Une vedette équatorienne de feuilletons télévisés soutient les réfugiés colombiens
Une vedette équatorienne de feuilletons télévisés soutient les réfugiés colombiens
BOGOTA, Colombie, 8 septembre (HCR) - L'acteur équatorien Roberto Manrique a séduit un public fidèle dans la région grâce à ses rôles dans des séries télévisées latino-américaines. Cet homme de 31 ans a accédé à la célébrité après son apparition dans des feuilletons comme "Los Victorinos" et "El Clon." Mais loin du petit écran et de la scène, il s'est récemment intéressé à améliorer le bien-être des réfugiés dans un pays qui accueille quelque 135 000 personnes relevant de la compétence du HCR. La plupart d'entre eux sont originaires de la Colombie voisine où Roberto Manrique travaille pour le réseau Telemundo. Son intérêt pour les questions de réfugiés est né d'une rencontre fortuite à Bogota avec Xavier Creach, chef du bureau du HCR à Lago Agrio, une ville située au nord de l'Equateur. Xavier Creach a invité l'acteur à visiter la région et à rencontrer des réfugiés dans la forêt tropicale. Roberto Manrique s'est récemment entretenu avec Sonia Aguilar, chargée de l'information publique au HCR, au sujet de son engagement humanitaire et de sa collaboration avec le HCR.
Quand avez-vous commencé à aider les réfugiés ?
En janvier, j'ai eu l'opportunité [suite à ma rencontre avec Xavier Creach] de me rendre dans la ville de Lago Agrio dans la province de Sucumbios au nord. J'ai visité trois communautés isolées dans la jungle près de la frontière avec la Colombie. J'y ai donné un concert et fait un spectacle de jonglage pour les enfants et leurs parents. C'était une expérience émouvante qui m'a beaucoup appris sur les réfugiés et qui m'a ouvert les yeux sur les défis et difficultés auxquels ils sont confrontés. Cela m'a également donné envie de faire quelque chose pour aider.
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué chez ces réfugiés ?
Leur force. J'ai été impressionné par leur volonté de se battre et par leur capacité à continuer de rire et d'espérer en dépit de leur vie difficile. J'ai été rempli d'admiration par leurs sourires au milieu de toute cette détresse. Pour moi, ils sont devenus des modèles de ténacité, de force et d'esprit face à tant d'obstacles.
De quoi les réfugiés et les communautés d'accueil ont-ils le plus besoin ?
Ce dont je me suis rendu compte, c'est qu'ils avaient besoin d'abris, d'emplois, d'éducation et d'eau potable. Leur vie s'est beaucoup améliorée grâce à l'aide du HCR et de la municipalité de Lago Agrio, mais il reste beaucoup à faire. Je pense que les choses pourraient s'arranger avec le soutien et la solidarité des gouvernements. Selon moi, les donateurs devraient axer leur action sur des programmes d'intégration et d'éducation. Je pense aussi qu'il sera très important de travailler avec les communautés d'accueil pour faciliter le processus d'acceptation.
Vous avez apporté votre soutien au HCR pour d'autres occasions depuis lors, notamment pour la Journée mondiale du réfugié le 20 juin. Souhaitez-vous continuer à travailler avec nous ?
Absolument. Je suis déterminé à poursuivre ma collaboration avec le HCR pour renforcer la sensibilisation du public aux réfugiés. Je souhaiterais également obtenir le soutien d'autres acteurs, notamment des entreprises du secteur privé disposées à aider les réfugiés en renforçant leurs programmes de responsabilité sociale. J'aimerais aussi travailler sur le terrain avec les réfugiés. Je n'avais jamais imaginé que mon voyage à Lago Agrio m'apporterait tant au plan personnel. Il est essentiel de rencontrer les personnes parce que cela donne un sens à mon action.
Le fait d'avoir vécu en Colombie vous a-t-il rendu plus sensible aux questions de réfugiés ?
Mon amour pour les Colombiens est particulier. Je dois les meilleures années de ma vie à leur pays. J'apprécie leur charisme, leur sympathie, leur humour et leur attitude positive envers la vie ainsi que leur éthique de travail. Cela me touche surtout lorsque je réalise que l'Equateur accueille le plus grand nombre de réfugiés colombiens [en Amérique latine]. Pour moi, toute frontière est, par définition, artificielle car elle a été créée par l'homme. C'est grâce à la fraternité que l'humanité est unie.
Que peuvent faire les célébrités pour sensibiliser l'opinion publique aux réfugiés ?
Les personnes célèbres ou influentes peuvent agir de manière utile et importante. Je suis convaincu que ce rôle peut être au service de la société. Il y a beaucoup à faire, beaucoup à changer et à améliorer.
En Amérique latine, le public ne semble pas être conscient de l'ampleur du problème
En raison des inégalités sociales extrêmes qui existent dans nos pays, nous avons tendance à nous enfermer dans notre cocon et à fermer les yeux sur les problèmes sociaux. Comme de nombreux réfugiés vivent dans des zones rurales isolées, ils sont encore plus invisibles. L'Equateur accueille plus de réfugiés que tout autre pays en Amérique latine, mais peu de gens de la région en ont conscience.
Il est grand temps d'ouvrir nos yeux et nos coeurs et de commencer à manifester notre solidarité et à affronter cette réalité de manière proactive. Nous devons exiger que des mesures soient prises dans ce domaine qui reste négligé.
Je pense que les gens doivent avoir une conscience sociale, quel que soit leur rang ou leur profession. Mon père était médecin et il a consacré les dernières années de sa vie professionnelle au service social, en dépit de sa situation financière difficile. Il a été mon modèle.