La situation à l'est du Tchad
La situation à l'est du Tchad
La situation sécuritaire est calme ce matin à l'est du Tchad dans la ville d'Abéché, théâtre de troubles le week-end dernier lorsqu'elle a été brièvement occupée par les rebelles tchadiens puis reprise par les forces gouvernementales. Abéché est le centre de nos opérations dans l'est du Tchad, qui risquent d'être gravement affectées par le pillage de nos entrepôts, apparemment par des habitants de la ville, le week-end dernier. Nous avons perdu 80 pour cent de nos stocks - voir le communiqué de presse publié hier pour plus de détails.
La situation sécuritaire en dehors de la ville d'Abéché demeure incertaine ; des informations font état de la présence de rebelles ainsi que de militaires tchadiens. Des mouvements se dérouleraient également notamment au nord d'Abéché dans la région de Am Zoer, sur la route de Guéréda. Cela a également un impact sur l'action des agences humanitaires dans l'est, où nous devons venir en aide à quelque 300 000 réfugiés et déplacés tchadiens.
Compte tenu des restrictions sécuritaires et de l'incertitude, nous sommes actuellement en train de transférer des employés internationaux non essentiels depuis l'est du Tchad, notamment ceux d'Abéché et de nos bureaux de terrain. Nous comptons actuellement 95 employés internationaux au Tchad, incluant 67 d'entre eux dans l'est. Parallèlement, nous allons déployer d'autres experts internationaux, notamment des logisticiens et des acheteurs, aujourd'hui absolument essentiels à cause de la perte de nombreux articles de secours après le pillage des entrepôts à Abéché pendant le week-end. Nous avons besoin de réassortir nos stocks pour qu'il n'y ait pas de rupture dans l'acheminement de l'aide.
Depuis le 26 novembre, le lendemain des attaques sur Abéché, 179 personnes ont été enregistrées à la base militaire française à Abéché pour être évacuées - notamment 25 personnes des agences des Nations Unies (les autres étant employées par des ONG). Parmi elles, 31 personnes ont été transférées à N'Djamena, la capitale tchadienne. Une autre rotation par avion est prévue aujourd'hui avec 40 personnes et un avion de l'UNHCR est également attendu. Des familles d'employés internationaux travaillant à N'Djamena ont été évacuées sur Yaoundé, au Cameroun, à la fin de la semaine dernière.
Des activités à l'intérieur des camps de réfugiés dans l'est se poursuivent, mais l'instabilité de la sécurité pourrait avoir un impact sur notre assistance aux réfugiés dans un avenir proche. Nous avons également dû réduire nos activités de contrôle dans l'est, et particulièrement dans la région de Guéréda où des réfugiés du Darfour sont arrivés récemment depuis la région du Djebel Moun.
A Abéché, des inventaires ont été effectués après les pillages du week-end de nos entrepôts. Les entrepôts de l'UNHCR sont gérés par l'agence allemande GTZ. Nous estimons que les entrepôts contenaient pour environ 1,3 millions de dollars de matériels de secours, notamment des couvertures, des tentes, des kits de cuisine, des bâches en plastique, des réchauds, des matelas et du matériel médical. Tous ces produits étaient destinés à être distribués aux réfugiés dans les camps. Même les roues des véhicules garés devant les entrepôts ont emportées, ainsi que les batteries. Toutes les pièces de rechange de notre flotte comptant près de 200 véhicules ont également été volées. Tout l'équipement électronique de bureau a été dérobé.
Les autorités d'Abéché ont appelé les pilleurs à rapporter les objets volés, ou à les laisser dans les rues où ils seraient alors collectés par les agences humanitaires et l'armée. Jusqu'à présent, cependant, nous n'avons récupéré qu'un petit nombre de ces biens.
Parallèlement, une distribution d'aide, qui avait été différée, a commencé hier pour les personnes récemment déplacées qui se trouvent dans les faubourgs de Goz Beida. Le PAM a distribué des rations alimentaires. L'UNHCR et ses partenaires ont fourni des secours non alimentaires tels que des bâches en plastique, des matelas, des couvertures, de l'eau, des kits d'hygiène et du savon. D'autres encore doivent être distribués aujourd'hui. L'UNHCR estime qu'au moins 15 000 Tchadiens ont été déplacés depuis début novembre après les attaques inter-commune dans le sud-est du Tchad, qui ont porté le nombre total de déplacés dans l'est du Tchad à 90 000 personnes depuis l'année dernière.