Une Syrienne en Grèce: souvenirs de jours meilleurs et espoir de retour
Une Syrienne en Grèce: souvenirs de jours meilleurs et espoir de retour
ATHENES, Grèce, 17 mai (HCR) - Leilah n'arrive pas à retenir ses larmes en feuilletant l'album photo de famille. C'est la seule chose qu'elle a réussi à emporter avec elle de Syrie - un rappel puissant des jours meilleurs qu'elle coulait avec son mari et leurs six enfants dans leur pays d'origine.
Ils menaient une vie heureuse et relativement confortable en gérant un petit magasin dans un village du nord de la Syrie jusqu'à ce que la guerre éclate il y a plus de deux ans. Aujourd'hui, Leilah, 40 ans, vit dans un appartement vétuste à Athènes avec ses enfants, dont deux s'étaient absentés pour chercher du travail lors de la visite du HCR. Son mari est resté en Syrie et elle ignore totalement s'il est en sécurité ou non.
Leilah, qui a demandé que son nom soit modifié, fait partie des milliers de civils syriens, en quête de sécurité, qui ont rejoint la Grèce. Nombre d'entre eux pensaient que les épreuves seraient terminées en arrivant en Europe. Mais le choc a été rude - Les Syriens étaient considérés comme des immigrants irréguliers en Grèce.
Jusqu'à récemment, ils étaient détenus dans des conditions non conformes aux normes, après la décision d'expulsion. « La détention administrative aux fins d'éloignement était ordonnée de manière systématique dans les cas d'entrée et de séjour irréguliers, indépendamment du fait que les renvois sont impossibles à exécuter [en raison du conflit en cours en Syrie] », explique Giorgos Tsarbopoulos, chef du bureau du HCR en Grèce.
Lorsqu'ils sont libérés, les Syriens doivent se débrouiller par eux-mêmes. Ils ne reçoivent aucune aide sociale ni documents juridiques leur permettant de vivre dans des conditions décentes dans le pays.
Les choses se sont passées ainsi pour Leilah pendant son épreuve de neuf mois à Athènes. L'un des moments les plus difficiles pour la famille a été lorsque la police grecque a arrêté les deux fils ainés de Leilah au motif qu'ils n'avaient pas de papiers. « C'était comme si on m'arrachait un membre. Je ne savais que faire», se souvient-elle.
« Je me rendais au poste de police où ils étaient détenus presque tous les jours et je demandais à les voir. Mais à chaque fois on me refoulait, sans me donner aucune nouvelle de mes fils ». Ils ont fini par être libérés après 33 jours de détention.
Suite aux demandes du HCR pour que le traitement des réfugiés syriens soit amélioré, le mois dernier la police a publié une directive suspendant la décision d'expulsion ou de retour pendant six mois, renouvelables tant que la situation en Syrie ne change pas. En conséquence, les Syriens sont libérés de détention dès que leur nationalité est identifiée. Cette mesure a reçu un accueil favorable du HCR.
Aujourd'hui, Leilah est heureuse d'être réunie avec tous ses enfants. Elle est également soulagée d'avoir pu trouver un hébergement plus décent que son ancien sous-sol humide dans le quartier chaud d'Athènes, grâce à l'aide de compatriotes syriens en Grèce. La famille devait partager quelques mètres carrés avec 16 autres personnes.
Maarouf, un médecin syrien vivant en Grèce depuis 28 ans, est l'une des rares personnes à offrir de l'aide aux Syriens dans le besoin. Il connait leurs problèmes par expérience. « Les Syriens qui arrivent en Grèce, des familles avec enfants pour la plupart, vivent dans des conditions dramatiques », affirme-t-il. « Ils n'ont aucun moyen pour survivre et dépendent de l'aide offerte par d'autres Syriens ou par des organisations non gouvernementales. Mais leurs besoins sont immenses ».
Quand elle regarde les photos de son mari et d'autres proches restés en Syrie, Leilah se demande si elle les reverra un jour. « Quitter mon pays, ma maison, c'était comme la mort pour moi », déclare-t-elle. « Ce qui me fait vivre, ce sont mes enfants et l'espoir qu'un jour, quand la paix reviendra dans mon pays, je pourrai rentrer chez moi et me sentir de nouveau vivante ».
D'ici là, le HCR considère que les Syriens en Grèce, comme Leilah et ses enfants, méritent des niveaux de protection adéquats leur permettant de vivre dans la dignité et la sécurité.
Par Stella Nanou à Athènes, Grèce