Soudan du Sud : la pénurie de vivres crée des tensions et contraint davantage de personnes à l'exil
Soudan du Sud : la pénurie de vivres crée des tensions et contraint davantage de personnes à l'exil
Le HCR est gravement préoccupé par les nouvelles tensions liées au manque de vivres dans le Comté de Maban, dans l'Etat instable du Nil supérieur au Soudan du Sud. Les habitants ont exigé que les quelque 60 000 réfugiés des camps de Yusuf Batil et de Gendrassa partent d'ici deux mois. Les hostilités se sont étendues aux camps de Doro et de Kaya.
Le HCR coopère avec les autorités et d'autres organisations humanitaires pour calmer les tensions.
La concurrence pour les ressources naturelles - notamment le bois et les pâturages - a récemment dégénéré en représailles, forçant jusqu'à 8 000 réfugiés à fuir le camp de Yusuf Batil. Des maisons, des tentes et des greniers appartenant tant aux réfugiés qu'aux villageois ont été incendiés au cours des affrontements. Des tensions persistent bien que les réfugiés soient retournés dans le camp depuis. Les habitants de Maban vivant près du camp de Yusuf Batil ont fui, craignant de nouveaux heurts avec les réfugiés, plus nombreux qu'eux.
Depuis qu'un conflit armé entre le gouvernement et les forces rebelles a éclaté au Soudan du Sud mi-décembre, l'instabilité et le conflit dans la région ont perturbé les saisons des plantations et des récoltes. Dans le même temps, l'insécurité le long des axes de transport a entravé la distribution des vivres et autres produits humanitaires. La saison difficile a également commencé dans la région.
Au cours de la première semaine de mars, les réfugiés des quatre camps situés dans le Comté de Maban ont reçu une ration de légumes secs et d'huile pour 10 jours. Les légumes secs et l'huile ne couvrent que 24% des besoins énergétiques de 2 100 kcals par jour. Les réfugiés ont été privés de céréales et de sel pendant plus d'un mois à cause des pénuries.
D'autres produits non alimentaires essentiels, comme l'essence, les médicaments indispensables et les produits de secours de base s'épuisent rapidement. Il est nécessaire de veiller à ce que des approvisionnements suffisants soient prévus avant le début de la saison des pluies, sinon toutes les distributions devront être effectuées par voie aérienne.
En manque de nourriture, les réfugiés se sont agités. Certains ont menacé de retourner dans l'Etat du Nil bleu au Soudan qu'ils avaient quitté à cause du conflit armé incessant.
Le Comté de Maban accueille 125 000 réfugiés soudanais originaires de l'Etat du Nil bleu. Un tiers de la population réfugiée est composé de jeunes enfants, de femmes enceintes et allaitantes, de personnes âgées et handicapées et de personnes atteintes de maladies chroniques. Ce sont les personnes les plus vulnérables à la malnutrition.
Les gouvernements du Soudan du Sud et d'Ethiopie sont convenus d'autoriser l'acheminement de l'aide humanitaire via Gambella, en Ethiopie, ce qui permettra au PAM de distribuer les produits alimentaires indispensables aux déplacés internes et aux réfugiés de Maban dans les jours prochains.
En attendant, l'insécurité et la faim forcent davantage de Soudanais du Sud à fuir vers les pays voisins.
Ethiopie
L'Ethiopie accueille actuellement 1 000 réfugiés du Soudan du Sud, en moyenne, par jour. Les réfugiés, principalement des femmes et des enfants, arrivent dans la région de Gambella en provenance des Etats du Nil supérieur et de Jonglei.
Le gouvernement éthiopien a déjà mis à disposition des terres pour deux nouveaux camps à Gambella - le camp de réfugiés de Leitchuor a ouvert mi-janvier et le camp de Kule fin février. Mais celui de Leitchuor, avec 30 000 personnes, a déjà dépassé sa capacité, et celui de Kule approche à grands pas de sa limite de 20 000 personnes.
