La stabilité demeure l'élément clé du retour des réfugiés afghans a déclaré Ruud Lubbers
La stabilité demeure l'élément clé du retour des réfugiés afghans a déclaré Ruud Lubbers
Le 1er avril 2004
BERLIN - Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Ruud Lubbers a aujourd'hui fait part de son immense satisfaction quant au retour de plus de 3 millions d'Afghans au cours des deux dernières années, tout insistant sur le fait que seule une attention sans relâche sur les besoins en matière de sécurité et de reconstruction garantirait le retour de nombreux Afghans encore exilés.
S'adressant aux représentants de gouvernements lors d'une conférence internationale sur la reconstruction de l'Afghanistan, M. Lubbers a souligné que le retour de millions de réfugiés étaient un signe de la confiance des Afghans en leur gouvernement, rassurés par la stabilité retrouvée dans plusieurs régions du pays depuis la chute des taliban fin 2001.
Toutefois, une expansion rapide de la Force internationale de sécurité et d'assistance dirigée par l'OTAN ainsi que du corps de la police afghane était indipensable afin d'assurer un minimum de sécurité lors de leur retour, a également indiqué le Haut Commissaire.
« Les réfugiés nous demandent toujours s'il existe des forces de police efficaces et expérimentées ou une présence militaire dans leurs régions d'origine », a déclaré le Haut Commissaire, en précisant que c'était une source d'inquiétude majeure pour les réfugiés souhaitant retourner dans leur pays. « Cette question préoccupe également les Nations Unies et ses partenaires de la communauté humanitaire », a-t-il ajouté.
Quelque 65 000 réfugiés afghans sont revenus en Afghanistan cette année, la plupart en provenance d'Iran. Le rythme des retours du Pakistan s'est rapidement accéléré avec la reprise des opérations de rapatriement depuis le Pakistan, début mars. Plus de 30 000 réfugiés se sont déjà enregistrés pour le retour, un nombre bien plus important que celui des Afghans ayant quitté le Pakistan à la même période l'an dernier.
M. Lubbers a indiqué que l'amélioration de la stabilité et de la sécurité dans certaines parties du nord-est, du centre et de l'ouest de l'Afghanistan permettrait à l'agence d'aller de l'avant et d'encourager les retours dans certaines régions choisies. Pour l'instant, le HCR facilite le rapatriement des personnes ayant déjà l'intention de revenir par leurs propres moyens.
Le Haut Commissaire a toutefois souligné que, pour que les retours des réfugiés se poursuivent et pour éviter un regain des tensions ethniques, l'Afghanistan devait à tout prix bénéficier d'une aide au développement à long terme. Il a précisé que le retour, en particulier celui des minorités, constituait un élément important pour favoriser la cohabitation et le renforcement de la paix. Tout cela nécessitait un financement suffisant de la part des donateurs, a-t-il ajouté.
« Renforcer la capacité d'accueil de l'Afghanistan en répondant aux besoins en matière d'infrastructure et de reconstruction permettra à des régions se relevant de décennies de guerre de ne pas être débordées par le retour des réfugiés.
« La clé de ce problème se trouve dans la durée et la viabilité », a déclaré M. Lubbers. « L'Afghanistan doit avoir les moyens de recevoir ses rapatriés et les communautés les accueillant doivent être mieux équipées pour faire face aux retours qui se poursuivent. Il faut donc pouvoir assurer leurs besoins dans les domaines de l'emploi, de l'éducation, de la santé et du logement. »
Le HCR collabore avec le Ministère du développement rural pour inclure les réfugiés de retour dans les programmes de développement du pays à l'échelle nationale, une approche qui commence à porter ses fruits.
M. Lubbers a déclaré que l'agence a également pour but d'aider l'ensemble des 180 000 Afghans déplacés à l'intérieur du pays à retourner dans leurs communautés d'origine d'ici la fin de 2005.
Les Afghans qui rentrent avec le soutien du HCR reçoivent une allocation de voyage, ainsi que des fonds pour se procurer de la nourriture et autres articles sur le marché local. Les rapatriés sont aussi intégrés dans des programmes d'assistance locale, y compris dans des projets d'infrastructure tels que le forage de puits, les écoles et autres projets. Le HCR a besoin de 122,5 millions de dollars pour ses projets en Afghanistan ainsi que pour des programmes de rapatriement dans les pays voisins au courant de l'année.
Le HCR souligne également l'importance de régulariser le statut des migrants temporaires qui travaillent ou étudient dans les pays limitrophes, afin de promouvoir la coopération économique à travers toute la région. Cela pourrait bénéficier à un grand nombre de personnes. En outre, l'amélioration de liens économiques et commerciaux accroîtra la stabilité de la région et la croissance économique, a précisé le Haut Commissaire Ruud Lubbers.