Un projet du HCR jette la lumière sur les migrations et les passages d'Afrique vers l'Europe
Un projet du HCR jette la lumière sur les migrations et les passages d'Afrique vers l'Europe
GENEVE, 1er février (HCR) - Le phénomène des migrations de l'Afrique vers l'Europe est l'un des sujets les plus controversés et les plus débattus dans les médias européens. Mais si les gros titres traitent essentiellement des migrants clandestins et des moyens désespérés auxquels ils recourent pour atteindre les rivages de l'Europe, ils oublient largement les réfugiés qui eux aussi risquent leur vie en effectuant le passage.
La disparité des situations qui se cachent derrière ces afflux de migrants pose de nouveaux défis pour la protection des réfugiés. Depuis quelques années, le HCR redoute que dans sa lutte contre les migrations clandestines, les pays de l'Union européenne n'aient tendance à négliger les besoins spécifiques des réfugiés qui se mêlent au flot des clandestins.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés pense depuis longtemps que cette question doit être traitée de toute urgence et que seule une approche multilatérale permettra d'obtenir des résultats. L'hétérogénéité des migrations est un problème complexe, qui ne saurait être examiné à travers le seul prisme des lois européennes sur l'immigration - il est d'ailleurs de plus en plus largement admis au sein de l'UE qu'il n'est pas réaliste de vouloir intercepter tous les individus qui entrent illégalement en Europe.
Se pose également la question de la situation des pays d'origine, souvent caractérisée en Afrique sub-saharienne par le sous-développement et l'absence de perspectives, ainsi que la charge imposée aux états du Maghreb, qui servent de voies de passage à des milliers de candidats à l'émigration.
En coopération avec la Commission européenne, le HCR lance un projet d'un an destiné à recueillir des données sur les migrations trans-nord-africaines vers l'Europe.
« Ce projet constitue une initiative décisive et à maints égards novatrice pour l'agence des réfugiés, » déclarait devant des journalistes mardi à Genève la porte-parole du HCR, Jennifer Pagonis. « Il s'agit d'une première étape dans l'analyse du lien entre les migrations de passage et les réfugiés, et vers la création d'un espace de protection pour les demandeurs d'asile en transit. »
La présence de réfugiés dans les flux migratoires ayant été jusqu'ici largement ignorée, on ne sait presque rien sur le nombre de réfugiés potentiels qui se mêlent aux migrants clandestins attirés par l'Europe. La première urgence est donc de collecter des informations claires et précises, ce à quoi va s'atteler le HCR dans les prochains mois.
L'agence pour les réfugiés va ainsi recueillir les témoignages de demandeurs d'asile dans les pays d'Europe du sud - comme l'Italie, l'Espagne et Malte - qui sont les premiers ports d'escale pour des milliers de personnes en transit depuis l'Afrique. Le HCR prévoit aussi de s'entretenir avec des demandeurs d'asile et des migrants en Afrique du nord, des entretiens sont déjà programmés en Mauritanie.
Ce projet vise également à favoriser le dialogue sur les réfugiés en Afrique du nord, tant au niveau national que régional, afin mettre en place des mécanismes de protection pour les demandeurs d'asile et les réfugiés potentiels. Plusieurs nations nord-africaines ont ratifié la Convention de 1951 sur les réfugiés mais doivent encore développer un cadre législatif national pour créer un espace d'asile dans la région. L'accent sera mis sur une approche multilatérale et le partage de l'information au niveau régional, ainsi qu'avec l'Europe et les organisations internationales.
Le troisième volet du projet examinera la question de la protection des demandeurs d'asile et des réfugiés potentiels en haute mer. Dans la grande majorité des cas, le voyage d'Afrique en Europe implique une traversée maritime, souvent organisée par des passeurs, avec parfois une issue désastreuse.
« Chaque année, un nombre indéterminé d'individus trouvent la mort au cours de leur passage d'Afrique en Europe, » constate J. Pagonis. Il y a urgence à rassembler des informations pour aider toutes les parties concernées à élaborer des solutions qui mettent un terme à ce tragique gâchis de vies humaines. »
L'interception des bateaux en haute mer est un aspect épineux et souvent négligé, qui pose la question de savoir quel état est responsable des demandeurs d'asile qui pourraient se trouver à bord. Là encore, le HCR prône une approche multilatérale impliquant l'UE, les pays de transit et les organisations internationales concernées.
Ce projet, qui prendre fin en décembre 2005, est financé à hauteur d'un million d'euros par l'union européenne et le gouvernement néerlandais.