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Un magazine propose une formation aux médias, une bonne nouvelle pour les réfugiés

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Un magazine propose une formation aux médias, une bonne nouvelle pour les réfugiés

Un magazine d'information autrichien offre à des jeunes demandeurs d'asile la possibilité de découvrir le monde du journalisme.
29 Juin 2018
Narges Ayubi, originaire d'Afghanistan, espère que cette formation l'aidera à gagner sa vie et à devenir indépendante.

Les journaux du matin sont étalés sur le bureau et les étudiants en journalisme observent leurs principaux titres. Que se passe-t-il dans le monde ?  Qu’est-ce qui fait un bon sujet ?


Ils décident que le rapprochement diplomatique entre les Etats-Unis et la Corée du Nord est moins intéressant que l’histoire d’un migrant, Mamoudou Gassama, surnommé « le Spiderman » de Paris.

En mai dernier, ce demandeur d’asile âgé de 22 ans et originaire du Mali s’est vu offrir la nationalité française après avoir escaladé un immeuble pour sauver un enfant qui était suspendu à la rambarde d’un balcon. 

« Il a montré le bon exemple », dit l’un des étudiants. « Cela encourage d’autres à faire de même ». « Oui, il s’est comporté en héros », ajoute le formateur, Amar Rajkovic, « mais nous reviendrons sur cette histoire un peu plus tard. »

Les étudiants d’Amar Rajkovic sont des demandeurs d’asile venus d’Iran, d’Iraq ou d’Afghanistan. Ils suivent une formation de quatre mois, axée sur l’étude des médias et qui est organisée par le magazine d’information autrichien « Biber ». 

Le magazine Biber a été créé en 2006 par le journaliste politique Simon Kravagna. L’immigration en provenance des Balkans et de la Turquie était en train de changer le visage de Vienne et, pour refléter cela, il s’est entouré de rédacteurs d’origines diverses.

« Je suis sensible au sort des réfugiés. »

Lorsque la crise des réfugiés est apparue en 2015, Simon Kravagna explique qu’il a ressenti le besoin d’aider à nouveau de façon concrète.

Le magazine Biber a démarré, en 2017, sa première formation pour les personnes ayant obtenu le statut de réfugiés. Certains participants ont, par la suite, décroché un stage ou un emploi au sein de publications autrichiennes ou dans d’autres sociétés.  

La seconde formation, qui est organisée cette année, est destinée aux personnes en attente d’une décision concernant leur demande d’asile. Durant ce délai d’attente, elles sont en effet largement exclues du marché du travail en Autriche.

Une douzaine de participants, aussi bien des hommes que des femmes, ont été sélectionnés parmi un groupe de 40 candidats. Ils devaient posséder une première expérience dans les médias ou un vif intérêt pour le journalisme. Parallèlement à cette initiative, Biber organise aussi une autre formation spécifiquement destinée aux femmes réfugiées.  

A l’issue de la formation, les travaux des étudiants sont publiés dans une édition spéciale du magazine. De cette manière, Biber forme à la fois de nouvelles recrues et propose de nouveaux sujets à ses lecteurs.

Amar Rajkovic, 36 ans, est arrivé en Autriche comme réfugié de Bosnie-Herzégovine, à l’âge de 12 ans. Il est journaliste au magazine Biber et assure la formation aux médias en plus de ses fonctions éditoriales.  

« Je suis sensible au sort des réfugiés », dit-il. « Je ne peux pas le nier, c’est dans mon caractère. C’est la raison pour laquelle j’ai mis tant d’énergie dans cette formation, parce que je peux me voir assis à leur place ».

« J’espère que cette formation me permettra de décrocher un travail et d’être indépendante ».

Amar apprend aux étudiants à distinguer qui détient les médias et il leur parle aussi de la presse à scandales, à laquelle il reproche parfois une couverture xénophobe. Plusieurs étudiants disent avoir parfois subi des abus liés à la xénophobie mais, de manière générale, ils se disent relativement optimistes quant à leur chance d’intégration.

Grâce au magazine Biber, les demandeurs d’asile ont étudié l’histoire allemande et européenne, ainsi que différentes questions liées aux médias. Même si la formation n’ouvre pas les portes d’une carrière dans le journalisme, elle leur permet d’entrer progressivement dans le monde du travail.

« Je pensais que je voulais être journaliste », explique Narges Ayubi, âgée de 20 ans et originaire d’Afghanistan. « Or, je réalise qu’il y a trop de langues que je parle à moitié – le hazaragi, le dari, l’allemand, l’anglais… mais j’espère tout de même que cette formation me permettra de décrocher un travail, de gagner de l’argent et d’être indépendante ».  

Les professionnels qui travaillent avec l’image ou la vidéo, plutôt que le texte, ont davantage de chance d’entrer dans un média. Murtaza Elham, âgé de 31 ans, était déjà un photographe accompli lorsqu’il a rejoint cette formation avec l’espoir d’améliorer ses compétences. Ses photographies avaient déjà été publiées par le « Danube Island Festival », un festival de musique en plein air, et il est l’auteur des photographies en noir et blanc de l’Hôtel de Ville de Vienne, qui illustrent cet article.  

Mortaza Haidari, âgé de 22 ans et né en Iran de parents afghans, espère qu’il pourra utiliser ce qu’il a appris durant cette formation pour écrire un livre. Il explique qu’il a vécu « entre deux guerres », celle en Afghanistan et celle en Syrie, et il se rappelle l’éprouvant périple qu’il a effectué sur la terre ferme et par la mer pour rejoindre l’Europe. 

Le groupe se penche à présent sur l’histoire du migrant malien qui a sauvé un enfant à Paris.

 « Est-ce que cela signifie que nous devons à présent arpenter les rues à la recherche d’enfants à sauver ? »

Un étudiant demande : « Est-ce que cela signifie que nous devons à présent arpenter les rues à la recherche d’enfants à sauver ? »

Amar Rajkovic explique aux étudiants que cela ferait un excellent sujet « pour et contre » pour un édito d’un journal, qui énumèrerait les arguments en faveur ou ceux opposés à un traitement spécial dans ce genre de situation.  

« Comment pourrions-nous suivre cette affaire ? », demande-t-il. Les étudiants suggèrent d’interroger les différents protagonistes. Quelqu’un rappelle la nécessité d’être accompagné d’un interprète, dans le cas où les personnes interrogées ne parlent pas notre langue.

Une chose en entraîne une autre, comme dans le journalisme. Les étudiants commencent à parler de leurs propres expériences pendant leurs processus de demande d'asile, certaines ont été difficiles. Il s'avère que plusieurs font appel d’une décision d'asile négative.

Les étudiants sont hantés par la peur de se voir notifier un dernier refus ou que leur demande d’asile soit définitivement rejetée.

Omid (nom d’emprunt) explique que les talibans ont menacé de le tuer et, pourtant, sa demande a été refusée. La conclusion de ce refus était la suivante : si sa propre ville était dangereuse, il pouvait toujours se rendre dans la capitale afghane, Kaboul.

Flairant un sujet, Amar Rajkovic demande aux étudiants d'écrire un article sur la manière dont eux ou leurs amis ont vécu leur entretien dans le cadre de leur demande d’asile. Le magazine Biber, toujours audacieux dans sa recherche d’information, s’apprête à publier un sujet sur la question du nombre croissant de demandes qui sont rejetées, en particulier celles des Afghans, malgré la situation de plus en plus instable en Afghanistan.

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