Retour vers l'Afghanistan, les derniers convois de l'année depuis le Pakistan
Retour vers l'Afghanistan, les derniers convois de l'année depuis le Pakistan
ATTOCK, Pakistan, 15 décembre (UNHCR) - Les derniers convois de retour de l'année quittent actuellement le Pakistan pour l'Afghanistan alors que l'agence des Nations Unies pour les réfugiés s'apprête à suspendre son programme de rapatriement à cause de l'hiver.
Ce sont 29 familles afghanes au total - soit 164 personnes - qui ont quitté trois provinces différentes au Pakistan et ont rejoint un convoi formé lundi vers l'Afghanistan à destination de trois provinces différentes. Leur départ depuis la Province frontière du Nord-Ouest du Pakistan, les provinces de Sindh et du Baloutchistan, survient une semaine avant le 20 décembre, date à laquelle l'UNHCR suspendra provisoirement son opération de rapatriement volontaire à cause de l'arrivée de l'hiver.
« Je sais que ce n'est pas une bonne période pour les rapatriements, car l'hiver est très rude en Afghanistan, mais ma famille se sent seule loin de nos proches, qui sont partis plus tôt cette année », dit Mohammad Zia, âgé de 27 ans. « Nous voulons les rejoindre. Enfin nous pourrons être heureux avec notre famille. »
Zia a vécu cinq ans à Attock, à environ une heure de route depuis Islamabad, la capitale pakistanaise. « Je suis fabricant de tapis et j'ai travaillé à l'atelier de tissage d'Attock », explique-t-il, ajoutant qu'il a fini son dernier tapis - ce qui lui a pris trois mois - avant de recevoir son dernier salaire.
« A Kaboul, j'ai du terrain et une maison que je veux reconstruire maintenant », dit-il. « J'espère et je crois que j'aime mieux vivre en Afghanistan qu'au Pakistan. Au moins je ne serai plus réfugié et j'essaierai de trouver un emploi. Si je n'en trouve pas, je créerai un petit atelier de tissage de tapis avec l'aide de mon oncle à Kaboul. »
Après avoir fini juste à temps son dernier tapis, Zia est parti lundi avec le dernier convoi de l'année depuis Attock - le site est une longue succession de camps de réfugiés installés là depuis les années 80 lors de l'occupation soviétique en Afghanistan, puis la guerre civile qui a déchiré le pays dans les années 90.
En plus de ceux, comme Zia, qui partent vers Kaboul, d'autres réfugiés dans le convoi partent vers les provinces de Jawzjan et Kunduz, au nord de l'Afghanistan. Pour eux, Kaboul sera simplement une étape avant de poursuivre leur route sur la fameuse autoroute Salang qui coupe la chaîne de montagnes de l'Hindou Kuch vers le nord.
Abdul Aziz est l'un de ceux qui part vers Jawzjan avec sa soeur. Cependant, il a décidé de laisser sa femme et sa fillette âgée d'un an à Attock pour le moment. « Je pars maintenant pour mon pays parce que je veux construire moi-même ma maison », dit-il. « Je veux commencer l'agriculture sur ma terre et gagner de l'argent. Je ne veux pas que ma femme et ma fille aient des problèmes quand elles rentreront l'année prochaine. »
En 2005, l'UNHCR a aidé plus de 445 000 Afghans à rentrer chez eux depuis le Pakistan dans le cadre de son programme de rapatriement volontaire. « C'est le plus important nombre de retours depuis 2002, avec le rapatriement d'environ 1,6 million d'Afghans sous les auspices de l'UNHCR », dit Indrika Ratwatte, délégué-adjointe de l'UNHCR au Pakistan. « Au total, plus de 2,73 millions d'Afghans sont rentrés chez eux depuis le Pakistan dans le cadre de ce programme depuis son début en 2002. »
Environ 1,5 million de réfugiés sont eux rentrés depuis l'Iran depuis début 2002 - ce qui signifie qu'au total, environ 4,2 millions d'Afghans sont rentrés dans leur pays d'origine depuis la chute des taliban : la plus grande opération de rapatriement jamais organisée depuis la création de l'agence en 1951.
Dans le cadre de ce programme assisté de retour, l'UNHCR offre aux Afghans qui souhaitent rentrer une allocation d'assistance pour le voyage, variant de 4 à 37 dollars par personne en fonction de la distance et une somme de 12 dollars par personne pour les aider à se ré-établir en Afghanistan. Cette somme est payée une fois que les rapatriés sont effectivement arrivés en Afghanistan.
Toutes les personnes âgées de plus de 6 ans, qui sont rapatriées avec l'assistance de l'UNHCR, doivent se soumettre à un test de reconnaissance par l'iris, qui permet de vérifier qu'ils n'ont pas déjà reçu l'allocation de retour. Cette nouvelle technologie a été testée pour la première fois avec les réfugiés au Pakistan en automne 2002 et a été adoptée pour tous les retours assistés l'année suivante.
L'UNHCR et les gouvernements pakistanais et afghan se sont mis d'accord pour reporter la date limite de l'actuel accord tripartite, qui règle le rapatriement volontaire des Afghans, de mars à décembre 2006. La prochaine saison de rapatriement volontaire commencera en mars comme d'habitude.
On estime qu'environ 2,6 millions d'Afghans vivent encore au Pakistan. Cette estimation est basée sur le recensement de mars 2005 qui a dénombré quelque 3 millions d'Afghans au Pakistan, prenant en compte les 445 000 qui sont rentrés chez eux depuis. Environ 1 million d'Afghans enregistrés vivent toujours en Iran, d'où plus de 260 000 réfugiés ont été rapatriés en 2005 - portant le nombre de rapatriés à 700 000 depuis ces deux pays pour cette année 2005.
Par Asif Shahzad à Attock, Pakistan