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Trois bénévoles aident leurs compatriotes du Moyen-Orient à trouver leurs marques à Vienne

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Trois bénévoles aident leurs compatriotes du Moyen-Orient à trouver leurs marques à Vienne

Trois réfugiés syriens ont créé un réseau d'auto-assistance, afin d'organiser des cours de langue et une école d'été pour les enfants.
27 Juillet 2018
Les enfants de l'école d'été à la pause d'un jeu de football auquel participent les filles et les garçons.

Trente enfants qui en d'autres circonstances auraient passé leurs vacances à la maison peuvent désormais profiter d'une école d'été créée à Vienne par trois bénévoles syriens qui se sont engagés à aider d'autres réfugiés.


« Qui nous viendra en aide si nous ne nous aidons pas nous-mêmes ? » demande Maan Abu Ghazaleh, un Palestinien de 38 ans élevé en Syrie. Lui-même, son épouse syrienne de 36 ans, Kholoud Al Englizi, et leur ami Hani Al Khatib, 30 ans, ont créé une association à but non lucratif appelée Die Brücke des Friedens (Le pont de la paix).

Comme les enfants, qui apprennent par le jeu dans un centre communautaire du 10e district viennois, sont partis à leurs cours d'allemand, d'anglais et de mathématiques, les organisateurs peuvent faire une pause. Devant une tasse de thé, ils se rappellent comment tout a démarré après leur arrivée en Autriche en 2014. 

Ils avaient fui la guerre en Syrie, quelque temps avant l'arrivée en Europe de la vague de réfugiés de 2015. À Damas, Maan travaillait dans une banque, Khouloud enseignait l'anglais et Hani faisait des études de génie électrique. Maan et Khouloud ont rencontré Hani en Autriche où ils sont aujourd'hui tous les trois reconnus comme réfugiés. 

« Nous avons commencé par organiser des réunions tous les trois mois, juste des manifestations sociales. »

Leurs activités bénévoles ont commencé lorsqu'ils ont vu d'autres réfugiés arriver en grand nombre à la principale gare ferroviaire de Vienne. À cette époque, Maan et Khouloud vivaient à Lilienfeld en Basse-Autriche.

« On allait à Vienne tous les jours pour aider les gens à la gare », dit Kholoud. « On leur servait d'interprète. Si quelqu'un avait besoin d'un médecin par exemple, on faisait les recherches et on trouvait l'adresse. »

Ils connaissaient déjà Hani sur Facebook. Ils l’ont retrouvé à la gare où il apportait aussi son aide bénévolement. Leur amitié virtuelle s'est concrétisée et ils ont commencé à se rendre compte que leur organisation sociale pourrait aussi voir le jour.

Éparpillés dans toute la ville, les réfugiés avaient besoin de parler de leurs expériences. Nombre d'entre eux avaient connu les mêmes traumatismes liés aux pertes subies durant la guerre et aux épreuves durant le périple jusqu'en Europe.

« Les gens étaient isolés », dit Khouloud. « Nous avons commencé par organiser des réunions tous les trois mois, juste des manifestations sociales où ils pouvaient parler dans leur langue, s'exprimer s'ils se sentaient déprimés par exemple. On tenait nos réunions dans des cafés arabes sur le mode ‘ chacun amène son repas et sa boisson’. »

Les trois amis savaient que les réfugiés devaient apprendre à parler la langue pour pouvoir s'intégrer, mais il n'y avait pas toujours de cours disponibles ou gratuits. Ayant eux-mêmes un niveau de connaissance moyen de l'allemand, ils ont donné des cours de base à des réfugiés qui ne parlaient pas ou peu la langue. Ils ont organisé un Sprachcafe (café-rencontre) avec des Autrichiens et des réfugiés de divers pays, et pas seulement des Syriens. 

« Certains réfugiés ne connaissaient même pas l'alphabet latin. Nous avons pu les aider avec les bases », dit Khouloud qui a suivi à Vienne un cours de formation à l'enseignement et espère un jour reprendre sa carrière d'enseignante.

Officiellement créée en 2017, l'association Die Brücke des Friedens est autofinancée, même si les autorités municipales viennoises leur permettent d'utiliser des locaux gratuitement. L'association lève des fonds en organisant des fêtes de cuisine traditionnelle et d'autres activités.

« Pour l'une de ces fêtes », dit Khouloud, « 200 personnes s'étaient inscrites sur Facebook, mais 500 sont venues. La queue faisait tout le tour de la salle. »

Les trois organisateurs insistent farouchement sur le fait qu'ils veulent s’aider eux-mêmes et s'entraider, plutôt que de recevoir des subsides ou des dons d’organisations de charité. Durant la campagne électorale présidentielle en 2016 où certains médias diffusaient une image négative des réfugiés, ils ont payé de leur poche l'impression et la distribution de 10 000 dépliants où ils remerciaient l'État autrichien de les avoir reçus et assuraient au grand public qu'ils n'étaient pas venus dans l'idée d'être une charge pour la société.

« La tolérance, c'est quand on peut voir les couleurs entre le noir et le blanc. »

L'idée de l'école d'été a commencé à se profiler vers la fin des échanges linguistiques d’hiver. Une annonce a été passée sur Facebook : l'école s'adressait à tous les enfants, pas seulement les Syriens et pas seulement les réfugiés, même si ce sont principalement des familles de réfugiés syriens qui ont répondu à l'appel. 

« Les parents nous disaient qu'ils allaient avoir des problèmes avec leurs enfants qui seraient obligés de passer toutes leurs vacances à la maison avec rien d'autre à faire que de regarder la télévision », dit Khouloud.

L'école d'été se tient dans un centre communautaire appartenant à Wohnpartner, un organisme d'aide aux résidents des logements sociaux de la Ville de Vienne. Sur le mur extérieur, un graffiti rappelle « La tolérance, c'est quand on peut voir les couleurs entre le noir et le blanc. »

Dans l'une des salles, de tout jeunes enfants récitent des mots allemands en B et P, encouragés par des bénévoles allemands. Dans une autre salle, des adolescentes syriennes ayant un niveau d'anglais correct donnent un cours de conversation à des fillettes.

Ailleurs encore, Hani apprend le chant et la danse du chi chi wa à la douzaine d'enseignants bénévoles de l'école. Bientôt, toute l'école pour s’y mettre ensemble. À l'extérieur, les enfants jouent au football. Des assiettes de frites sont disposées sur la table pour le déjeuner.

Tout le monde s'amuse, tout le monde apprend, c'est une situation où tous évoluent.

« C'est très intéressant d'observer les Syriens », dit Franz Swischaj, un assistant social autrichien. « Ils ont des méthodes différentes des nôtres et nous pouvons apprendre des leurs. »

Maan regarde fièrement le spectacle. En Syrie, il avait décroché une licence de gestion commerciale et travaillait dans une banque. Pendant 14 mois après son arrivée à Vienne, il a préparé des sandwiches pour une chaîne de restauration rapide. Maintenant, il voit se dessiner un avenir plus gratifiant.

« J'ai commencé à travailler dans l'action sociale, » dit-il, « et je constate que j'aime beaucoup ça. »