Colombie : l'équipe d'évaluation du HCR rapporte que la situation est tendue dans le département de Nariño

Une équipe de l'UNHCR, de retour d'une mission de contrôle dans le département de Nariño, au sud de la Colombie, rapporte que la situation dans la région demeure très tendue après une nouvelle vague d'insécurité et de violence qui a provoqué le déplacement forcé de milliers de personnes depuis début 2006.

Pendant cette mission de 3 jours, l'équipe a rendu visite à plusieurs communautés dans le nord du département de Nariño pour évaluer la situation d'un groupe de quelque 2 200 personnes rentrées dans la région à la fin mai après avoir été victimes d'un déplacement forcé. L'équipe a trouvé que les problèmes de protection dans la région demeuraient encore inquiétants et s'étendent même à la population civile, notamment les personnes déplacées et les communautés qui courent un risque important de déplacement forcé ainsi que ceux qui sont rentrés récemment.

Certains des plus importants défis auxquels la population doit faire face sont notamment la présence de groupes armés irréguliers, des menaces et des meurtres ciblés de civils, des combats entre les groupes, l'absence d'institution gouvernementale - notamment pour ce qui concerne la santé et l'éducation - et le manque d'opportunités économiques stables. Dans un environnement aussi difficile, des personnes dans plusieurs lieux ont montré beaucoup de réticence à s'exprimer.

L'équipe a également rapporté qu'il y avait plus de cas de déplacements forcés dans cette région durant les dernières semaines. Le village de Santa Lucia, par exemple, est maintenant totalement vidé de ses habitants après que d'intenses combats aient eu lieu entre groupes illégaux à la fin du mois de mai. Beaucoup de personnes partent vers la capitale provinciale, Pasto, où jeudi l'église a confirmé que localement quelque 500 personnes déplacées (soit 128 familles) sont arrivées au cours du mois.

Depuis début 2006, plus de 9 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs maisons à Nariño à cause du conflit armé. Nariño, dans le sud-ouest du pays, à la frontière avec l'Equateur, est l'une des régions les plus pauvres et les moins développées de Colombie, avec une population d'environ un demi-million de personnes. Des minorités ethniques représentent une relativement importante part de la population (8 % d'indigènes et 18 % d'Afro-Colombiens) et elles sont gravement affectées par le conflit. C'est le cas dans toute la Colombie, avec des conséquences plus graves lors de déplacements forcés pour les ethnies minoritaires que pour le reste de la population.

Actuellement quelque 2,5 millions de personnes sont déplacées internes en Colombie. C'est la plus importante population relevant de la compétence de l'UNHCR parmi tous les pays dans le monde. Notre travail en faveur des personnes déplacées en Colombie a débuté à la fin des années 90. L'UNHCR travaille en coordination avec les institutions d'Etat au niveau national et local et avec la société civile, notamment les organisations de personnes déplacées, pour trouver des solutions durables pour ceux qui ont déjà été déplacés, pour garantir la protection de leurs droits aux personnes déplacées et pour éviter de nouveaux déplacements forcés.