Colombie : une mission du HCR fait état de la détérioration de la situation humanitaire dans la région de Chocó
Colombie : une mission du HCR fait état de la détérioration de la situation humanitaire dans la région de Chocó
Une mission de l'UNHCR, tout juste rentrée du nord-ouest de la Colombie, fait état d'une dégradation très préoccupante de la situation humanitaire dans la région de Chocó. Cette partie de la Colombie est située le long de la Côte Pacifique et s'étend au nord vers la frontière avec le Panama.
Une équipe de l'UNHCR basée à Bogota s'est rendue dans la zone, après que six déplacés internes aient été tués la semaine dernière (16 octobre) par des membres d'un groupe armé irrégulier. Quatre autres hommes, également déplacés internes, ont été blessés au cours de ce même incident.
L'équipe a découvert que les six victimes provenaient du même quartier à Quibdó, où ils avaient précédemment fui pour échapper au conflit armé dans d'autres parties de Chocó et où ils ont été enregistrés par l'Etat en tant que déplacés. Les six personnes, avec d'autres habitants du quartier, avaient récemment accepté une offre d'emploi dans une mine d'or à Istmina, à environ deux heures au sud de Quibdó. Avec peu d'autres perspectives de travail, cette offre représentait une rare chance de gagner un salaire et de vivre dans de meilleures conditions. Seulement deux jours après qu'ils aient commencé ce travail, ils ont été tués par des membres d'un groupe armé irrégulier qui étaient arrivés à la mine en uniforme et portant des armes.
L'UNHCR en Colombie a exprimé sa préoccupation au sujet de cet incident grave, le dernier d'une série d'abus graves commis à l'encontre de la population par des groupes armés irréguliers dans cette partie de Chocó. Des civils, y compris des communautés de déplacés, ont fait l'objet de menaces, d'intimidation, de violence et d'assassinat. Le Diocèse d'Istmina fait état de 23 meurtres ciblés dans cette seule ville depuis le 1er septembre.
La région est couverte de forêt tropicale humide, avec l'une des biodiversités les plus riches au monde, avec des minerais rares et du bois précieux, ainsi que des rivières permettant l'accès direct à l'océan Pacifique. C'est un territoire stratégique que se disputent les groupes armés irréguliers depuis des années et qui a vu une reprise des combats ces derniers mois.
L'UNHCR craint particulièrement que la situation humanitaire qui se dégrade n'entraîne de nouveaux déplacements forcés depuis cette zone, qui est le lieu de vie des Afro-Colombiens et des communautés indigènes. En vertu des principes des lois constitutionnelles et internationales, l'Etat a une obligation spéciale de protéger contre le déplacement les minorités ethniques ayant une relation particulière à la terre, ce qui est le cas pour les communautés noires et indigènes en Colombie.
Les meurtres des six déplacés internes afro-colombiens sont survenus durant la semaine au cours de laquelle la Cour constitutionnelle de Colombie avait siégé pour passer en revue les mesures prises par le gouvernement pour protéger les communautés afro-colombiennes du déplacement contraint. La Cour a jugé que, l'année dernière, il existait certaines « lacunes persistantes » en matière d'attention particulière, tant dans la prévention que dans l'assistance.
La Colombie compte quelque 2,2 millions de personnes officiellement enregistrées comme personnes déplacées internes (des sources indépendantes avancent le chiffre de plus de trois millions). Par ailleurs, au moins 500 000 réfugiés colombiens se trouvent dans les pays avoisinants.