Yémen : Crise humanitaire dans le nord et augmentation des arrivées par la mer
Yémen : Crise humanitaire dans le nord et augmentation des arrivées par la mer
La situation dans la province de Sa'ada dans le nord du Yémen reste tendue et instable. Un calme fragile aurait régné durant le week-end à Sa'ada, une ville qui est pratiquement coupée du reste du monde depuis plus de six semaines. Les membres de la communauté locale et les personnes déplacées, prises au piège dans le conflit entre les troupes gouvernementales et les forces Al Houti, continuent à être confrontées à une situation humanitaire dramatique, ils ne peuvent quitter la ville assiégée pour rechercher sécurité et abri ailleurs. Bien qu'il ne soit toujours pas possible d'accéder à la ville de Sa'ada, le HCR a réussi à distribuer de l'assistance via une ONG locale partenaire.
Des informations rares sur la situation de la population déplacée dans le nord du Yémen ne font que rajouter aux préoccupations humanitaires sur la sécurité des civils.
Nous sommes préoccupés par de récentes informations faisant état d'affrontements près du camp d'Al Sam, l'un des trois camps restants hébergeant des personnes déplacées dans la province de Sa'ada. Des personnes dans le camp ont été inquiétées par des informations selon lesquelles des habitants du village d'Al Aqad situé à proximité, à 500 mètres, auraient été alertés par les autorités leur demandant de quitter la zone.
Nous avons aussi reçu des informations sommaires toutefois préoccupantes sur une attaque menée contre une installation de fortune où sont hébergés des déplacés internes à Al-Azqool, également dans la province de Sa'ada. Il n'a été fait état d'aucune perte en vie humaine. Selon d'autres informations non confirmées, un grand nombre de déplacés internes sont bloqués dans le district de Shada'a près de la frontière saoudienne.
Le camp d'Al Mazraq dans la province voisine d'Hajjah continue à grossir et quelque 7 000 déplacés y sont désormais hébergés. Il a dépassé sa capacité prévue car des personnes continuent à arriver depuis la province de Sa'ada. Grâce à la coopération avec les autorités yéménites centrales et locales, nous avons identifié un nouveau site hier et nous travaillons actuellement à la création d'un nouveau camp qui va immédiatement commencer à accueillir des déplacés.
Dans la province d'Amran, un autre site pour y établir un nouveau camp a été identifié hier près de la ville d'Amran et, avec nos partenaires locaux, nous commençons ce jour à concevoir le camp. Un second site pour établir un camp dans cette province a été identifié hier près de la ville d'Amran et avec nos partenaires locaux, nous commençons aujourd'hui à créer le camp. Un second site possible pour y établir un camp sera préparé près de Kaiwan.
Parallèlement en Arabie saoudite, nous avons reçu ce week-end un accord formel des autorités saoudiennes pour mener une opération transfrontalière visant à apporter un soutien aux populations déplacées dans le nord du Yémen. Le HCR a préparé du côté saoudien de la frontière des tentes, des matelas, des couvertures et d'autres articles d'aide pour plus de 2 000 personnes. Les deux gouvernements souhaitent soutenir cette opération transfrontalière pour accéder aux déplacés dispersés à Alb, un village situé à seulement quelques kilomètres de la frontière, et leur porter assistance. Nous allons également lancer cette opération dès que les conditions sécuritaires le permettront. Le Gouvernement yéménite a également demandé notre soutien pour monter un camp pour 2 000 personnes dans la zone située près de la frontière.
Pour répondre au récent appel publié par le HCR, le Royaume d'Arabie saoudite a annoncé le versement d'un million de dollars pour l'assistance humanitaire aux déplacés yéménites. A ce jour, la réponse d'urgence du HCR au Yémen a également reçu 1,2 million de dollars de la part des Etats-Unis et 732 000 dollars de la part de la Suède. L'opération manque toujours de financement, à hauteur de deux millions de dollars. Des contributions en temps voulu permettraient au HCR d'organiser la gestion des camps, d'accélérer l'enregistrement et la protection des déplacés et de fournir des tentes ainsi que d'autres articles d'assistance humanitaire d'ici la fin de l'année.
En plus de cette population estimée à 150 000 personnes affectées par les combats au Yémen depuis 2004, le pays héberge aussi quelque 150 000 réfugiés et demandeurs d'asile ayant effectué la périlleuse traversée vers le Yémen à travers le golfe d'Aden et la mer Rouge.
Les mois de septembre et octobre représentent le pic de la saison de navigation et le nombre des arrivées par la mer est effrayant. Plus de 50 400 personnes sont déjà arrivées cette année à bord de 994 bateaux au Yémen depuis la corne de l'Afrique, dépassant ainsi le total observé pour toute l'année 2008 avec 50 091 personnes qui avaient alors effectué la traversée. C'est une augmentation stupéfiante de 50 pour cent en comparaison de cette même période de neuf mois l'année dernière qui avait vu l'arrivée de 33 596 boat people.
Selon notre personnel au Yémen, 266 personnes sont déjà décédées par noyade cette année et quelque 153 autres sont portées disparues. Pour toute l'année dernière, le bilan s'élevait à 589 personnes ayant trouvé la mort et 359 personnes portées disparues.
Plus de la moitié des arrivants sont, cette année, des Ethiopiens (27 633) alors que le reste est constitué pratiquement exclusivement de Somaliens (22 791) qui reçoivent automatiquement le statut de réfugié au Yémen. Ceux qui effectuent la traversée fuient des situations dramatiques comme la guerre civile, l'instabilité politique, la pauvreté, la sécheresse et la famine en Somalie et dans la corne de l'Afrique.