Les deux sites sont couverts d'herbe à éléphant qui peut être utilisée pour construire des abris traditionnels. La terre convient également à l'agriculture et à l'élevage de bétail.
Les réfugiés sont toutefois toujours confrontés à des difficultés, notamment de graves problèmes de santé. De nombreux réfugiés arrivent avec des problèmes de malnutrition en raison de la pénurie de vivres au Soudan du Sud et de leur long et difficile périple. Nous avons mis en place des programmes d'alimentation pour les aider à se rétablir, en collaboration avec le PAM et l'UNICEF.
Les nouveaux arrivants sont également vaccinés contre la polio et la rougeole au point d'entrée de Pagak ou dans les camps. Le HCR met en place des programmes de protection de l'enfance, comme la recherche des familles pour les mineurs séparés ou non accompagnés. 351 mineurs séparés ou non accompagnés ont été identifiés au camp de Leitchuor et 274 à Pagak.
L'accès aux nouveaux arrivants est cependant difficile et coûteux. La frontière occidentale de l'Ethiopie est éloignée et isolée. Nous envisageons l'utilisation d'un hélicoptère pour accélérer le transfert et la distribution des produits de première nécessité.
Soudan
Le Soudan continue d'accueillir des Soudanais du Sud à un rythme d'environ 350 par jour, avec un afflux notable vers El Liri, dans la localité de Talodi au Kordofan du Sud, la semaine dernière.
L'état de ceux qui arrivent est mauvais, car ils viennent avec presque rien. Une évaluation inter-organisations a été exigée par le gouvernement afin d'évaluer tous les besoins des nouveaux arrivants et d'y répondre ; des équipes humanitaires vont se rendre dans ces endroits de manière imminente.
Il y a désormais plus de 44 000 réfugiés originaires du Soudan du Sud au Soudan. Si la plupart ont reçu des vivres, de nombreuses personnes ne peuvent pas cuisiner car elles ont peu accès au bois de chauffage et manquent d'ustensiles de cuisine. La majorité des familles dépendent uniquement de la distribution de rations d'urgence.
Ouganda
L'Ouganda accueille la population la plus importante de réfugiés originaires du Soudan du Sud, avec plus de 82 000 arrivées depuis mi-décembre 2013. Si le rythme quotidien des arrivées a diminué, nous constatons un nombre croissant d'hommes avec leurs familles - une évolution par rapport à la période antérieure où les hommes escortaient seulement leur femme et leurs enfants jusqu'à la frontière avant de retourner au Soudan du Sud pour garder leurs biens. Alors que la crise perdure et que les mécanismes d'adaptation se réduisent chez eux, il y a désormais 45% d'hommes parmi les réfugiés du Soudan du Sud.
Kenya
Plus de 28 000 Soudanais du Sud ont pris le chemin du Kenya. Malgré leur nombre relativement modeste, le camp de Kakuma a dépassé sa capacité de 150 000 du fait de leur présence. Nous négocions donc des sites supplémentaires, mais dans l'intervalle nous sommes réduits à utiliser des espaces verts pour accueillir les nouveaux réfugiés.
Comme dans les autres pays voisins, de nombreux Soudanais du Sud arrivent au Kenya avec des problèmes de malnutrition. Nous avons tout d'abord transféré des stocks d'aliments thérapeutiques du camp de Dadaab vers Kakuma et nous prévoyons d'étendre le programme d'alimentation intensive aux enfants atteignant jusqu'à 59 mois d'âge, contre 23 mois auparavant.
Au total, plus de 200 000 Soudanais du Sud ont fui vers les pays voisins. Plus de 708 000 autres sont déracinés à l'intérieur même du Soudan du Sud.
Pour plus d'informations sur ce sujet, veuillez contacter :
- A Juba, Soudan du Sud, Teresa Ongaro, portable: +211 927 770 040
- A Genève, Fatoumata Lejeune, portable: +41 79 249 34 83