Colombie : témoignages de violence et d'intimidation envers les jeunes déplacés
Colombie : témoignages de violence et d'intimidation envers les jeunes déplacés
L'UNHCR est extrêmement préoccupé par les rapports faisant état de violences et d'intimidation à l'encontre de jeunes déplacés dans les villes de Colombie. Les organisations travaillant avec les personnes déplacées en Colombie continuent de rapporter des meurtres ciblés, des extorsions, des violences sexuelles, des prêts avec intérêts et des enrôlements forcés dans des groupes armés irréguliers ou des réseaux de prostitution. Les jeunes déplacés sont particulièrement vulnérables à ce type de violence et d'abus.
Il y a plus de 1,5 million de personnes déplacées recensées en Colombie, bien le nombre total estimé s'élève, lui, entre 2 millions et 3,5 millions de personnes. Selon les chiffres avancés par le gouvernement, près d'un million de personnes déplacées vivent dans les grandes villes, parmi lesquels, quelque 400 000 adolescents et de personnes âgées de moins de 29 ans.
Dans certains quartiers de la ville, des groupes armés sont connus pour avoir imposé des couvre-feux et interdit des comportements qu'ils désapprouvent tels que les piercing, les robes courtes portées par les femmes et les cheveux longs chez les hommes. Les personnes qui désobéissent à ces ordres risquent des morts violentes. Le dernier exemple en date pour illustrer ce type de violence a été - la semaine dernière (le 11 mai) - le meurtre par un homme armé inconnu d'au moins deux garçons âgés de 14 et 16 ans à Altos de Cazucá, un quartier à la périphérie de la capitale Bogota qui accueille plus de 20 000 personnes déplacées. Après cet incident, 7 autres jeunes hommes ont été portés disparus dans le même quartier. Selon les témoignages, le mobile de ces meurtres et des disparitions forcées serait la désobéissance au couvre-feu imposé par le groupe armé irrégulier opérant dans ce quartier.
Le 21 avril, 12 autres jeunes, âgés de 15 à 22 ans ont été retrouvés morts, tués par un homme armé non identifié dans la ville de Buenaventura. Des attaques similaires contre les jeunes déplacés ont été rapportées dans d'autres villes colombiennes, notamment Barranquilla, Barrancabermeja et Bucaramangua.
L'UNHCR a également été informé que, dans le but d'exercer socialement un contrôle sur quelques personnes déplacées, des membres de groupes armés irréguliers les encouragent à contracter des prêts à taux d'intérêt journalier. S'ils échouent dans le remboursement de leur emprunt ou de l'intérêt, eux-mêmes ou leur familles font alors l'objet de toutes sortes d'abus, y compris des abus sexuels.
L'UNHCR a été informé que les jeunes hommes déplacés dans la région d'Uruba, sur la côte des Caraïbes, Magdalena et d'autres régions ont été enrôlés de force par des groupes armés irréguliers.
Les jeunes déplacés sont également exposés à d'autres menaces. Selon une étude récente, seul 1 élève sur 8 est retourné à l'école après avoir été déplacé. Les filles déplacées sont plus vulnérables à l'exploitation sexuelle et à la grossesse adolescente que les autres jeunes (30 % des femmes déplacées âgées de moins de 20 ans ont au moins un enfant, comparé aux 19 % parmi les femmes non déplacées).
L'UNHCR est préoccupé par le fait que, en raison de la violence et des intimidations des groupes armés irréguliers sévissant dans des zones urbaines, les personnes déplacées se retrouvent déracinées une seconde fois, voire une troisième fois. Il est très important que l'UNHCR poursuive son travail avec les autorités et la société civile pour s'assurer que les personnes déplacées, particulièrement les jeunes, reçoivent la protection et l'assistance auxquelles elles ont droit - tout en leur évitant de devenir des proies pour les groupes de criminels ou les groupes armés irréguliers. Des politiques pour garantir leur accès à l'éducation, empêcher leur recrutement par ces groupes et assurer leur sécurité physique sont nécessaires d'urgence.