Les attaques janjawid continuent dans l'est du Tchad ; le HCR craint de nouveaux déplacements
Les attaques janjawid continuent dans l'est du Tchad ; le HCR craint de nouveaux déplacements
L'UNHCR est extrêmement inquiet face à la poursuite des attaques par les milices janjawid dans l'est du Tchad et aux risques d'accroissement du déplacement interne de Tchadiens. L'insécurité persistante est également une menace pour les 213 000 réfugiés soudanais du Darfour qui se trouvent dans la douzaine de camps administrés par l'UNHCR dans cette région isolée le long de la frontière avec le Soudan. Samedi, des miliciens armés ont volé 350 têtes de bétail dans un village à 20 kilomètres à l'ouest de Koukou Angarana, dans la région de Goz Beida à l'est du Tchad. Aucun mort n'a été rapporté, mais c'est le dernier exemple en date de l'escalade de la violence qui provoque de plus en plus de déplacements et parfois des morts.
Les attaques janjawid contre les Tchadiens semblent devenir plus systématiques et même parfois mortelles, durant ces trois derniers mois et il n'y a aucun signe que cet engrenage ne s'arrête.
Environ 50 000 personnes sont déplacées dans l'est du Tchad, elles ont fui leurs maisons ces derniers mois après la douzaine d'attaques par les janjawid. Dans certains cas, les personnes fuient de peur des risques d'attaques et beaucoup ont été déplacées à plusieurs reprises. Une importante attaque près de Modeyna les 3 et 4 mars derniers a provoqué le déplacement de milliers de villageois vers Koloye, à 15 kilomètres de là. Des douzaines d'habitants auraient été tués pendant cette attaque. Les miliciens ont ensuite attaqué Koloye et les déplacés de Modeyna ont dû fuir une nouvelle fois, cette fois vers Gouroukoun, un village près de Goz Beida, qui accueille actuellement près de 11 000 déplacés.
Le 13 avril, des centaines de Janjawid ont attaqué le village de Djawara, massacrant plus de 100 hommes et volant des centaines de têtes de bétail. Djawara, à 60 kilomètres de la frontière soudanaise, et d'autres villages alentour sont maintenant désertés. La plupart des habitants ont fui vers le nord-est vers Dogdore pour rejoindre d'autres personnes récemment déplacées internes. Dogdore accueille maintenant environ 9 000 déplacés tchadiens.
Les équipes de l'UNHCR se sont entretenues avec de nombreux déplacés dans des installations spontanées. Ils disent que les attaques ont été perpétrées par les milices janjawid venues depuis le Soudan. Ils ont également dit qu'à plusieurs occasions, ils ont reconnu des Tchadiens d'autres tribus prenant part eux aussi aux attaques avec les milices janjawid soudanaises. Ils prétendent que ces Tchadiens ont conclu des accords avec les milices pour éviter les attaques sur leur propre propriété et leur bétail.
Le 1er mai, un groupe de 150 janjawid ont attaqué des gardiens de troupeaux près de Koukou, volant 2 000 têtes de bétail et tuant 5 personnes. Des attaques répétées depuis début avril près de la frontière, particulièrement sur le village de Singitao, ont causé de nouveaux déplacements près du camp de réfugiés de Goz Amir. Les agences des Nations Unies et les ONG ont pu transférer quelque 1 300 personnes déplacées vers le village de Habile près de Koukou.
L'arrivée de personnes déplacées supplémentaires dans les villages et les villes tchadiens met souvent à rude épreuve les ressources déjà limitées, notamment pour l'eau. La ville de Goz Beida, avec 6 000 habitants habituellement, accueille 14 000 réfugiés soudanais dans le camp de Djabal et doit maintenant compter avec 11 000 personnes supplémentaires, déplacées tchadiennes originaires du village isolé de Gouroukoun. A cause des ressources en eau limitées, nous avons commencé à transférer certaines de ces populations vers d'autres villages autour de Goz Beida. Jusqu'à présent, nous avons transporté 2 000 personnes par camion de l'UNHCR.
Ces transferts font partie d'une approche groupée inter-agence concernant les questions des déplacés dans l'est du Tchad. L'UNHCR est responsable de la protection et de l'hébergement ; l'UNICEF de la santé et de la distribution de l'eau ; et le PAM pour la sécurité alimentaire. Un petit nombre d'ONG travaille également avec nous.
A nouveau nous lançons un appel d'urgence aux autorités du Tchad et du Soudan pour qu'elles renforcent la sécurité dans les régions frontalières afin de prévenir toute nouvelle attaque et tout nouveau déplacement, et nous appelons à un plus grand engagement de la communauté internationale pour gérer la très sérieuse question de la propagation de l'instabilité et de l'insécurité.
Au total, 213 000 réfugiés soudanais se trouvent actuellement dans l'est du Tchad ainsi que 50 000 personnes déplacées. Il y a également quelque 47 000 réfugiés originaires de la République centrafricaine dans le sud du Tchad.