« Sécurité et financement, éléments cruciaux de la situation au Soudan et au Tchad », affirme Wendy Chamberlin
« Sécurité et financement, éléments cruciaux de la situation au Soudan et au Tchad », affirme Wendy Chamberlin
GENEVE, 25 avril (UNHCR) - La sécurité, les conditions de vie élémentaires et le financement comptent parmi les priorités de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés au Soudan et au Tchad. C'est ce qu'a affirmé Madame Wendy Chamberlin, Haut Commissaire par intérim, de retour d'une mission de cinq jours dans la région.
Après avoir regagné le siège de l'UNHCR ce week-end, Madame Chamberlin a informé lundi les journalistes présents à Genève. Elle a fait part de ses observations sur Omdurman es Salaam, un camp dans les environs de Khartoum, qui abrite 120 000 personnes déplacées. Un grand nombre d'entre elles, originaires du Sud-Soudan, y habitent depuis le milieu des années 80.
« Les conditions y sont très déplorables, parfois même pires qu'au Darfour, et certainement plus mauvaises qu'au Tchad », note-t-elle. « Ce qui nous a vraiment perturbés, c'est le fait que 13 000 maisons y ont été récemment détruites, affectant ainsi 17 000 familles. »
Dans ce camp, les déplacés doivent faire face à de sérieux problèmes de santé : 22 pour cent des décès sont dus à des maladies relatives aux diarrhées. Soixante-sept pour cent des déplacés n'ont pas d'emploi ; ils ne survivent que grâce à la générosité d'autres déplacés, de la population locale ou de l'aide humanitaire.
Au Darfour, Madame Chamberlin a visité un camp près de Zalingi, où elle a demandé aux déplacés quelles sont leurs trois préoccupations principales. La réponse : « Sécurité, sécurité, sécurité. » Elle a souligné que les déplacés, spécialement les femmes, ont fait un chaleureux éloge du rôle des soldats de l'Union africaine, qui les escortent quand elles s'aventurent hors du camp pour ramasser du bois : en effet, c'est généralement à ce moment que les femmes sont attaquées et violées par des groupes armés.
Au Tchad voisin, des réfugiés du camp de Touloum ont dit au Haut Commissaire par intérim que leurs soucis majeurs sont la nourriture, l'eau et des classes d'alphabétisation pour les femmes. « Mais la sécurité n'est pas un problème pour ces populations, ce qui est une chose positive », a-t-elle souligné.
Et Madame Chamberlin de conclure : « Les gouvernements ont l'obligation de protéger leurs citoyens. Je pense qu'il y a en ce moment au Soudan des gens qui ne sont pas protégés. »
Elle a évoqué le cas d'une fillette déplacée, âgée de huit ans, dans un camp près de El Geneina, au Darfour. « Cette fillette a été victime de viols à répétition, nuit après nuit. Bien sûr, nous l'avons prise en charge immédiatement et nous l'avons soignée. Mais nous avons fait davantage. Nous avons aussi essayé de mettre en place des mesures de protection pour que d'autres enfants soient également protégés. Nous avons créé un centre sécurisé pour enfants dans ce camp. De plus, quand nous aurons reçu davantage de financement, nous envisageons de construire des structures similaires dans d'autres camps. »
Madame Chamberlin a ajouté que l'UNHCR a un rôle unique à jouer dans la protection, mais qu'il ne peut atteindre complètement ses objectifs, parce que « limité par l'argent ». « Au Darfour, nous avons demandé 30 millions de dollars, mais, jusqu'à présent, nous n'en avons reçu que 2. Nous continuons donc à chercher 28 millions de dollars pour mettre en oeuvre notre rôle de protection là-bas. » Au Tchad, où 200 000 réfugiés soudanais vivent dans 11 camps de l'UNHCR, l'agence a besoin de plus de 80 millions de dollars, mais n'en a reçu que 30. Quant au Sud-Soudan, qui compte plus de 4,5 millions de déplacés, l'agence demande 61 millions de dollars, mais n'en a même pas reçu 9.
Par Hélène Caux