Une étudiante soudanaise réalise ses rêves au Caire
Une étudiante soudanaise réalise ses rêves au Caire
LE CAIRE, Égypte – Lorsque Nousa Sleiman est arrivée en Égypte il y a trois ans, alors jeune réfugiée soudanaise, épuisée et désorientée, elle avait une ambition. « Ma seule arme, c'est l'éducation, » dit-elle. « Avec l'éducation, je peux aider ma famille. Aujourd'hui, on ne peut rien faire si on n'a pas fait d'études. »
Malgré des années d'insécurité et de conflit dans les monts Nouba au Soudan avant de s'enfuir et de devenir une réfugiée, Nousa n'avait jamais manqué une année d'école. Aujourd'hui, après avoir poursuivi sa scolarité dans une école communautaire du Caire soutenue par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, elle est en dernière année de lycée et prépare son entrée à l'université.
« Je veux contribuer à subvenir aux besoins de ma mère et de mes frères et sœurs, car personne d'autre ne peut le faire, » sa détermination transparaissant malgré son timide sourire. « Je suis l'aînée et c'est à moi d'assumer cette responsabilité. Ce qu'il y a de plus important pour moi, c'est de poursuivre mes études pour pouvoir aider ma famille et devenir un modèle pour mes jeunes frères et sœurs. »
L'Égypte accueille actuellement plus de 221 000 réfugiés de 56 pays différents, la Syrie et le Soudan représentant à eux seuls près des trois quarts du total. Environ 40 % de l'ensemble des réfugiés syriens et soudanais dans le pays sont des jeunes d'âge scolaire et le Gouvernement égyptien leur accorde le libre accès à l'éducation publique, au même titre qu’aux jeunes Égyptiens.
« Ce qu'il y a de plus important pour moi, c'est de poursuivre mes études. »
Plus de 52 000 enfants réfugiés sont inscrits dans les écoles d'Égypte pour l'année scolaire en cours et le HCR fournit des allocations pour les frais de scolarité à 37 000 élèves. Notre organisation aide également le ministère de l'Éducation au moyen de formations d'enseignants, de rénovation d'écoles, d'équipement, d'ameublement et autre fournitures.
« L'éducation est l’un des volets du mandat de protection du HCR, » déclare Karim Atassi, le représentant du HCR pour l'Égypte. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les pouvoirs publics pour assurer l'intégration de tous les enfants réfugiés d'âge scolaire dans le système national d'éducation. »
Nousa et ses neuf frères et sœurs ont fui le Soudan avec leur mère après la disparition de leur père lors d'une flambée de combats à proximité de leur ville natale, en 2015. Terrifiés à l'idée d'être séparés, ils ont voyagé pendant des heures dans des bus bondés pour rejoindre la frontière.
« Quand nous avons quitté le Soudan, la situation était difficile. Nous étions tout seuls, » explique Nousa. « Quand nous sommes arrivés au Caire, nous avons trouvé refuge auprès d'une organisation caritative car nous ne connaissions personne là-bas. Nous y sommes restées quelques jours, puis nous avons été enregistrés par le HCR et nous avons loué notre appartement. C'est là que nous avons pu commencer à aller à l'école. »
« Nous étions tout seuls. »
L'École de l'Église du Sacré-Cœur compte environ 400 élèves, la plupart originaires du Soudan et du Soudan du Sud, et fait partie de plus de 70 écoles communautaires ouvertes aux réfugiés dans la ville du Caire.
Via son partenaire ONG Catholic Relief Services, le HCR fournit à ces écoles une assistance financière, des articles de papeterie et des supports pédagogiques. Pour Botrous Ambrous, le principal de l'École de l'Église du Sacré-Coeur, c'est là un tremplin vital pour permettre aux réfugiés d'aller à l'université et de réaliser leurs rêves.
« Ce qui caractérise cette école, c'est qu'elle est au service des jeunes réfugiés en Égypte, » dit-il. « Sa principale raison d'être est de diplômer toute une nouvelle génération de jeunes réfugiés qui pourront utiliser leurs diplômes pour un meilleur avenir où qu'ils aillent. »
Lorsque les cours se terminent, Nousa a un peu de temps pour se relaxer. Après l'école, elle s'occupe de ses frères et sœurs, fait la cuisine et les corvées ménagères pendant que sa mère travaille en tant que femme de ménage pour subvenir à leurs besoins. Pendant les week-ends et les vacances scolaires, c'est elle qui reprend le travail de ménage de sa mère pour que celle-ci puisse se reposer.
Après l'université, Nousa espère devenir enseignante pour aider d'autres jeunes comme elle quand elle pourra finalement rentrer chez elle.
« Quand je retournerai au Soudan, j'espère pouvoir venir en aide aux gens qui ne reçoivent plus de soutien de nulle part parce que j'ai été dans cette situation moi-même et je ne souhaite à personne d'endurer les épreuves que j’ai subies. »