22 morts et 28 portés disparus après qu'un bateau de passeurs ait chaviré près du Yémen

Aden, Yémen, dimanche 22 janvier 2006

Un bateau de passeurs transportant 120 Ethiopiens et Somaliens a chaviré près des côtes du Yémen, laissant au moins 22 personnes mortes et 28 autres disparues, selon les informations recueillies auprès des survivants, des autorités yéménites et de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés. Il s'agissait du deuxième incident de ce genre dans le golfe d'Aden en une semaine.

Selon les rapports de l'équipe de l'UNHCR et d'autres organisations humanitaires partenaires, l'embarcation a chaviré le samedi 21 janvier, vers 3 heures de l'après-midi, près des côtes yéménites, entre Bir Ali et Mayfa'a Hajar. D'après les survivants, le bateau était parti du village de Shimbirale, au nord-est de la Somalie, près de la ville de Bossasso. Il transportait environ 110 Ethiopiens, 10 Somaliens et cinq membres d'équipage. Bossasso est un port qui sert de point de départ à beaucoup de passeurs qui traversent le golfe d'Aden.

Samedi, les autorités ont récupéré 22 corps (13 femmes et 9 hommes). Les survivants ont signalé que 28 autres personnes avaient disparu. Trois Somaliens qui étaient à bord ont été emmenés par l'UNHCR jusqu'au centre d'accueil de Mayfa'a. Le Yémen est signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et accorde systématiquement le statut de réfugiés aux ressortissants somaliens qui fuient le conflit dans leur pays et entrent sur son territoire.

Les autorités yéménites ont placé en détention 43 Ethiopiens arrivés par ce bateau ; ils ne reçoivent pas automatiquement le statut de réfugié. Les survivants ont précisé que 22 autres Ethiopiens étaient parvenus à s'enfuir. Deux des membres d'équipage ont été arrêtés par la police, les trois autres s'étant échappés.

L'UNHCR a demandé aux autorités yéménites l'accès aux personnes détenues afin de pouvoir examiner leur cas et déterminer s'ils ont besoin d'une protection internationale.

Dimanche soir, l'UNHCR a reçu des informations partielles faisant état de l'arrivée par bateau d'un autre groupe de désespérés. Ils ont déclaré à avoir été forcés de sauter de l'embarcation près des côtes du Yémen. Les premiers rapports indiquent qu'il y aurait encore des morts. Les autorités du Yémen et le personnel de l'UNHCR continuent leurs investigations sur cet incident.

Des milliers de Somaliens, d'Ethiopiens et autres arrivent au Yémen chaque année, après avoir embarqué depuis la Somalie sur des bateaux de passeurs et traversé le golfe d'Aden au terme d'un périlleux voyage. Le 16 janvier, un bateau transportant 65 personnes a atteint les côtes du Yémen après avoir dérivé dans le golfe pendant 6 jours, presque sans nourriture et sans eau à bord. Les survivants avaient alors indiqué que 20 personnes étaient mortes - 16 Somaliens et 4 Ethiopiens. Souvent les passeurs passent à tabac leurs passagers ou les jettent à l'eau bien qu'ils soient encore loin des côtes.

En septembre dernier, l'UNHCR a lancé un appel et demandé une action internationale pour endiguer le flux de personnes qui sont la proie des trafiquants, après la mort de plus de 150 réfugiés de la mer sur une période de trois semaines. L'agence pour les réfugiés travaille avec les autorités locales dans la région du Puntland, au nord-est de la Somalie, pour informer les gens des dangers qu'ils risquent en recourant à des passeurs pour traverser le golfe d'Aden. Ces activités, qui incluent des vidéos et des programmes radiophoniques, visent à sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens. Malheureusement ce trafic continue. Du 12 au 17 janvier, au moins 22 bateaux transportant un nombre indéterminé de personnes ont accosté sur les côtes du Yémen. Cette semaine, le centre d'accueil de l'UNHCR à Mayfa'a a enregistré 1 217 Somaliens et 39 Ethiopiens.

Actuellement, plus de 80 000 réfugiés sont enregistrés officiellement au Yémen, dont 75 000 Somaliens. Toutefois, on estime que plusieurs centaines de milliers d'autres résident également dans le pays. La plupart de ceux qui arrivent par voie maritime poursuivent leur route vers le nord du Yémen, à la recherche d'une vie meilleure.