Un nouveau chez-soi pour deux jeunes réfugiés grâce à un orphelinat hongrois
Un nouveau chez-soi pour deux jeunes réfugiés grâce à un orphelinat hongrois
FOT, Hongrie, 22 février (HCR) - Avec son gouvernement constamment à l'encontre des réfugiés, la Hongrie peut être considérée comme un pays sans coeur. Et pourtant, Hasiboullah Sarwari-Said, originaire d'Afghanistan, et Hassan Shabna, qui vient du Sahara occidental, ont tous deux vécu une expérience positive et atypique, puisqu'ils ont pu y démarrer une nouvelle vie grâce à un orphelinat à proximité de Budapest.
Ces deux jeunes hommes avaient fui les dangers qui les menaçaient dans leurs patries respectives et avaient entrepris le voyage périlleux par le Proche-Orient et dans les Balkans pour être finalement accueillis en Hongrie sous le statut d'enfants non accompagnés. Ils disent tous les deux qu'ils ne peuvent pas rentrer chez eux, que c'est trop dangereux.
À tout juste 15 ans, Hasiboullah, fils d'un riche propriétaire terrien de Kunduz, a vu les Talibans assassiner son oncle et son frère. Hassan, un Berbère qui élevait des chèvres quand il était enfant, avait été choisi pour être tué à cause d'une vendetta sanglante entre les membres de sa famille et une autre famille de la région. Agés aujourd'hui de 23 ans, les deux jeunes hommes sont comme des frères qui partagent le destin inhabituel d'avoir trouvé un chez-soi en Hongrie.
Leurs histoires respectives prouvent que, malgré des politiques restrictives en matière d'accueil et de droit d'asile, certains restent ici pour refaire leur vie. Cela remet également en cause l'idée reçue selon laquelle les jeunes musulmans qui arrivent sans famille causent des problèmes dans la société européenne.
Le Gouvernement hongrois qui, l'an dernier, avait ordonné la construction de clôtures sur ses frontières avec la Serbie et la Croatie, a exploité les craintes de la population. Une campagne de presse suggérant que la présence de réfugiés augmentait le risque de terrorisme avait alors été critiquée par le HCR.
Cette critique n'avait toutefois pas été entendue à Budapest et les politiques mises en oeuvre en Hongrie pourraient aujourd'hui être adoptées également en Pologne, en République tchèque et en Slovaquie.
Au cours d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre polonais, Madame Beata Szydlo, en visite au début du mois, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a lancé un appel à la création d'une ligne de défense dans les Balkans et en Europe centrale pour y contenir les réfugiés et les migrants tentant d'entrer en Union européenne.
L'été dernier, au plus fort de la crise, près d'un demi-million de réfugiés et migrants ont traversé la Hongrie. Alors que 177 000 d'entre eux ont été enregistrés, le statut de réfugié n'a été accordé que pour 500 demandes. Plus de 1000 réfugiés ou migrants sont actuellement emprisonnés pour avoir traversé la frontière illégalement et ils sont susceptibles d'être expulsés.
Hasiboullah et Hassan ont de la chance. Ils sont arrivés avant la vague de réfugiés et de migrants qui cherchaient refuge en Europe l'année dernière. Ils ont tous les deux eu le temps de terminer leur scolarité, d'être admis à l'université et de trouver leur place dans la société hongroise.
A Fot, une banlieue de Budapest, le Centre pour enfants Karolyi Istvan se trouve sur le terrain d'un vieux château. Pendant l'époque communiste, il accueillait des centaines d'orphelins hongrois. De nos jours, le centre accueille de jeunes délinquants, des enfants handicapés et des enfants migrants non accompagnés.
« Nous leur donnons la plus grande indépendance », explique Peter Vamosi, Directeur du service de suivi des anciens pensionnaires de l'orphelinat. « Je suis au service des garçons s'ils ont besoin de moi, mais je ne me mêle pas de leur vie privée. »
Ces quatre dernières années, 4000 migrants mineurs sont passés dans le centre, dont 2460 pour l'année dernière uniquement. La plupart d'entre eux partent en Autriche ou en Allemagne, mais ils sont une centaine à avoir choisi de rester en Hongrie, comme Hasiboullah et Hassan.
« Au début, nous étions logés sous tente dans un campement qui s'appelait Bicske », déclare Hassan. « C'est là que nous avons repris l'école. Il y avait deux professeurs qui nous ont vraiment aidés à apprendre le hongrois. Je suis resté parce que les gens étaient gentils. Ils nous ont encouragés à apprendre, à vivre ici. » Grâce à leur soutien, il fait maintenant des études pour devenir physiothérapeute.
Hasiboullah espère devenir électricien et s'est encore intégré davantage dans la société en épousant une jeune fille hongroise. Il a malheureusement perdu le contact avec ses parents en Afghanistan qui avaient payé des passeurs pour le mettre hors de danger. « Ils seraient si heureux s'ils me voyaient maintenant », explique-t-il. « Ils voulaient que j'aie un avenir.»
Par Helen Womack en Hongrie