Un retour dans la prudence pour les déplacés du Népal
Un retour dans la prudence pour les déplacés du Népal
DANG, Népal, 28 décembre (UNHCR) - Plus d'un an après qu'un accord de paix ait mis fin à 10 ans de guerre civile au Népal, des dizaines de milliers de Népalais déplacés sont rentrés chez eux pour recommencer leur vie. Le défi est immense. L'UNHCR et d'autres agences les aident afin de s'assurer que leur retour soit durable.
Environ 100 000 et 200 000 personnes ont été déplacées pendant l'insurrection au Népal entre 1995 et 2006. Parmi celles-ci figurent Madhav* et sa famille, qui ont fui leur petit village, isolé, près de Dang, dans la région du centre-ouest du Népal, en 1998.
« Un jour, un groupe armé est venu dans ma maison et m'a accusé d'être un informateur », se souvient-il. « Il m'ont forcé à quitter ma maison. J'étais terrifié, ma seule préoccupation était de protéger ma famille alors nous sommes partis pendant la nuit. » Ils se sont enfuis à Nepalgunj, la principale ville du district de Banke et ont vécu dans une maison mise à disposition par un cousin.
La famille est rentrée dans sa ville natale après l'accord de paix signé entre le Gouvernement du Népal et le Parti communiste du Népal (maoïste) en novembre 2006. Mais, au retour, Madhav s'est rendu compte que les choses avaient changé.
« Ma maison n'était pas comme ça quand je suis parti, il y a neuf ans. Le groupe armé a tout emporté - les meubles, les habits, les ustensiles, même le cadran des fenêtres », dit-il, tout en coupant du bois pour faire de nouvelles fenêtres à sa maison en ruines. « Ils ne m'ont pas encore rendu toutes mes terres, qui sont mon seul moyen de gagner de quoi vivre. »
Comme Madhav, de nombreuses familles népalaises sont récemment rentrées dans leurs lieux d'origine après des années de déplacement. Le nombre exact de personnes rentrées - estimée à plusieurs dizaines de milliers - est inconnu, car beaucoup sont revenues par leurs propres moyens ou avec l'aide d'organisations non gouvernementales (ONG).
« De nombreuses personnes déplacées du district, originaires des villages voisins, sont déjà rentrées et beaucoup sont en train de faire de même », a indiqué un fonctionnaire du district de Dang. « Pour les personnes rentrées, le principal problème est la restitution de leurs biens. D'autres déplacés internes ont décidé de ne pas rentrer, car la situation économique est meilleure là où ils ont été déplacés. »
Ram Bahadur* est rentré chez lui cette année. « Cela fait six mois que je suis revenu dans mon village, mais je n'ai pas encore récupéré toutes mes terres. Bien que le chef maoïste ait déclaré qu'ils rendraient notre terre, beaucoup de personnes comme moi ont toujours des problèmes pour récupérer leurs fermes et leurs maisons », raconte-t-il.
Les militants des droits de l'homme s'accordent sur le fait que les problèmes principaux que rencontrent les personnes qui rentrent sont la saisie de leurs terres et celle de leurs moyens d'existence. « La raison majeure pour laquelle les gens ne rentrent pas, c'est la terre. Sans terre, comment peuvent-ils gagner de quoi vivre ? » demande Bimal Kumar Adhikari, un militant des droits de l'homme du Informal Sector Service Centre. « Il faut faire plus ; toutes les parties concernées doivent s'engager à faciliter le retour des déplacés internes dans leurs lieux d'origine. »
Dans le cadre de l'approche concertée mise en place par l'ONU, l'UNHCR et d'autres agences onusiennes aident, au niveau central à Katmandou, le gouvernement à reformuler sa politique nationale sur les déplacés internes et à mettre au point des directives.
Au niveau local, l'UNHCR a lancé un projet destiné à favoriser l'établissement et/ou le renforcement d'un environnement favorisant les retours durables, en assurant une protection sur le lieu de retour.
En 2007, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés a organisé et mené une série de 20 ateliers dans l'est et le centre-ouest du Népal - les zones les plus touchées par le conflit - afin de promouvoir la réconciliation et la compréhension mutuelle entre les anciennes factions opposées et différents acteurs clefs.
Ces ateliers ont été organisés au niveau des districts et se sont tenus grâce au soutien du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) et de la Commission nationale aux droits de l'homme.
« Le projet a aidé, de manière concrète, à promouvoir le dialogue et la coopération entre tous les acteurs clefs », a déclaré Michele Manca di Nissa, la déléguée adjointe de l'UNHCR au Népal. « Dans certains districts, il a constitué la première occasion pour les dirigeants des anciennes factions opposées de s'asseoir à une même table et de discuter des problèmes des déplacés », a-t-elle ajouté.
Michele Manca di Nissa a expliqué que l'un des résultats très positifs de ces ateliers avait été la création, au niveau des districts, de groupes de travail et de comités, qui ont institutionnalisé le dialogue sur la question des déplacés internes entre les différentes parties concernées. « La protection des personnes rentrées est la responsabilité de l'Etat », a-t-elle insisté.
Ram Bahadur, les yeux pleins de larmes, ajoute : « Il y a un an en arrière, nous n'aurions même pas imaginé pouvoir rentrer. Notre futur dépend du succès du processus de paix. »
* Noms modifiés à des fins de protection.
Par Nini Gurung à Dang, au Népal