Tchad/Darfour : les déplacements se poursuivent
Tchad/Darfour : les déplacements se poursuivent
Les déplacements se poursuivent le long de la frontière en proie à des troubles entre le Soudan et le Tchad, avec l'arrivée récente de réfugiés en provenance du Darfour ainsi que des milliers de Tchadiens contraints de fuir la violence continue. Ce matin, le personnel de l'UNHCR à l'est du Tchad a commencé à transférer les premiers des 1 500 réfugiés récemment arrivés du Darfour loin de la frontière soudanaise vers notre camp à Kounoungou, près de la ville tchadienne de Guéréda. Ces Soudanais du Darfour ont fui l'attaque sanglante du 29 octobre dernier survenu à Djebel Moun, dans l'ouest du Darfour, qui a entraîné des morts et des blessés, incluant plus de 20 enfants.
Le transfert depuis la frontière sera vraisemblablement réalisé en deux temps. Près de la moitié des réfugiés vont être transférés au cours des prochains jours. Ensuite, après une semaine, un seconde vague de transferts sera mise en place pour les réfugiés qui ont demandé un temps additionnel pour attendre les membres de famille qui ne sont pas encore arrivés, ou pour ceux qui essaient de regagner leur village pour moissonner le plus possible avant de retourner au Tchad.
L'UNHCR est préoccupé par le fait qu'il pourrait y avoir des combattants parmi les nouveaux arrivants, nous avons donc informé les réfugiés du caractère humanitaire et civil des camps de réfugiés. Nous avons également demandé l'assistance des réfugiés pour identifier les enfants non accompagnés avant le transfert. Il a également été conclu avec les réfugiés que les groupes vulnérables auraient la priorité et seraient transportés lors du premier convoi.
Ces nouveaux arrivants, qui appartiennent à l'ethnie Djabal, se trouvent actuellement dans la zone de Seneit. Ils vont être enregistrés et passer une visite médicale avant d'être emmenés vers les nouveaux foyers à Kounoungou, un des 12 camps accueillant quelques 218 000 réfugiés soudanais à l'est du Tchad. Le camp de Kounoungou accueille quelque 13 000 personnes qui ont fui les hostilités au Darfour.
Pendant ce temps, on rapporte des attaques meurtrières sur des villages au sud-est du Tchad, près de la frontière avec le Darfour. Mercredi, le village de Samassin, à 15 kilomètre au sud de Kerfi, a été attaqué. Un villageois aurait été tué et plusieurs autres personnes ont été blessées. L'UNHCR a déjà reçu des informations faisant état de 23 villages attaqués depuis le 4 novembre, et au moins 20 autres qui auraient été abandonnés par leurs habitants craignant des attaques imminentes. Depuis la seconde vague de violence qui a commencé le 4 novembre, nous estimons qu'au moins 12 000 Tchadiens ont fui leurs villages - quelque 7 000 d'entre eux se sont rassemblés près de Habile, près de la ville de Koukou. Habile accueille déjà près de 3 500 déplacés tchadiens. Un autre groupe de 5 000 Tchadiens récemment déplacés s'est installé à la périphérie de Goz Beida, et plusieurs autres restent avec leurs proches ou des amis dans la ville même. En tout, on estime a près de 75 000 Tchadiens qui ont été contraints de fuir leur village l'année dernière, 12 000 d'entre eux seulement depuis la série d'attaques qui a commencé le 4 novembre.
Quelques-uns des déplacés internes ont essayé de rentrer rapidement dans leur village pour récupérer des céréales et d'autres biens. Mais plusieurs d'entre eux ont été attaqués, tués ou blessés lors de cette tentative. A plusieurs reprises, ceux qui sont rentrés ont été violemment attaqués et même tués durant leur retour.
Selon les survivants des attaques récentes au sud de Goz Beida, les villages qui ont été attaqués ces douze derniers jours seraient cernés par des hommes armés - quelques-uns portant des uniformes militaires - se déplaçant à cheval ou à dos de chameau. Dans quelques cas, les assaillants font usage de grenades lance-roquettes, ont déclaré des témoins. Les villages ont été complètement brûlés et les habitants abattus alors qu'ils tentaient de fuir. Les survivants décrivent les assaillants comme appartenant à des tribus de nomades arabes, tant Tchadiens que Soudanais. Les témoignages sont ahurissants, faisant état de bébés, enfants, personnes âgés et infimes qui ont été brûlés vifs dans leurs maisons parce qu'ils ne pouvaient prendre la fuite. Dans un village, sept enfants ont été brûlés vifs, selon les habitants. Dans un autre, un homme paralysé a été coincé chez lui et brûlé. Les survivants sont traumatisés.
A l'hôpital de Goz Beida, qui est débordé par le nombre de blessés, trois patients qui ont déclaré avoir tenté de rentrer pour travailler leurs champs près de Koloi et Tamadjour ont été attaqués par des Arabes qui leur ont arraché les yeux avec des baïonnettes.
Sur les 218 000 réfugiés originaires du Darfour présents dans les 12 camps de l'UNHCR à l'est du Tchad, 15 000 se trouvent dans le camp de Djabal et 18 000 dans le camp de Goz Amir dans la région de Goz Beida. Le Tchad accueille également 46 000 réfugiés en provenance de la République centrafricaine.