Italie : différence d'interprétation des statistiques avec les médias italiens

Certaines statistiques erronées ont été rapportées par la presse italienne à propos des taux de reconnaissance des demandeurs d'asile (soit environ 92 % des demandes d'asile en Italie sont rejetées ou, du point de vue inverse, seulement 8 % sont reconnus comme réfugiés). Ceci représente une mauvaise interprétation de la réalité.

Selon les statistiques officielles 2004 de la Commission centrale d'éligibilité (CEC), l'Italie a examiné 8 701 demandes d'asile.

Cette Commission a appliqué la Convention de 1951 sur le statut des réfugiés à 780 cas (soit 8,96 %) alors que 7 921 (soit 91,04 %) ont été classés « rejetés », ce sont les données sur lesquelles se basent les derniers rapports. Mais si ces chiffres sont étudiés de plus près, l'interprétation peut en être très différente.

Le chiffre de 7 921 « cas rejetés » inclut 2 352 personnes qui étaient en fait reconnus sous des formes subsidiaires de protection internationale. En d'autres termes, des personnes ont été reconnues pour une situation semblable à celle de réfugié, notamment les personnes fuyant la guerre et les violences. Aussi 27,03 % du nombre total de cas examinés ont été reconnus selon la protection subsidiaire, auxquels s'ajoutent les 8,96 % de personnes reconnues selon la Convention de 1951.

Au total, en 2004, l'Italie a reconnu selon différentes formes de protection internationale quelque 3 132 personnes, soit 36 % des personnes qui avaient engagé des procédures de demande d'asile. De plus, il ne s'agit là que des décisions de première instance, ces données n'incluent pas les personnes reconnues en appel.

De plus, 2 627 (soit 30,19 %) personnes sur le nombre total de demandeurs d'asile pour une raison ou une autre n'ont pas été au bout la procédure de première instance. Elles sont elles aussi classées dans la catégorie « rejetés », quand bien même une certaine proportion d'entre elles pourrait être en fait considérées comme réfugiées ou qui pourraient bénéficier de la protection subsidiaire.

Si on décompte ce groupe (car nous n'avons aucune idée s'il compte ou non des réfugiés), le nombre de procédures d'asile effectivement examinées objectivement par la Commission en 2004 est de 6 074. Si nous calculons alors les taux de reconnaissance sur la base du nombre de cas réellement examinés, les résultats sont les suivants :

Convention de 1951 : 12,8 %
Forme subsidiaire de protection internationale : 38,7 %

Cela donne donc un total de 51,5 % des demandeurs d'asile dont les cas ont été réellement examinés en Italie en 2004 et jugés justifier d'une protection internationale. Il y a là une grande différence entre la proportion de 8 % de reconnaissance régulièrement rapportée par la presse italienne et celle de 51 % de reconnaissance comme décrite ci-dessus (ou 36 %, si vous estimez que pas un seul de ceux qui ont laissé tomber la procédure était réellement un réfugié).