Préparatifs pour la conférence internationale humanitaire sur les réfugiés et les déplacés en Iraq
Préparatifs pour la conférence internationale humanitaire sur les réfugiés et les déplacés en Iraq
Les invitations ont été envoyées à 192 gouvernements, 65 organisations internationales et quelque 60 ONG pour la conférence humanitaire internationale sur les réfugiés et les déplacés internes en Iraq et dans les pays voisins. Cette réunion ministérielle du 17 et 18 avril se tiendra au Palais des Nations à Genève. Elle examinera les dimensions humanitaires de la crise du déplacement, identifiera les énormes besoins et demandera la mise en oeuvre d'un effort international commun pour répondre à ces besoins, notamment en partageant le fardeau qui pèse actuellement sur les Etats voisins. Par ailleurs, la mise en place de réponses ciblées aux problèmes humanitaires spécifiques urgents sera évoquée, notamment des solutions immédiates pour ceux qui sont particulièrement vulnérables aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Irak.
Quelques deux millions d'Iraquiens se trouvent actuellement dans les pays voisins dans la région, beaucoup étaient déjà déracinés avant 2003. Mais il est aussi nécessaire de porter une attention particulière aux 1,9 millions d'Iraquiens qui sont déplacés à l'intérieur de leur propre pays, beaucoup d'entre eux vivent dans des conditions de plus en plus désespérées. Bien que beaucoup d'entre eux aient aussi été déplacés avant 2003, nous estimons que seulement depuis le début de l'année dernière - et particulièrement après les attentats de Samara en février 2006 - près de 730 000 Iraquiens ont été nouvellement déplacés par les violences sectaires.
Des millions d'Iraquiens doivent faire face à de graves privations. En fait, l'UNAMI estime que plus de 15 millions d'Iraquiens sont maintenant considérés comme extrêmement vulnérables - notamment les réfugiés, les personnes déplacées, ceux qui font face à l'insécurité alimentaire, les veuves, les handicapés et d'autres encore. Atteindre l'assistance et la sécurité dans les pays voisins devient de plus en plus difficile. Beaucoup de ceux qui ont fui vers d'autres régions de l'Iraq se retrouvent sans ressource, et les communautés d'accueil peinent également à absorber le nombre croissant des déplacés. On estime à quatre millions le nombre d'Iraquiens qui sont dépendants d'une assistance alimentaire. Seulement 60 pour cent ont accès au système de distribution public d'aide alimentaire. La malnutrition chronique des enfants atteint un taux de 23 pour cent. Quelque 70 pour cent de la population iraquienne n'a pas un accès correct à l'eau potable, alors que 80 pour cent manque de toute hygiène. Le taux de chômage atteint plus de 50 pour cent.
Environ un tiers de l'appel de l'UNHCR d'un montant de 60 millions de dollars pour la région - plus de la moitié de ce qui a déjà été collecté - est destiné à fournir une assistance à des dizaines de milliers de personnes déplacées internes particulièrement vulnérables à l'intérieur de l'Iraq. Comparé à l'ensemble des besoins, il s'agit là d'une goutte d'eau dans l'océan. Fournir de l'aide est aussi extrêmement difficile à cause de la situation sécuritaire catastrophique dans la plupart du pays. Nos équipes dans sept lieux en Iraq (Bagdad, Suleymaniyeh, Dohuk, Erbil, Kirkouk, Nassiriyah, Bassorah) travaillent avec un réseau d'au moins 17 partenaires différents, notamment le Ministère iraquien pour les déplacements et les migrations. Nos collègues de l'UNHCR sont majoritairement iraquiens et ils travaillent courageusement dans le cadre de ce que l'on peut qualifier une gestion à distance. Cette structure d'opération est réservée à l'Iraq et l'UNHCR a récemment accueilli une réunion à Genève avec d'autres agences humanitaires pour partager les réflexions sur la meilleure façon d'assurer une assistance humanitaire dans un environnement aussi difficile et dangereux. Malgré les nombreuses limitations et les besoins énormes auxquels il faut faire face, le travail fait par notre personnel à l'intérieur de l'Iraq consiste à assister des dizaines de milliers de personnes déplacées internes ainsi que les familles et les communautés qui les prennent en charge. Nous fournissons tout depuis l'assistance à l'hébergement et les matériels non alimentaires jusqu'à une opération de 14 centres d'assistance juridique à travers le pays où les déplacés peuvent trouver un soutien, notamment pour le transfert ou le remplacement des documents de base. De tels documents sont vitaux car sans eux, les rations alimentaires peuvent être supprimées et les autorités des gouvernorats peuvent refuser l'accès aux personnes déplacées même pour les plus basiques des services.
Avec la poursuite des déplacements de population, à un nombre estimé de plus de 50 000 personnes par mois, les besoins humanitaires augmentent chaque jour et nous faisons ce que nous pouvons pour aider cette population désespérée.