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Retour en Somalie : la vie de réfugié est terminée

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Retour en Somalie : la vie de réfugié est terminée

Le vol ne dure qu'une heure mais qui, pour la plupart des passagers, semble une éternité.
7 Août 2015
Des réfugiés somaliens rentrent en Somalie, en provenance du Kenya – un vol de courte durée mais qui, pour beaucoup, semble une éternité.

MOGADISCIO, 7 août (HCR) - Le vol n'a pris qu'une heure mais qui, pour Fatuma, 26 ans, et les 115 autres passagers somaliens, a semblé une éternité.

Ils ont vécu en exil pendant des années. Ils étaient hébergés à Dadaab dans le plus vaste camp de réfugiés au monde, situé dans une région reculée au nord-est du Kenya.

Le 5 août 2015, ils sont rentrés en Somalie, leur pays d'origine. Fatouma est retournée à Mogadiscio, la capitale. Elle est Maman d'une petite Fardowsa née en mai 2013 dans le camp de réfugiés où elle a vécu pendant trois ans.

Dadaab a été un refuge sûr pour les réfugiés somaliens depuis son installation en 1991 au moment où la guerre civile avait éclaté en Somalie. Prévu pour héberger environ 90 000 personnes, le complexe de cinq camps s'est étendu de manière tentaculaire au fil des années, reflet de la guerre qui sévissait de l'autre côté de la frontière.

En Somalie, la poursuite du conflit armé, aggravé par les conséquences de risques naturels récurrents, a contraint des millions de personnes à se déplacer pour leur survie et leur protection. Actuellement, 333 000 réfugiés vivent à Dadaab, en grande majorité originaires de la Somalie voisine, un pays dans lequel plus d'un million de personnes sont encore déplacées.

Retourner en Somalie, vers des régions que les personnes ont fuies à l'époque, est une tendance qui gagne du terrain depuis trois ans. Plus de 60 000 déplacés internes ont bénéficié d'un soutien du HCR et de ses partenaires pour rentrer vers leurs régions d'origine depuis mi-2012. Le rapatriement librement consenti a démarré depuis la définition d'un cadre offrant un soutien en faveur de retours sûrs, dignes et durables en 2013.

L'accord tripartite signé en novembre 2013 entre le HCR et les gouvernements du Kenya et de Somalie constitue un cadre permettant de veiller à ce que le rapatriement soit sûr, digne et pleinement volontaire.

Près de 2 600 réfugiés somaliens ont décidé de quitter le Kenya et de rentrer vers leurs régions d'origine en Somalie au cours d'une phase pilote de sept mois lancée en décembre 2014, pendant laquelle le HCR a offert un soutien en matière de rapatriement et de réintégration.

Fatouma et les 115 autres réfugiés à bord de l'avion en provenance de Dadaab sont les premiers réfugiés à rentrer en Somalie depuis qu'un nouveau programme renforcé de rapatriement a été approuvé par la Commission tripartite le 29 juillet dernier.

Depuis les plaines poussiéreuses de Dadaab, ils ont survolé les zones troublées du centre-sud de la Somalie qu'ils ne pourraient pas atteindre par la route. Peu après, l'avion s'est préparé à atterrir à Mogadiscio, le long d'un magnifique littoral où la Somalie longe l'Océan indien.

Plusieurs représentants du gouvernement somalien attendaient sur le tarmac, impatients de rencontrer et d'accueillir les rapatriés. Ce vol, financé par le HCR, a permis à ces (désormais) anciens réfugiés de rentrer chez eux en dépit de la situation sécuritaire encore fragile dans certaines parties de leur pays. Les futurs retours de réfugiés auront lieu principalement par voie terrestre et seuls les réfugiés les plus vulnérables seront acheminés par avion entre le Kenya et la Somalie.

A Dadaab, Fatouma tenait un petit kiosque et elle va désormais solliciter une aide pour ouvrir un magasin à Mogadiscio afin de pouvoir gagner sa vie. Fatouma et sa fille ont de la chance d'avoir une maison où rentrer. Elles s'installeront dans la maison de sa mère et de sa soeur et Fatouma attendra le retour de son mari qui se trouve actuellement en Afrique du Sud. D'autres rapatriés, en particulier ceux ayant vécu loin de la Somalie pendant de nombreuses années, doivent souvent tout reconstruire et créer de nouvelles fondations pour vivre et subsister.

Le HCR aide les rapatriés à rentrer et à se réintégrer dans leurs régions d'origine où de plus en plus de projets de reconstruction et de développement sont mis en oeuvre. Le but commun de ces projets, menés par les agences des Nations Unies en collaboration avec les autorités gouvernementales fédérales et régionales, est de rétablir et installer l'accès à l'eau, de fournir des installations d'assainissement et d'assurer des services essentiels. Pour beaucoup, le choix de rentrer reste cependant difficile, leur envie de retrouver leurs racines étant assombrie par la crainte de l'insécurité, la poursuite du conflit et le manque d'accès au travail, aux écoles, aux hôpitaux et à d'autres infrastructures essentielles encore inexistantes.

Tandis que certains - dont les gouvernements du Kenya et de Somalie - estiment que les rapatriés font partie de la solution pour reconstruire et stabiliser la Somalie, de nombreux réfugiés au Kenya veulent d'abord s'assurer que les conditions dans leur pays d'origine sont propices à leur retour.

A bord de l'avion en provenance de Dadaab se trouvait aussi Hureji Osman Siat, âgée de 72 ans. Elle ne voulait pas attendre davantage. Hureji Osman Siat se trouvait à bord de l'avion avec sa fille et plusieurs petits-enfants, dont un garçon souffrant d'un handicap physique. A Dadaab, elle travaillait avec Handicap International et elle souhaite continuer à aider son peuple par des actions humanitaires, déclare-t-elle.

Hureji Osman Siat a quitté Mogadiscio en 2008 et sa maison était à l'époque située dans le centre ville. Elle rentre sans savoir encore où elle va s'installer avec le reste de sa famille. La plupart de leurs proches sont encore à Dadaab, mais Hureji Osman Siat explique qu'ils comptent contacter d'anciens voisins pour qu'ils les aident à trouver un endroit où habiter.

Elle n'emporte que 20 kilos de bagage, mais un coeur et un esprit pleins d'espoir. « Je suis heureuse d'être de retour même si je dois dormir sous un arbre, parce que l'idée de rentrer à Mogadiscio me hante depuis longtemps », déclare-t-elle.

Par Alexandra Strand Holm, à Nairobi/Mogadiscio

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