Le HCR préoccupé par l'effondrement de l'accord tripartite au Cambodge
Le HCR préoccupé par l'effondrement de l'accord tripartite au Cambodge
Genève, le 22 mars 2002
Le HCR s'est aujourd'hui dissocié de l'opération de rapatriement des Montagnards au Cambodge engagée en vertu de l'accord tripartite, indiquant que le Viet Nam et le Cambodge avaient violé les termes de cet accord signé en janvier qui prévoyait le retour volontaire de ces réfugiés vers le Viet Nam.
Cette décision fait suite à un grave incident survenu le 21 mars, au cours duquel un groupe de plus de 400 Vietnamiens dans une douzaine de bus a fait irruption dans le camp de réfugiés de Mondulkiri, menaçant et maltraitant les réfugiés et le personnel du HCR qui tentait de les protéger.
Dans une lettre adressée aux ministères des affaires étrangères des deux pays, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Ruud Lubbers s'est déclaré « extrêmement préoccupé » par l'incident.
« Considérant que le HCR ne peut plus prendre part à une opération qui ne se conforme plus à son mandat et au principe de rapatriement volontaire, j'ai le regret de vous informer que le HCR n'a d'autre choix que de se dissocier de l'accord de rapatriement » a déclaré M. Lubbers.
« Je n'estime pas que le contexte général se prête à des rapatriements dans le respect des normes internationales et recommande par conséquent que tous les retours soient suspendus. »
M. Lubbers précise dans sa lettre que les « réfugiés Montagnards ont été soumis à des pressions inacceptables et sans précédent, pour tenter de les rapatrier » et que « le personnel du HCR, qui essayait de protéger les réfugiés, a été maltraité et menacé dans le processus. »
Un enfant a été arraché à ses parents et embarqué de force à bord d'un bus. Le personnel du HCR a plus tard réussi à faire descendre l'enfant du bus et à le remettre à ses parents affolés.
Toujours selon le personnel du HCR sur place, les responsables cambodgiens, qui habituellement sont présents dans le camp, étaient absents ou ne sont pas intervenus.
Après un affrontement de plusieurs heures, les visiteurs sont repartis avec six réfugiés qui avaient décidé de retourner au Viet Nam avec eux.
« Cet incident nous fait douter de la volonté du Viet Nam et du Cambodge de trouver une solution au problème des réfugiés Montagnards selon les termes et dans l'esprit de l'accord tripartite, » a déclaré Jean-Marie Fakhouri, directeur du Bureau pour l'Asie au siège du HCR à Genève.
M. Lubbers a également rappelé au Cambodge son obligation d'assurer la protection et la sécurité des réfugiés Montagnards, en vertu de la Convention de 1951 dont le Cambodge est signataire. Plus de 900 Montagnards sont abrités dans deux camps du Cambodge près de la frontière avec le Viet Nam, depuis qu'ils ont fui ce pays il y a près d'un an.
Les événements de ce jeudi font suite à l'incident du 16 mars dernier, lorsqu'un groupe de 35 réfugiés Montagnards, tentant vainement de pénétrer au Cambodge, a été refoulé vers le Viet Nam par les officiels cambodgiens.
En janvier dernier, le HCR avait conclu un accord tripartite avec le Viet Nam et le Cambodge sur le retour des Montagnards. En vertu de cet accord, le HCR avait obtenu un accès sans entraves à la région vietnamienne des Hauts Plateaux, avant, pendant et après le rapatriement des réfugiés. Toutefois, cet accord avait déjà été remis en question au début du mois lorsque les autorités vietnamiennes avaient interdit au HCR l'accès à certaines régions.