Iraq : Le taux de déplacement augmente

La situation humanitaire en Iraq continue de se détériorer au regard du nombre de déplacés iraquiens qui augmente, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Actuellement, on estime à 4,2 millions les Iraquiens qui sont déracinés de chez eux, avec - selon l'UNHCR et le Croissant-Rouge Iraquien - un taux mensuel de déplacements dépassant les 60 000 personnes, comparé au chiffre précédent de 50 000 personnes. Les déplacements augmentent car les Iraquiens sont confrontés aux difficultés d'accéder aux services sociaux à l'intérieur de l'Iraq, et nombre d'Iraquiens choisissent d'abandonner les zones d'ethnies mixtes avant qu'ils ne soient contraints de le faire. Quelques Iraquiens qui sont restés dans le pays jusqu'à la fin de l'année scolaire ont commencé à quitter le pays avec leurs familles.

Plus de 2 millions d'Iraquiens sont déplacés à l'intérieur de l'Iraq, avec plus d'un million d'entre eux déplacés depuis les attentats de Samarra, en février 2006. Alors que la plupart des incidents surviennent dans le centre et dans le sud du pays, les déplacements ne se limitent pas à ces régions. Au nord, on dénombre plus de 780 000 déplacés iraquiens, plus de 650 000 au centre du pays et 790 000 dans le sud. Plusieurs d'entre eux survivent à peine dans des camps de fortune, inaccessibles aux travailleurs humanitaires pour des raisons de sécurité.

La Syrie, qui a généreusement gardé ses frontières ouvertes aux Iraquiens en fuite, estime que plus de 1,4 millions d'Iraquiens sont présents dans le pays. La Jordanie estime entre 500 000 et 750 000 le nombre d'Iraquiens dans le pays. Le nombre des demandeurs d'asile iraquiens en Europe au cours du premier semestre 2007 a augmenté à près de 20 000 personnes, ce qui correspond au même chiffre que celui de toute l'année 2006.

Avec plus de 300 personnes travaillant pour l'opération en Iraq, l'UNHCR a maintenant enregistré plus de 170 000 réfugiés dans les pays voisins de l'Iraq, dont 15 pour cent nécessite une assistance particulière, dont plusieurs personnes traumatisées et victimes de tortures. Depuis le début de l'année, nous avons présenté plus de 13 200 dossiers d'Iraquiens des cas les plus vulnérables aux pays de réinstallation, dont 9 888 cas aux Etats-Unis, et 3 444 dossiers à l'Australie, au Canada, au Royaume Uni, à la Nouvelle-Zélande, à la Suède, au Danemark, à la Finlande, à la Norvège et au Brésil. Jusqu'à présent, seules quelques centaines de cas ont été réinstallés dans un pays tiers. Nous demandons avec insistance aux pays de réinstallation de statuer rapidement, afin de faciliter le départ des plus vulnérables, dont la plupart sont des cas médicaux urgents, des femmes seules chef de famille, des victimes de la torture et autres. La réinstallation, toutefois, demeure une option uniquement pour les cas les plus vulnérables. Notre objectif cette année est de présenter plus de 20 000 demandes de réinstallation d'Iraquiens aux gouvernements.

En Jordanie, la semaine dernière, une nouvelle année scolaire a commencé. La Jordanie a ouvert les écoles publiques à 50 000 enfants iraquiens en plus. L'UNHCR a salué cette généreuse action des Jordaniens et fait tout ce qu'il peut pour aider la Jordanie et la Syrie qui sont confrontées à des pressions supplémentaires sur le système éducatif, en construisant et réhabilitant les écoles, en fournissant le transport, le matériel scolaire et les salaires pour les enseignants supplémentaires et en mettant en place des classes dans les écoles avec un système de rotation, permettant de suivre un groupe d'élèves le matin et un second l'après-midi. En juin, l'équipe de l'UNHCR en Syrie a lancé la campagne « Retour à l'école » pour encourager le maximum d'enfants iraquiens à s'inscrire pour la nouvelle année scolaire. En Syrie, l'école reprend à la mi-septembre.

Plusieurs enfants réfugiés iraquiens ne sont toujours pas inscrits pour diverses raisons. Quelques-uns sont trop traumatisés par leurs expériences en Iraq pour aller en classe, d'autres ne cherchent qu'à survivre ou à aider des membres de famille, quelques parents, illégalement sur le territoire, craignent d'être découverts. L'UNHCR et ses partenaires tentent d'apporter le plus de soutien et de conseils possibles, mais le nombre de personnes touchées dépasse de loin les ressources que nous pouvons actuellement fournir.

En Iraq, l'UNHCR et ses partenaires tentent de faire le maximum pour aider les réfugiés, bien que les conditions de sécurité rendent cela difficile. Nous fournissons une assistance d'urgence aux plus nécessiteux, nous visitons les sites de déplacés ouverts ou les camps de fortune en fournissant des articles non alimentaires et des abris d'urgence.

Le long de la frontière entre l'Iraq et la Syrie, la situation demeure désespérée pour plus de 1 600 Palestiniens bloqués dans deux camps, Al Tanf et Al Waleed. Quelque 15 000 Palestiniens demeurent en Iraq et sont menacés, tués et kidnappés quotidiennement et - contrairement aux Iraquiens - ne peuvent trouver refuge au sein de communautés amies à l'intérieur de l'Iraq ou de pays voisins. Récemment, heureusement, la Syrie et la Norvège ont accepté quatre des cas médicaux les plus urgents, avec leurs familles, se trouvant dans les camps frontaliers, pour lesquels nous avions demandé une évacuation médicale d'urgence. Il y a encore plusieurs Palestiniens malades - notamment des enfants - qui ont besoin de quitter rapidement la zone frontalière dangereuse et insalubre, où la température a atteint récemment 50 degrés.

Nous soulignons encore le besoin urgent de trouver une solution humanitaire pour ce groupe de réfugiés.

L'UNHCR a lancé un appel de 223 millions de dollars pour la crise humanitaire en Iraq. Le premier appel de 123 millions de dollars a été financé à hauteur de 75 pour cent. Mais le second appel de 129 millions sur l'éducation, lancé conjointement avec l'UNICEF, qui avait pour objectif de re-scolariser près de 150 000 enfants réfugiés d'Iraq dans des pays voisins, n'a toujours pas été financé, bien que nous avons de bonnes indications que le financement devrait nous parvenir.

Nous continuons de lancer des appels pour plus de soutien et aussi pour encourager les donateurs à fournir une aide directe bilatérale aux pays d'accueil des réfugiés, dont les écoles, les hôpitaux, les services publics et les infrastructures sont sérieusement surchargés, en raison de la présence de millions d'Iraquiens qu'ils ont si généreusement accueilli.