a aussi demandé la nomination d'un conseiller international pour les droits de l'homme, afin de répondre aux abus observés dans l'est du pays.
Un accord de paix signé en 2003 avait formellement mis fin à un conflit qui a duré plusieurs années, mais des combats ont repris dans le Nord-Kivu en 2003. On compte environ 1,3 million de déplacés dans le pays. Par ailleurs, quelque 350 000 réfugiés congolais se trouvent hors du pays.
Par David Nthengwe à Kinshasa, République démocratique du Congo