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Déclaration de M. Poul Hartling, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents des Etats africains accredités auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, le 17 janvier 1980

Discours et déclarations

Déclaration de M. Poul Hartling, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, à la réunion informelle des Représentants permanents des Etats africains accredités auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, le 17 janvier 1980

17 Janvier 1980

Le 17 janvier 1980

Je voudrais vous remercier de votre présence ici aujourd'hui et vous dire combien je suis heureux d'avoir l'occasion de procéder avec vous à un échange de vues informel sur des questions d'intérêt commun, concernant les réfugiés.

A la dernière session du Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire, plusieurs représentants des pays d'Afrique ont exprimé le désir d'avoir des contacts plus étroits avec mon Office. Une réunion comme celle-ci devrait, en aidant à cerner les problèmes et à bien comprendre les situations, amener la communauté internationale à appuyer toujours davantage les généreux efforts des pays africains d'accueil, auxquels j'ai maintes fois rendu un chaleureux hommage.

J'aimerais le faire à nouveau aujourd'hui. Les Etats africains ont vraiment fait face au problème des réfugiés de façon exemplaire et en témoignant d'une conscience aiguë de leurs responsabilités, en accord avec une longue tradition d'hospitalité. Cette attitude s'est confirmée tout au long de l'histoire des réfugiés en Afrique et s'est traduit concrètement par l'adoption, en 1969, de la Convention de l'OUA sur les réfugiés et, plus récemment, par la Conférence sur la situation des réfugiés en Afrique, qui s'est tenue à Arusha du 7 au 17 mai 1979.

Je n'ai pas besoin aujourd'hui de souligner à nouveau l'importance de la Conférence d'Arusha. Les principes qu'elle a adoptés et qui ont ensuite été approuvés à la réunion au sommet de l'OUA, à Monrovia, se sont déjà révélés extrêmement utiles, dans la pratique, pour l'oeuvre entreprise en faveur des réfugiés d'Afrique. Je pense, en particulier, à tous les principes importants de « solidarité internationale » et de « partage des charges », à l'application intégrale des instruments relatifs aux réfugiés en Afrique, à l'harmonisation souhaitable des règles concernant l'asile et la détermination du statut de réfugié au niveau de l'individu et du groupe, à la mise en place de services d'orientation efficaces, à l'élaboration de procédures satisfaisantes pour la réinstallation des réfugiés, à l'insertion effective des réfugiés dans la structure économique des pays hôtes et, enfin et surtout, à la promotion du rapatriement librement consenti.

La Conférence a estimé que c'était à l'OUA qu'il incombait au premier chef de donner suite aux recommandations d'Arusha, en étroite collaboration avec le HCR. Par nos contacts étroits et fructueux avec l'OUA et avec différents gouvernements africains, nous nous efforçons effectivement d'entretenir ce qu'on a appelé « l'esprit d'Arusha » et de trouver des solutions aux nombreux problèmes que les réfugiés posent aux pays d'Afrique.

Je voudrais ajouter que la résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur « la situation des réfugiés en Afrique » dont de nombreux pays se sont portés co-auteurs et qui a été adoptée par consensus le 29 novembre 1979, montre que le monde a pris clairement conscience de la gravité de la situation des réfugiés en Afrique, de la générosité des Etats africains, de l'importance à accorder aux recommandations de la Conférence d'Arusha, et de la nécessité d'essayer de résoudre le problème à l'échelon mondial.

Vous conviendrez avec moi, je pense, que nous ne sommes pas ici aujourd'hui pour examiner un par un les problèmes relatifs aux réfugiés d'Afrique. Je voudrais plutôt m'attacher à quelques situations précises, qui ont rapidement évolué depuis la dernière session du Comité exécutif, qui appellent des mesures urgentes et énergiques et qui incitent à une réflexion orientée vers l'action.

