Une jeune réfugiée congolaise commence une nouvelle vie au Gabon
Une jeune réfugiée congolaise commence une nouvelle vie au Gabon
LIBREVILLE, Gabon, 3 août (HCR) - Anita avait 13 ans quand elle a fui la guerre au Congo Brazzaville en 1998. Agée aujourd'hui de 26 ans, elle décide de rester vivre au Gabon, son pays d'accueil.
C'est également le choix qu'auront à faire d'autres Congolais au Gabon après la cessation de leur statut de réfugié à la fin du mois dernier. Le HCR et les autorités attendent de la plupart des 9 300 réfugiés et demandeurs d'asile congolais qu'ils choisissent de rester au Gabon.
Environ 1 300 d'entre eux ont déjà demandé leur carte de séjour, qui leur donne le droit de vivre et de travailler au Gabon. Il leur faudra cependant encore patienter pour demander la citoyenneté. Près de 400 Congolais ont par ailleurs choisi de rentrer dans leur pays d'origine, le Congo, dans le cadre d'un programme de rapatriement volontaire organisé par le HCR.
Anita a reçu sa carte de séjour le 26 juillet. Elle vit à Libreville, la capitale, avec son compagnon ghanéen. Elle a décidé de rester vivre au Gabon, plutôt que de rentrer dans ce pays étranger qu'elle a fui à pied avec sa mère et ses deux frères et soeurs en 1998 durant une guerre civile de courte durée mais violente.
« Ma vie est ici », explique Anita, après avoir achevé les formalités administratives à la Direction Générale de la Documentation et de l'Immigration (DGDI). Elle avait un grand sourire aux lèvres quand elle a quitté les lieux sa carte de séjour en main dans l'après-midi.
Actuellement, la DGDI délivre quotidiennement quelque 40 cartes de séjour aux réfugiés congolais qui ont choisi de rester au Gabon avec le statut de migrant.
Le HCR a intensifié son programme de rapatriement volontaire, avec davantage de convois de retour et en doublant l'allocation (à 200 dollars pour les adultes et 50 dollars pour les enfants) offerte aux personnes qui choisissent de rentrer au Congo.
Malgré leur décision de rester, la vie a souvent été difficile pour Anita au Gabon. Elle est arrivée dans le pays à l'âge de 13 ans, elle vivait à Mouila, une ville au sud du pays. Sa mère a rencontré un Congolais qui battait Anita.
« Il m'interdisait d'aller à l'école, puis il m'a chassée. J'ai dû quitter la maison à l'âge de 15 ans », explique-t-elle, ajoutant d'une voix tremblante : « Depuis, je n'ai jamais revu ma mère. »
Elle a été hébergée par des amis jusqu'à ce qu'Aurélie, une Gabonaise, devienne sa deuxième Maman. « Elle m'a accueillie chez elle et encore aujourd'hui elle m'appelle et me fait des petits cadeaux », dit-elle.
En 2006, Anita a rencontré son compagnon, un maçon ghanéen qui s'appelle Francis et qui est venu à Mouila pour construire des maisons pour les religieux. Plus tard, il a demandé à Anita de le suivre à Libreville, où il avait un logement.
Encouragée par Francis, elle s'est inscrite à une formation professionnelle en hôtellerie. « Je veux travailler en tant que réceptionniste dans un hôtel, un restaurant ou une entreprise », explique Anita, qui a obtenu son diplôme et qui cherche désormais un emploi.
En attendant de travailler dans le secteur de l'hôtellerie, elle est coiffeuse à domicile et s'occupe de sa jolie fillette de 14 mois. « Je fais des tresses et des tissages. Les femmes m'appellent, je vais chez elles ou elles viennent chez moi. »
La courageuse jeune femme fait aussi un peu de commerce. Elle achète des babouches, des vêtements et des sous-vêtements qu'elle envoie à Aurélie qui les vend à Mouila. Elle essaie de s'en sortir.
« Ce n'est pas facile tous les jours, mais je suis heureuse », indique la jeune mère. « C'est bien mieux d'avoir une carte de séjour que d'être réfugiée », ajoute-t-elle. Son rêve est d'avoir une vie stable, un bon travail et de pouvoir s'occuper de ses enfants. Mais ce qui l'attriste le plus, c'est de ne pas voir sa mère.
Anita a présenté les visiteurs du HCR à un ami congolais ferrailleur, qui a également demandé la carte de séjour. « C'est un cadeau du HCR ! » lance-t-elle en éclatant de rire.
Bien qu'Anita ait pris une décision pour son avenir, elle voudrait revoir sa ville natale de Dolisie dans le sud du Congo et espère s'y rendre un jour.
Le problème, c'est que je n'ai personne là-bas. Mon père est mort et ma Maman est ici mais je ne la vois pas.. Il y a des souvenirs dont on ne veut pas se rappeler durant notre fuite depuis le Congo, mais j'aimerais revoir la ville d'où je viens », explique Anita.
Par Céline Schmitt à Libreville, Gabon