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Une campagne radiophonique informe les déplacés colombiens de leurs droits

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Une campagne radiophonique informe les déplacés colombiens de leurs droits

28 Février 2005
La radio est la principale source de distraction et de nouvelles dans les quartiers pauvres de Colombie.

BOGOTA, Colombie, 28 février (UNHCR) - Dans un coin de la cabane branlante faite de tôle ondulée et de morceaux de bois, une vieille radio à piles émet le son plaintif d'un vallenato. Un miroir fêlé, une table bancale et un lit de fortune où le père, la mère et les trois enfants se serrent la nuit pour dormir, sont les seuls meubles.

Nestor Aguirre (le nom a été modifié) et sa famille sont arrivés dans ce morne bidonville il y a 10 mois pour échapper aux menaces des groupes armés dans leur Bucaramanga natal. « J'étais vendeur de rue. Un jour, des hommes armés sont venus chez moi et m'ont accusé d'être un informateur. Ils m'ont dit que j'avais une heure pour quitter la ville. Ils m'ont dit aussi que j'avais de la chance de ne pas être abattu sur place, et j'ai eu de la chance », se souvient-il. Avec sa femme et ses enfants, il a réuni quelques biens et acheté des allers simples pour Bogota.

Soudain, la musique s'arrête et on entend une voix de femme : « Nous ne savions pas où aller. Nous sommes arrivés ici avec nos sacs, qui contenaient les quelques effets personnels que nous avions pu emporter. Il n'y avait personne pour nous dire où aller ou quoi faire. Cette nuit-là nous avons dormi à même le sol. Nous n'avions pas même une couverture. » La voix brisée est celle d'une femme déplacée. La situation qu'elle décrit est malheureusement celle qu'ont vécue Nestor et des centaines de milliers d'autres victimes des déplacements forcés en Colombie.

Après la femme, on entend la voix d'un présentateur professionnel, qui explique que les personnes déplacées en Colombie ont droit à une assistance d'urgence. Des conseils pratiques soient fournis sur la manière de l'obtenir, et les adresses et numéros de téléphone des bureaux compétents sont donnés. L'émission fait partie d'un programme novateur du HCR, qui utilise la radio pour informer les personnes déplacées de ce qu'elles doivent faire pour recevoir une assistance.

La campagne est menée sur le réseau de Caracol Radio, la chaîne la plus importante de Colombie et le partenaire du HCR dans le cadre de ce projet. Dans des villes comme Bogota, Soacha, Barranquilla, Barrancabermeja, Bucaramanga, Cali, Carthagène, Medellín et Pasto, les stations, qui émettent habituellement des programmes de musique populaire et des feuilletons, diffusent aussi maintenant des messages pour informer les personnes déplacées de leurs droits en vertu de la législation colombienne, et donner des renseignements pratiques sur comment et où s'inscrire pour bénéficier d'une assistance.

Chaque jour en Colombie, des centaines de personnes apeurées, fatiguées et désorientées arrivent, comme Nestor, dans les villes, fuyant les menaces et la violence dans les campagnes. On estime que 40 % du million et demi de personnes déplacées enregistrées en Colombie vivent dans dix villes. La plupart ne peuvent pas ou ne veulent pas regagner leur lieu d'origine.

Malheureusement, nombre des personnes déplacées dans les villes ne trouvent pas la protection qu'elles recherchent désespérément. Dans les quartiers pauvres et marginalisés des villes où elles échouent, elles continuent parfois de subir les actes d'intimidation et les agressions physiques des mêmes groupes armés irréguliers que ceux qui combattent dans les campagnes. L'extorsion, la violence sexuelle et l'enrôlement forcé des jeunes sont monnaie courante. Dans certaines zones, des groupes armés ont imposé des couvre-feux et interdit les modes qu'ils désapprouvent, par exemple, les cheveux longs pour les hommes, les jupes courtes pour les femmes et le piercing pour tout le monde.

« Nous craignons que, du fait de la situation dans certaines zones urbaines, les personnes déplacées ne le soient une deuxième fois, voire une troisième. Il est essentiel que nous continuions de travailler avec les autorités pour veiller à ce que les déplacés reçoivent la protection et l'assistance dont ils ont besoin, et éviter qu'ils ne deviennent des proies faciles pour les groupes armés sans scrupules », explique le délégué du HCR en Colombie, Roberto Meier.

Utiliser des stations de radio populaire pour informer les personnes déplacées de leurs droits et leur expliquer comment les faire valoir, ainsi que pour fournir des informations sur les différents programmes de santé, d'éducation et de création de recettes, est une étape essentielle dans les efforts déployés pour les aider à s'intégrer dans les zones urbaines.

« J'espère que cette campagne permettra aux gens qui, malheureusement ne cessent d'arriver en raison de la violence, d'obtenir une aide plus rapidement que moi » dit Nestor Aguirre avec un sourire triste.

Par William Spindler, UNHCR