Trois chefs d'agences de l'ONU en visite extraordinaire dans la région des Grands Lacs
Trois chefs d'agences de l'ONU en visite extraordinaire dans la région des Grands Lacs
Le 24 février 2006,
GENEVE - Les chefs des trois plus importantes agences humanitaires des Nations Unies s'apprêtent, pour la première fois, à visiter ensemble leurs opérations conjointes. Samedi, ils se rendront au c*ur de l'Afrique, dans la région oubliée des Grands Lacs. Ils veulent ainsi mettre l'accent sur les souffrances des millions de personnes réfugiées, déplacées et rapatriées après des années d'exil.
Ce voyage sans précédent en Afrique est le symbole de la coopération étroite entre les trois agences, qui résulte des problématiques communes à leurs mandats respectifs.
James Morris, Directeur Exécutif du Programme Alimentaire Mondial (PAM), Ann M. Veneman, Directeur Exécutif de l'UNICEF et António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) se rendront en République démocratique du Congo (RDC), au Rwanda et au Burundi du 25 février au 2 mars prochains.
Ils rencontreront les présidents des trois pays, les bailleurs de fond, les agences des Nations Unies et les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires. Ils se rendront également sur les sites de projets communs dans chacun des trois pays.
Les représentants des agences des Nations Unies appellent la communauté internationale à se préoccuper du sort des personnes chassées de leur foyer par les violences dans l'est de la RDC et de celles qui ont choisi de rentrer volontairement en RDC, au Rwanda et au Burundi après des années d'exil.
« 2006 est une année charnière pour la région des Grands Lacs, avec les élections nationales en RDC prévues avant la fin juin, et après celles qui se sont tenues au Burundi en août dernier. Toutefois, pour la majorité de la population, les progrès politiques doivent être accompagnés d'une assistance humanitaire substantielle », ont déclaré, avant de partir, les représentants des trois organisations.
Les trois agences des Nations Unies manquent de financement pour leurs opérations dans la région des Grands Lacs, qui sort d'une succession de conflits ayant provoqué l'exode de millions de personnes dans les années 90.
Par leur visite, les agences des Nations Unies veulent souligner les besoins des groupes vulnérables, particulièrement des personnes déplacées, susciter plus d'engagement de la part des pays donateurs pour les urgences et les reconstructions post-conflit, et explorer les moyens de combler le fossé existant entre les opérations d'urgence et le développement dans ces pays.
L'accent sera également mis sur la promotion de l'éducation comme moyen de mettre un terme au cycle des conflits et de la pauvreté, de faciliter la compréhension des défis quotidiens auxquels doivent faire face les personnes les plus vulnérables et de promouvoir l'engagement de leurs agences respectives dans la lutte contre la faim dont souffrent les enfants.
République démocratique du Congo
En RDC, les trois représentants se rendront à Kinshasa pour visiter un centre nutritionnel et un projet pour les enfants des rues dans les banlieues de la capitale. Ils s'envoleront ensuite pour l'est du pays, où ils rencontreront des réfugiés de retour de Tanzanie dans le centre de transit du port de Baraka dans la province du Sud-Kivu. Ils visiteront également des écoles soutenues par le PAM et l'UNICEF.
Le conflit en RDC a fait environ 4 millions de morts depuis 1998. Certaines zones de l'est du pays sont encore régulièrement la proie de groupes armés qui terrorisent la population et combattent les troupes gouvernementales. 420 000 Congolais ont cherché refuge dans les neuf pays voisins et en Afrique australe. La RDC accueille, pour sa part, plus de 200 000 réfugiés.
De nombreux Congolais ne peuvent pas cultiver leurs champs du fait de l'insécurité. Les civils sont victimes d'attaques, de viols, de tortures et d'exécutions sommaires. Les taux de malnutrition dans l'est du pays oscillent entre 10 % et 20 % et plus d'1,6 million de Congolais sont déplacés à l'intérieur du pays et sont dans l'incapacité de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.
Des combats récents ont déplacé des dizaines de milliers de personnes, en particulier des femmes et des enfants dans le Katanga et le Nord Kivu, d'où la nécessité d'une réponse humanitaire continue et flexible. En 2005, plus de 46 000 réfugiés et des milliers de déplacés sont rentrés chez eux et luttent aujourd'hui pour reconstruire leur foyer et leur vie.
Rwanda et Burundi
Après la RDC, les représentants des agences humanitaires se rendront au Burundi afin de rencontrer les présidents des deux pays, les bailleurs de fonds, les agences des Nations Unies et les ONG. Ils visiteront également un camp de réfugiés congolais, une école, un projet de lutte contre le VIH/SIDA et un mémorial en souvenir du génocide rwandais.
Durant ces trois dernières années, 25 000 réfugiés sont rentrés chaque année au Rwanda. Il y a 43 000 réfugiés dans six camps et centres de transit au Rwanda, où 90 % de la population vit en milieu rural. Leurs activités agricoles qui constituent leur principale source de subsistance sont largement tributaires des pluies.
Comme en RDC, les Burundais préfèrent voir les dividendes de la paix plutôt que de risquer un retour vers l'insécurité, après les progrès politiques réalisés et l'élection d'un nouveau gouvernement faisant suite à plus de dix ans d'une guerre civile qui a fait 300 000 morts.
Au Burundi, 2,2 millions de personnes, dont des réfugiés et des personnes rentrées d'exil, ont besoin d'aide alimentaire en 2006 en raison des faibles pluies, de la maladie du manioc et de la pauvreté généralisée. Un total de 10 000 réfugiés en provenance de RDC et de 20 000 Rwandais arrivés récemment vit dans des camps au Burundi. Le pays compte également 140 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays.
L'amélioration de la situation politique au Burundi et un accord entre les gouvernements du Rwanda et du Burundi avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) ont entraîné l'augmentation des retours volontaires de réfugiés.