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Mouvement mondial du personnel du HCR contre les assassinats de travailleurs humanitaires

Communiqués de presse

Mouvement mondial du personnel du HCR contre les assassinats de travailleurs humanitaires

21 Septembre 2000

Des milliers de travailleurs humanitaires se sont regroupés jeudi dans les capitales, villes et villages du monde entier pour demander le renforcement des mesures de protection du personnel humanitaire. Le mouvement faisait suite au quatrième meurtre d'employés du HCR en moins de deux semaines.

A Genève, une foule d'environ 1 000 personnes s'est regroupée à midi sur la Place des Nations, avant d'entamer une marche de protestation jusque devant les bureaux du HCR. Mme Sadako Ogata, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, y a fait une intervention réclamant la mise en place de mesures concrètes pour une sécurité accrue pour le personnel.

En ce qui le concerne, a déclaré Mme Ogata, le HCR est en train de réévaluer la totalité de ses normes de sécurité, qui constituent des critères déterminants dans le processus de décision d'une suspension d'opérations ou d'une évacuation.

« Si nous sommes prêts à reconnaître les risques inhérents à notre métier, cela ne supprime pas le besoin de réduire ces risques au minimum » a-t-elle déclaré. « Nous n'hésiterons pas à mettre en place une évacuation rapide, lorsque les risques dépassent les bénéfices de l'assistance que nous apportons. »

Mme Ogata a également appelé la communauté internationale à remplir son devoir de protection pour les travailleurs humanitaires dans le monde entier.

« Il est important que mon appel soit entendu » a ajouté Mme Ogata, qui avait écourté sa mission en Iran, en Afghanistan et au Pakistan pour revenir à Genève, quelques heures seulement avant la manifestation organisée par le Conseil du personnel du HCR. « J'ai, à maintes reprises, demandé aux Etats, en particulier à ceux qui en ont les moyens, de respecter leurs obligations en matière de protection de tous les travailleurs humanitaires. »

Selon Madame Ogata, l'une des voies à explorer serait l'adoption de lois internationales applicables dans toutes les situations faisant intervenir des travailleurs humanitaires. Des clauses spécifiques devraient être mises en place pour contraindre les pays à punir, de façon rapide et appropriée, tous ceux qui tuent, attaquent, menacent ou attentent, de toute autre manière, à la sécurité du personnel humanitaire.

Au niveau des opérations, Madame Ogata s'est prononcée en faveur de mesures variées qui comprennent :

  • le renforcement des pouvoirs de l'organe pour la sécurité du personnel onusien, ou UNSECOORD (Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les mesures de sécurité) ;

  • une plus stricte application des mesures de sécurité sur le terrain, y compris en terme d'équipements et de communication ;

  • l'optimisation des échanges d'informations sur lesquelles se reposent les agences travaillant en première ligne. « Toutes ces mesures concrètes sont des mesures coûteuses » a-t-elle ajouté.

« L'ONU, aujourd'hui, a grand besoin du soutien et des ressources nécessaires à leur réalisation. J'espère que les gouvernements sauront se mobiliser d'urgence, sans attendre qu'un autre incident tragique ne vienne les rappeler à leurs devoirs. »

« Il est indispensable que la communauté internationale intensifie ses efforts de maintien de la paix et envisage de nouveaux mécanismes pour le rétablissement de la paix. »

Des représentants d'autres organisations et d'ONG, dont le Comité international de la Croix Rouge, le Programme alimentaire mondial et l'UNICEF, ont rallié la marche de protestation, organisée par le Conseil du personnel et précédée d'un service funéraire au Palais des Nations.

« Nous sommes des travailleurs humanitaires, pas des martyrs » a déclaré le Président du Conseil du personnel, Naveed Hussain.

Parmi les intervenants figuraient Mme Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies pour les Droits de l'homme. M. Vladimir Petrovsky, Directeur général de l'office des Nations Unies à Genève, avait également transmis à l'assemblée un message du Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan.

Le service funéraire de jeudi rendait hommage à M. Mensah Kpognon, employé de longue date du HCR assassiné dimanche dernier lors d'une attaque perpétrée à Macenta, en Guinée, par des hommes armés non identifiés. Les personnes présentes à la cérémonie ont également demandé la remise en liberté de Laurence Djeya, ressortissante de Côte d'Ivoire, enlevée le même jour par les agresseurs de M. Kpognon. Le HCR, les gouvernements et d'autres organisations n'ont ménagé aucun effort pour retrouver la trace de Mme Djeya, dont on est sans nouvelles depuis dimanche, et assurer sa libération immédiate.

Agé de 50 ans, M. Kpognon était originaire de Lomé, au Togo. Il était marié et père de quatre enfants, dont deux ont fait le déplacement pour assister à la cérémonie de jeudi à Genève. M. Kpognon était le quatrième employé du HCR tué en l'espace de deux semaines. Trois autres collègues avaient été tués par des miliciens armés de machette, à Atambua, au Timor occidental, le 6 septembre dernier.

« Il y a tout juste neuf jours, nous étions réunis en ce même lieu pour rendre hommage à la mémoire de Samson Aregahegn, Carlos Caceres-Collazo et Pero Simundza, tués à Atambua » a dit Mme Ogata. « Nous avons été accablés par la nouvelle de l'attaque de Macenta, qui nous est parvenue alors que nous étions encore sous le choc. »

D'autres cérémonies et hommages aux victimes ont été organisés jeudi dans le monde entier, par les 5 000 employés du HCR qui, souvent, s'exposent aux dangers en travaillant dans des régions reculées.

« Je porte ce brassard blanc aujourd'hui, avec vous, pour exprimer ma solidarité avec nos collègues, dans les 270 bureaux du HCR à travers le monde - depuis l'Angola, au Sri Lanka, en passant par la Colombie, je n'ai qu'un message à faire passer, a déclaré Mme Ogata : nous en avons assez. »