Les chrétiens d'Iraq contraints de quitter Mossoul
Les chrétiens d'Iraq contraints de quitter Mossoul
Le HCR s'inquiète du déplacement forcé de chrétiens iraquiens originaires de Mossoul, qui a commencé la semaine dernière. Nous avons reçu des informations du Ministère du déplacement et des migrations à Mossoul, selon lesquelles environ 1 560 familles (soit quelque 9 360 personnes) auraient été contraintes de partir jusqu'à présent, un chiffre que le HCR n'est pas en mesure de confirmer. Cette population déplacée représenterait environ la moitié des chrétiens présents dans la zone de Mossoul.
Ces derniers jours, nous avons envoyé une dizaine de missions d'évaluation dans les zones autour de Mossoul, notamment à Telesquf, Batnaya, Bartilla, Baashiqa, Akre et Shekhan. Nous avons aussi envoyé des équipes du HCR dans les régions de Dahouk et Erbil, où des chrétiens ont trouvé refuge.
Selon les premiers rapports disponibles, la plupart des chrétiens iraquiens ont décidé de quitter Mossoul après des menaces indirectes et des actes d'intimidation. L'un de ceux qui ont été interviewés a été le témoin de l'assassinat d'un chrétien iraquien en pleine rue, et plusieurs personnes déplacées ont également dit qu'elles avaient reçu des menaces écrites sur le campus universitaire, chez elles et par des messages envoyés sur leurs téléphones portables. Plusieurs autres ont aussi dit à nos équipes qu'elles étaient parties car elles avaient entendu des nouvelles indiquant que 11 chrétiens de Mossoul avaient été tués. D'autres ont été alertés par leurs familles, amis et voisins de possibles menaces et ont décidé de partir avant qu'il ne soit trop tard.
La majorité des familles qui ont fui résident chez des membres de leur famille, chez des amis au sein de leur communauté d'accueil ou dans des bâtiments communautaires, notamment des églises. Elles ont un besoin urgent de nourriture, de vêtements, de produits non alimentaires (tels que des couvertures, des matelas et des réchauds), des produits d'hygiène, de l'eau potable, et d'avoir accès à l'école et à des installations de santé.
La semaine dernière, le HCR et son partenaire, International Medical Corps (IMC), ont distribué des produits non alimentaires à 802 familles (soit quelque 4 800 personnes). Nous espérons parvenir à aider plus de 1 500 familles d'ici le début de la semaine prochaine, incluant aussi bien des nouveaux arrivants que des personnes déjà déplacées que nous n'avions pas encore pu atteindre. De la nourriture, du kérosène et une assistance supplémentaire ont été distribués par d'autres agences des Nations Unies, par des ONG et par les autorités locales. La décision a aussi été prise mercredi par les ministères du déplacement et des migrations, et celui de la défense, de débloquer immédiatement une allocation financière de 300 à 500 000 dinars iraquiens (250 à 425 dollars) pour les familles déplacées et une allocation de 1,5 million de dinars iraquiens (1 250 dollars) pour ceux qui décident de rentrer.
Pour le moment, la plupart des déplacés avec lesquels nous avons parlé n'envisagent pas de rentrer chez eux dans l'immédiat, car ils craignent pour leur vie. Un petit nombre d'entre eux nous ont dit qu'ils ne rentreraient chez eux que si, et quand, la sécurité serait garantie par les autorités locales. Le HCR gère des centres de protection et d'assistance à Kirkuk et Mossoul et continuera une surveillance étroite de la situation sur le terrain.