La moitié des réfugiés vivent désormais dans les villes
La moitié des réfugiés vivent désormais dans les villes
Genève - Presque la moitié de la population s'élevant au total à 10,5 millions de réfugiés relevant de la compétence du HCR dans le monde réside aujourd'hui dans des villes grandes et moyennes. Au moins le double de personnes déplacées et de réfugiés de retour d'exil se trouverait également en milieu urbain.
« Nous devons abandonner l'image désuète selon laquelle la plupart des réfugiés vivent dans d'immenses camps de tentes gérés par le HCR », a indiqué António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « Nous observons que les réfugiés résident de plus en plus dans les villes. » António Guterres tenait ces propos préalablement au « Dialogue du Haut Commissaire », un événement annuel consacré cette année aux défis liés à la protection des réfugiés en milieu urbain. Le dialogue se tiendra à Genève les 9 et 10 décembre.
Comme 3,3 milliards de personnes dans le monde, les réfugiés se déplacent progressivement vers les villes, surtout dans les pays en voie de développement. Cette tendance s'est accélérée depuis les années 50. Le nombre de citadins a quadruplé durant ces 60 dernières années, passant de 730 millions en 1950 à plus de 3,3 milliards aujourd'hui. Quelque 80 pour cent des populations urbaines seront bientôt concentrées dans les villes grandes et moyennes des pays en voie de développement.
« Les droits fondamentaux des réfugiés les accompagnent où qu'ils aillent », a indiqué António Guterres, « et ils ont droit dans les villes à la même protection et aux mêmes services que ceux dont ils bénéficient traditionnellement dans les camps. »
Selon de récentes estimations, la capitale afghane, Kaboul, est sept fois plus peuplée qu'en 2001. Parmi les nouveaux arrivants, un grand nombre sont d'anciens réfugiés revenus d'exil depuis la République islamique d'Iran ou le Pakistan, ou encore des personnes déplacées internes fuyant des violences survenant en zone rurale au sein même de leur pays.
Les villes de Bogota en Colombie et d'Abidjan en Côte d'Ivoire ont toutes deux absorbé des centaines de milliers de victimes de conflits armés qui s'entassent dans des quartiers insalubres et dépourvus de services essentiels. Au Moyen-Orient, les villes de Damas en Syrie et d'Amman en Jordanie accueillent des centaines de milliers d'Iraquiens qui ont été contraints de fuir leur pays.
Sur le terrain, l'expérience du HCR dépeint une image graphique de réfugiés luttant pour survivre en milieu urbain. Forcés de vivre dans des quartiers précaires et des bidonvilles surpeuplés, avec peu ou pas d'accès aux services de santé et d'aide sociale, la plupart d'entre eux n'ont pas d'autre choix, afin de gagner tout juste leur vie, que de travailler dans l'économie parallèle où ils risquent l'exploitation. Un grand nombre de réfugiés ne veulent pas se faire repérer et ils préfèrent rester « invisibles » de peur d'être expulsés de force, ce qui rend difficile leur enregistrement et leur identification.
L'arrivée massive dans les villes d'un grand nombre de personnes déplacées de force exerce une pression supplémentaire sur les maigres ressources publiques, par exemple dans les domaines de la santé et de l'éducation. Elle peut également provoquer une inflation des prix pour des besoins élémentaires, comme la nourriture et le logement.
Dans les villes, les réfugiés vivent généralement au côté des citoyens et de migrants ayant rejoint des centres urbains en quête d'un niveau de vie plus élevé. Ces différents groupes subissent quotidiennement des conditions de vie difficiles dans des communautés faisant face elles-mêmes à une insuffisance en matière de protection sociale la plus élémentaire. Davantage de pression sur les infrastructures et l'environnement, sur le logement et les services sociaux dans des communautés déjà confrontées à des difficultés peut créer des tensions entre les populations locales et réfugiées - et, dans le pire des cas, ces tensions peuvent attiser la xénophobie avec des résultats catastrophiques.
Dans ce contexte instable et changeant, le HCR fait face à un défi basique : comment identifier et protéger les réfugiés.
« Si le problème est mondial, les conditions varient énormément d'une région à une autre et la réponse est essentiellement locale. C'est pourquoi, de même que nous travaillons au niveau gouvernemental, nous soulignons le rôle central des maires et des autorités municipales. Nous nous tournons vers eux en particulier pour contribuer à renforcer la compréhension et la coopération entre les réfugiés et les populations locales sur le terrain. Ils peuvent faire une grande différence », a ajouté António Guterres.
La nouvelle « Politique du HCR sur la protection des réfugiés et les solutions en milieu urbain » appelle les Etats, les autorités municipales et les maires, les organisations humanitaires et la société civile à reconnaître cette nouvelle réalité et à conjuguer leurs efforts pour répondre au défi posé par une population réfugiée croissante vivant dans les villes grandes et moyennes du monde entier.
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