Je parlerai d'abord de l'aspect positif des événements. Grâce au succès de la Conférence de Lancaster House, les réfugiés zimbabwéens, qui se trouvent essentiellement au Botswana, au Mozambique et en Zambie, peuvent maintenant être rapatriés en Rhodésie du Sud - dans quelques semaines, le Zimbabwe indépendant. Le HCR a eu de nombreux entretiens avec tous les intéressés - les gouvernements, le Front patriotique, avec lequel il coopère depuis longtemps, et les organisations non gouvernementales. Le Gouvernement du Royaume-Uni m'a maintenant demandé de coordonner les activités de rapatriement et d'accueil de ces réfugiés en Rhodésie du Sud, et notre plan d'opérations devrait permettre à d'importants mouvements de réfugiés de s'amorcer au cours des prochains jours. La première phase du plan devrait être achevée avant les élections qui auront lieu en Rhodésie du Sud à la fin de février. Lundi dernier, j'ai adressé un télégramme à 25 gouvernements pour les informer du plan, des premières mesures prises, et pour leur demander les fonds nécessaires. J'envoie du personnel dans la région en fonction des besoins et j'ai établi la présence du HCR à Salisbury. On ne ménagera aucun effort pour que le rapatriement s'effectue aussi rapidement que le permet la capacité des services d'accueil en Rhodésie du Sud.

Le retour volontaire des réfugiés dans leurs pays d'origine et leurs foyers est, de loin, la meilleure solution à long terme. En fait, le rapatriement librement consenti est la tâche la plus satisfaisante que le Haut Commissariat puisse entreprendre, et d'autres projets de rapatriement sont en cours d'exécution ou d'active préparation. Un rapatriement massif a été opéré vers la province du Shaba, au Zaïre. Le nombre des rapatriés était estimé au total à 150 000 lors de la dernière session du Comité exécutif, en octobre 1979. Le programme de secours d'urgence et de réadaptation en faveur de ces rapatriés se poursuivra jusqu'au 30 juin 1980. Les mouvements vers le Shaba continuent à raison de plusieurs centaines de personnes par mois.

Les réfugiés de la Guinée équatoriale ont maintenant commencé à rentrer chez eux - venant surtout du Gabon et de la République-Unie du Cameroun. Un fonctionnaire du HCR se trouve actuellement à Malabo où il organise, en étroite coopération avec les autorités, l'assistance fournie par le HCR à ceux qui sont déjà arrivés.

Je voudrais également indiquer que des réfugiés continuent à rentrer en Ouganda et qu'il y a tout lieu d'espérer une forte accélération du rapatriement des Angolais réfugiés au Zaïre.

Si le rapatriement librement consenti est la solution la plus souhaitable aux problèmes des réfugiés, elle n'est pas toujours possible. Je voudrais donc en venir aux situations qu'il faut aborder sous un angle différent et qui mettent parfois en jeu un très grand nombre de réfugiés vivant dans des conditions extrêmement difficiles. C'est le cas de la situation en Somalie. Le Gouvernement somalien estime à près d'un demi-million le nombre des réfugiés se trouvant dans des camps, et il y en a beaucoup en dehors des camps. Là, un vaste effort doit être consenti au niveau international pour aider ce pays de 4 millions d'habitants à faire face à un problème d'une telle ampleur. Du 1er au 4 décembre dernier, le Haut Commissaire adjoint s'est rendu en Somalie, à la tête d'une mission. De plus, en réponse à une demande adressée par le Gouvernement somalien au Secrétaire général de l'ONU, une mission inter-institutions de haut niveau, à laquelle le HCR a pris part, s'est rendue dans le pays du 10 au 15 décembre. Le problème est connu depuis 1978 mais à cette époque les réfugiés étaient relativement peu nombreux et l'assistance internationale était limitée. Les récentes visites ont mis en évidence la complexité et la gravité de la situation, telle qu'elle se présente aujourd'hui. Un important programme est en course de préparation dans le cadre du système des Nations Unies et fera bientôt l'objet d'un appel de fonds. En attendant, les Nations Unies et fera bientôt l'objet d'un appel de fonds. En attendant, les secours d'urgence continuent, notamment avec l'envoi, ce mois ci, de trois avions chargés d'articles de première nécessité - couvertures, tentes, médicaments et vêtements. La HCR renforce sa présence à Mogadiscio et est en train d'ouvrir trois bureaux auxiliaires dans le nord-ouest, et dans les régions de Hiran et de Gedo où se trouvent les réfugiés. L'objectif essentiel de l'assistance du HCR est d'améliorer les conditions de vie dans les camps actuels et de mettre sur pied de nouveaux projets d'installation rurale en faveur des réfugiés.

