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Réalisée par un réfugié rwandais, une série télévisée pronant la tolérance a été primée lors d'un festival

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Réalisée par un réfugié rwandais, une série télévisée pronant la tolérance a été primée lors d'un festival

Un film produit par l'UNHCR et réalisé par Joseph Mouganga, un réfugié rwandais vivant en Côte d'Ivoire, a été présenté lors du quatrième FICA (Festival international du court métrage d'Abidjan), du 26 au 30 avril 2006. Préparé dans le cadre de la campagne de l'UNHCR pour la tolérance et la coexistence pacifique, l'un des épisodes de cette série télévisée baptisé « L'anniversaire » a remporté le prix du public.
10 Mai 2006
Joseph Mouganga présente avec joie et fierté le trophée qu'il vient de recevoir à l'occasion du 4e FICA, le Festival international du court-métrage d'Abidjan.

ABIDJAN, 10 mai (UNHCR) - « Plutôt que de vivre son statut de réfugié comme un handicap, il faut s'en servir comme une seconde chance pour reconstruire sa vie », témoigne Joseph Mouganga, un jeune réfugié rwandais. Il vit maintenant en Côte d'Ivoire et a donné vie à son rêve toujours : devenir réalisateur de cinéma.

La série télévisée réalisée par ses soins et produite par l'UNHCR a été présentée lors du quatrième FICA (Festival Internationale du Court métrage d'Abidjan), du 26 au 30 avril 2006, parmi des films concurrents provenant de plus de 20 pays d'Afrique. Elle a été préparée dans le cadre de la campagne de l'UNHCR pour sensibiliser l'opinion publique aux questions de tolérance et de coexistence pacifique, et a remporté le prix du public grâce à l'un de ses épisodes, baptisé « L'anniversaire ».

« Je suis très heureux d'avoir reçu cette récompense. Je considère que c'est l'un des meilleurs prix, sinon le meilleur, car c'est le public qui l'attribue en votant pour le film qu'il préfère », se réjouit Joseph, visiblement très ému.

« Je suis persuadé », poursuit-il, « que les spectateurs ont compris le message que je cherchais à transmettre. Je suis un réfugié et ce sont les réfugiés qui ont gagné à travers moi. