Mise à jour de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés sur les questions liées au retour et à la reconstruction dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine
Mise à jour de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés sur les questions liées au retour et à la reconstruction dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine
Cette semaine, le HCR a publié de nouvelles recommandations (en anglais) à propos des retours volontaires en Ukraine. Bien que le retour dans son pays d'origine soit un droit fondamental, le HCR n'encourage actuellement pas activement les retours en Ukraine en raison du conflit armé en cours. Toute décision personnelle des réfugiés de rentrer chez eux doit être prise en connaissance de cause et de manière librement consentie.
La recommandation initiale de non-retour du HCR (en anglais), publiée en mars 2022, peu après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Fédération de Russie, reste valable. Elle appelle les États à permettre aux civils de toutes nationalités fuyant l'Ukraine d'accéder à leur territoire sans discrimination et à garantir le respect du principe de non-refoulement.
Bien que de nombreux réfugiés aient effectué des séjours de courte durée en Ukraine, le HCR ne considère pas que ceux-ci diminuent en quoi que ce soit le besoin de protection internationale de ces personnes. Le HCR exhorte les pays d'accueil à conserver une approche suffisamment flexible concernant les visites de courte durée en Ukraine, car elles peuvent contribuer à une prise de décision en toute connaissance de cause pour un éventuel retour à plus long terme. Le statut juridique et les droits qui y sont liés dans un pays d'accueil ne devraient pas être affectés par une visite en Ukraine d'une durée inférieure à trois mois.
Parallèlement, le HCR continue de consulter les réfugiés et les déplacés internes en Ukraine sur leurs intentions et leurs préoccupations. Nous avons publié la quatrième édition de notre étude « Lives on hold : Intentions and Perspectives of Refugees and IDPs from Ukraine » (Vies en attente : Intentions et perspectives des réfugiés et des personnes déplacées d'Ukraine), qui prend en compte pour la première fois à la fois les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur du pays. Cette étude est basée sur des entretiens menés auprès de 3850 ménages de réfugiés à travers l'Europe et de 4000 ménages de personnes déplacées à l'intérieur de l'Ukraine.
Conformément aux enquêtes précédentes, la majorité absolue - 76% des réfugiés d'Ukraine et 82% des personnes déplacées à l'intérieur du pays - espère ou prévoit de rentrer, et environ 15% prévoient de rentrer dans les trois mois à venir.
Le principal obstacle au retour est toujours la sécurité, car le conflit armé se poursuit, avec des combats intenses sur les lignes de front et des frappes de missiles et de drones sur des villes comme Kyiv, Dnipro et Lviv. Hier, ces frappes ont touché un immeuble résidentiel, tuant dix personnes et en blessant plus de 40 autres. Alors que le conflit armé se poursuit, il est essentiel que les retours soient librement consentis et non pas forcés ou contraints.
L'enquête mentionne d'autres obstacles majeurs au retour, comme le manque d'accès aux services de base tels que l'eau et l'électricité, aux moyens de subsistance, au logement et à l'éducation. Ce sont des aspects essentiels sur lesquels les acteurs de l'aide humanitaire et du relèvement précoce travaillent en Ukraine, afin que les personnes qui décident de rentrer puissent effectivement rester, se remettre sur pied et reconstruire leur vie dans leurs régions d'origine.
Le HCR contribue à des projets locaux qui aident les réfugiés et les personnes déplacées internes qui regagnent leurs foyers à trouver protection et solutions durables dans leurs zones de retour, par le biais de services de protection, de programmes de logement et de projets communautaires. Cette aide comprend également une assistance juridique pour permettre aux rapatriés de récupérer leurs documents d'identité et de propriété, ainsi qu'une aide à la réparation des maisons et à la construction de maisons préfabriquées.
Les enquêtes d'intention révèlent qu'il existe un grand intérêt pour le retour dans des régions telles que Tchernihiv, dans le nord de l'Ukraine, et la région de Kharkiv. Ces régions comptent parmi celles où le HCR a donné la priorité à la réparation des habitations. Dans la seule région de Tchernihiv, nous avons jusqu'à présent procédé à la réparation d'environ 1 800 logements et nous avons permis à 27 000 personnes de bénéficier de services d'assistance juridique qui les aident à se rétablir et à accéder à des services administratifs et de protection sociale.
Dans la région de Kharkiv, 1500 ménages ont bénéficié de réparations et 50 000 d'une aide et de services juridiques. A Mykolaiv - une autre région clé pour les retours - le HCR a aidé 2200 ménages à réparer leurs habitations et 16 000 personnes à bénéficier d'une aide juridique. Au total, le HCR a soutenu la réparation de plus de 13 000 logements en Ukraine et aidé plus de 240 000 personnes à bénéficier de services d'assistance juridique.
Les retours dans les zones touchées par les inondations qui ont suivi la destruction du barrage de Kakhovka sont particulièrement difficiles. Lundi, j'ai visité la zone sinistrée de Snihurivka, dans la région de Mykolaiv, et j'ai pu voir la maison d'Olena. Celle-ci a été occupée pendant neuf mois par des soldats russes lorsque la région était sous le contrôle militaire temporaire de la Fédération de Russie. Olena se remettait à peine de ce traumatisme lorsque sa maison a été inondée les 7 et 8 juillet à la suite de la rupture du barrage. Les dégâts subis par son habitation sont immenses et il est clair qu'elle ne pourra pas être restaurée rapidement : elle a été endommagée jusque dans ses fondations.
Mardi, je me suis rendue dans la commune de Bilozerka, dans l'une des régions les plus touchées par les inondations dans l'oblast de Kherson, et j'ai rencontré Liubov, une septuagénaire dont la maison a été touchée à deux reprises par des tirs d'obus, tuant sa fille, qui a laissé derrière elle un fils de 19 ans et une fille de 9 ans. Elle m'a raconté comment, après la rupture du barrage, l'eau a inondé sa rue et sa maison jusqu'à 3,5 mètres au-dessus du sol. Sa maison est encore debout, mais ses fondations sont endommagées. Le traumatisme que subissent ces personnes est immense. À côté d'elle vit Sasha, dont la maison a également été entièrement inondée, avant de s'effondrer.
Ce que nous constatons dans ces régions, c'est que les besoins humanitaires et en matière de reconstruction sont immenses. La guerre, les hostilités et les inondations sont autant de défis supplémentaires pour les populations. Celles-ci s'inquiètent déjà de savoir comment elles pourront réparer leurs maisons en prévision de l'hiver.
J'ai également vu l'autre facette des conséquences de la destruction du barrage lorsque j'ai visité Nikopol, dans la région de Dnipropetrovsk, mercredi dernier. La pénurie d'eau y est aiguë. Ce qui était autrefois un immense réservoir alimentant des centaines de milliers de personnes n'est aujourd'hui plus qu'une terre aride. On aurait dit un désert sous le soleil brûlant, et de l'autre côté, face à moi, se trouvait la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. La population de Nikopol vit dans la crainte constante que quelque chose d'encore pire ne lui arrive.
Les besoins - humanitaires et de relèvement - liés au conflit armé et, en outre, à la destruction du barrage sont immenses et requièrent le soutien continu de la communauté internationale, aujourd'hui et pour le longtemps encore.
Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :
- En Ukraine, Victoria Andrievska, [email protected], +380 50 413 8404
- A Genève, Louise Donovan, [email protected], +41 79 217 30 58
- A Genève, Shabia Mantoo, [email protected], + 41 79337 7650