Le Soudan - autre pays où les réfugiés sont très nombreux - l'Ethiopie - où l'on compte des centaines de milliers de personnes déplacées - et Djibouti - où les réfugiés représentent un dixième de la population - doivent eux aussi obtenir de la communauté internationale les ressources dont ils ont un besoin vital pour compléter les efforts considérables accomplis sur les plans national et local. L'ampleur et la nature des problèmes posés par les réfugiés, dans les quatre pays que je viens de mentionner - Djibouti, Ethiopie, Somalie et Soudan - justifient un effort tout particulier de la part du Haut Commissariat et j'ai décidé, en conséquence, de nommer un coordonnateur spécial pour cette région.

En Ouganda, le HCR fournit une assistance humanitaire aux réfugiés, aux ressortissants déplacés et aux rapatriés. A ce jour, 80 000 personnes environ ont bénéficié d'une aide alimentaire dans la région de Karamoja. On espère accroître considérablement le nombre des bénéficiaires d'ici la saison des récoltes, en septembre. En dehors de l'aide alimentaire, les intéressés recevront également des semences et du matériel agricole. Un accord de base régissant l'exécution du programme a été signé avec les autorités.

Nul n'ignore l'extraordinaire effort consenti par l'Afrique en vue de résoudre le problème des réfugiés africains. Mais il y a une limite à ce que peuvent faire des pays et des peuples qui ont leurs propres problèmes de développement. La présence de très nombreux réfugiés a d'importantes répercussions sur l'économie des pays d'asile, et le continent africain doit recevoir d'urgence une aide de l'extérieur. L'action internationale doit être de grande portée et concertée. Il faut identifier les problèmes et bien évaluer les besoins, sensibiliser l'opinion internationale aux besoins et à leur ampleur, obtenir les moyens nécessaires au financement de l'assistance et assurer l'exécution sans heurt des programmes. Compte tenu des moyens dont on dispose pour leur mise en oeuvre. Permettez-moi de développer ces points quelque peu. En ce qui concerne l'identification des problèmes et l'évaluation des besoins, j'ai mentionné à titre d'exemple une mission inter institutions des Nations Unies en Somalie. Je pourrais aussi mentionner une mission analogue envoyée en Guinée équatoriale en octobre 1979. Pour ce qui est de la Rhodésie du Sud, une mission du HCR est partie juste avant le Nouvel An pour la Zambie, le Mozambique et le Botswana, et elle est maintenant à Salisbury. Les missions de ce type travaillent, bien entendu, en étroite coopération avec les gouvernements, avec les organismes des Nations Unies - notamment avec les bureaux du HCR, sur place - et avec tous les autres intéressés.

