Monsieur Lubbers offre des nouvelles approches pour les questions d'asile et de migration
Monsieur Lubbers offre des nouvelles approches pour les questions d'asile et de migration
Le 28 mars 2003
VERIA, Grèce - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés M. Ruud Lubbers a déclaré vendredi que l'Union européenne devrait développer en interne une approche unifiée ainsi que de nouvelles stratégies globales afin de répondre de manière efficace à toutes les questions hautement politiques liées à l'asile et à la migration.
Prenant la parole lors d'une rencontre informelle du Conseil des ministres européens de la Justice et de l'Intérieur à Veria, en Grèce, M. Lubbers a dit que les membres de gouvernement devraient se concerter entre eux, ainsi qu'avec les pays en développement, qui accueillent la plus grande partie des réfugiés dans le monde.
« Je dirais que l'Europe n'a d'autre choix que celui de travailler sur ces deux fronts si elle veut répondre de manière efficace à deux phénomènes : celui des mouvements illégaux de demandeurs d'asile vers l'Europe, ainsi qu'à celui des migrants économiques qui paralysent les systèmes d'asile », a-t-il déclaré.
M. Lubbers a proposé une approche en trois temps. Le premier temps sera ciblé sur de nouvelles approches de travail dans les régions d'origine afin de stimuler la recherche de solutions pour les réfugiés sur place, et de s'occuper des mouvements secondaires de réfugiés et de demandeurs d'asile vers l'Europe. M. Lubbers a dit que le but sera de renforcer les capacités des premiers pays d'asile à protéger et à assister les réfugiés, afin qu'ils ne se sentent pas obligés de fuir vers l'Europe ; il faudrait également leur trouver des solutions durables. Ceci comprendra non seulement l'enregistrement des réfugiés, mais également des activités d'autosuffisance menant au rapatriement, à l'intégration dans la région ou à la réinstallation dans un pays tiers.
M. Lubbers a déclaré que son initiative « Convention Plus » créée en 2002, qui fait appel à de nouveaux accords afin de compléter la Convention de 1951 sur les réfugiés, pourrait être utilisée afin de développer des plans d'ensemble pour trouver des solutions régionales, y compris pour le rapatriement de certains groupes de demandeurs d'asile spécifiques. Des accords semblables pourraient viser une aide au développement pour les pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés pendant des périodes prolongées.
« Afin de soutenir ces pays, j'ai proposé un concept que j'ai appelé 'Aide au développement pour les réfugiés' (ADR). Il s'agit d'une aide au développement pour les communautés d'accueil et pour les réfugiés », a-t-il dit. « Ceci rejoint l'initiative des 4R [pour une approche intégrée du rapatriement, de la réintégration, de la réhabilitation et de la reconstruction] et l'initiative DIL [développement à travers l'intégration locale]. De la même manière, la réinstallation - dans une échelle plus grande qu'aujourd'hui - doit faire partie de n'importe quelle approche globale. »
Dans un deuxième temps, la prise de nouvelles initiatives conjointes en Europe même. Elles pourraient inclure la mise en commun des ressources de l'UE pour le traitement et de réception des demandes d'asile, afin que les décisions soient prises plus rapidement quand elles émanent de personnes provenant de pays d'origine qui normalement ne produisent pas des réfugiés. M. Lubbers a déclaré que l'UNHCR était prêt à prendre en compte plus de ces situations « sûres », s'il devient clair que les flux de migration sont composés majoritairement de personnes ne déposant pas de demandes d'asile légitimes du point de vue de la protection internationale.
« Pour les groupes essentiellement composés de migrants économiques, nous prévoyons une réponse incluant des centres de réception fermés, le traitement des demandes par des équipes de l'UE ... et des appels simplifiés avec la participation de l'UNHCR », a dit M. Lubbers. « Ce genre d'approche pourrait avoir un impact dynamique sur votre processus [d'harmonisation du droit d'asile]. Le moment n'est-il pas venu d'avancer dans ce sens ? »
Après le traitement de la demande conjoint, ceux qui auront besoin d'une protection se verront accorder l'asile dans un des pays de l'UE, selon leurs besoins, leurs compétences, leurs liens familiaux et d'autres liens, comme la langue. Pour ceux qui ne se verront pas reconnaître la protection, une action collective de l'UE devra se mettre en place afin d'assurer leurs retours rapides vers leurs pays d'origine.
Puisque les systèmes d'asile nationaux continueront à traiter les demandes d'asile de la part des pays qui « produisent » les réfugiés, un conseil consultatif européen qui incluerait l'UNHCR pourrait également être établi afin d'aider à éliminer les « divergences actuelles dans les pratiques [d'asile] nationales », a-t-il déclaré.
Dans un troisième temps, il faudra se concentrer sur le fonctionnement effectif des systèmes d'asile nationaux en Europe. Si l'UE et les étapes régionales réussissent, a dit M. Lubbers, les systèmes d'asile nationaux pourront se concentrer d'avantage sur les fonctions pour lesquelles ils ont été crées : apporter une protection internationale à ceux qui en ont besoin.