Une fois que des programmes ont été arrêtés, le soutien de la communauté internationale doit être acquis. Naturellement, il faut s'efforcer de recueillir des fonds en fonction des besoins. Mais le soutien, au sens le plus large du terme, de la communauté internationale revêt également une importance fondamentale. Et ici, nous sommes au coeur du problème, qui consiste à appeler l'attention du monde sur les problèmes des réfugiés en Afrique. La question de la dissémination de l'information concernant la condition des réfugiés africains a été mentionnée dans la résolution de l'Assemblée générale du 29 novembre à laquelle j'ai déjà fait allusion. Il est vrai que ces problèmes sont insuffisamment évoqués par les organes d'information. Certains sont totalement ignorés. L'influence que le HCR peut avoir sur cet état de choses est limitée, et il faudrait explorer plus avant la possibilité d'accroître cette influence. Le HCR lui-même a certainement donné du poids à l'Afrique dans ses propres publications et il a mis tout en oeuvre pour éviter que l'absence de grands titres dans la presse mondiale ne compromette les résultats de ses appels de fonds ou l'exécution de ses programmes en Afrique. Je pense, toutefois, qu'on pourrait faire davantage en s'adressant à un public bien défini, en coopération avec l'OUA. Nous nous préparons à faire un effort spécial à l'occasion de la Journée du réfugié africain, le 20 juin, des articles sur l'Afrique continueront à paraître régulièrement dans notre publication bimensuelle que vous connaissez - Nouvelles du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Toutes autres suggestions seront étudiées attentivement

Je voudrais dire quelques mots maintenant de l'exécution des programmes. Toute une série de mesures doivent être prises pour faire en sorte que les réfugiés tirent un parti maximum de l'aide disponible. Un grand nombre de partenaires très divers unissent leurs efforts : les gouvernements africains intéressés, le HCR et ses partenaires traditionnels - les organisations non gouvernementales, dont le précieux et indéfectible concours est indispensable tout au long du processus d'exécution - d'autres organismes des Nations Unies, des experts internationaux, et des consultants dans différents domaines, ainsi que des équipes internationales de volontaires. Il faudrait accroître les efforts autant que possible afin que le volume de l'assistance internationale se rapproche de celui des besoins identifiés. Il faudrait également veiller de près à ce que les ressources disponibles soient totalement utilisées. Pour cela, la capacité d'absorption de l'aide par les pays auxquels elle est fournie doit être améliorée, de sorte que les fonds alloués ne restent pas en attente. Dois-je souligner que le HCR est prêt à aider au renforcement des structures de mise en oeuvre des projets lorsque cela est nécessaire ?

Pour terminer, je voudrais encore insister sur la nécessité de trouver de nouvelles possibilités d'éducation et de formation professionnelle pour le nombre croissant de réfugiés africains qui en ont besoin. Je tiens à rappeler qu'à la suite d'une des recommandations de la Conférence d'Arusha, concernant l'emploi, l'éducation et la formation des réfugiés, le Haut Commissariat a demandé à certains gouvernements d'Europe et d'Amérique de Nord, en septembre dernier, de réinstaller sur leur sol un groupe de plus de 500 réfugiés qui vivent à Djibouti. De même, mes représentants en Europe, en Australie, au Canada et aux Etats-Unis ont été chargés d'examiner, avec des représentants des gouvernements et des services d'enseignement, les possibilités qui pourraient s'offrir en matière d'éducation et de formation professionnelle, aux étudiants africains réfugiés qui n'ont pas encore pu trouver place dans des établissements appropriés en Afrique. Nous suivons attentivement l'évolution de la situation à cet égard.

Notre objectif commun est d'améliorer et de rationalise constamment les programmes en faveur des réfugiés et de les intensifier en fonction des besoins, si nous en avons les moyens, afin d'assurer de meilleures conditions d'existence à ceux qui en sont les ultimes bénéficiaires, c'est-à-dire aux réfugiés. Car, au-delà de la grande variété des situations, de la diversité nécessaire des orientations à retenir, des multiples difficultés qui entravent la mise en oeuvre efficace et rapide des solutions, il y a des êtres humains, souvent dans la détresse, qui aspirent à une nouvelle vie, à un nouveau foyer, à une nouvelle dignité. Sur le plan international, le Haut Commissariat est au point de jonction des réfugiés et de la communauté internationale. C'est là une position extrêmement délicate et difficile à tenir. Des réunions comme celle d'aujourd'hui s'inscrivent dans le cadre des efforts constants que fait le HCR pour mieux répondre à des besoins d'une ampleur affligeants. Je serais heureux d'entendre maintenant le vues que vous souhaiteriez exprimer.

Je vous remercie.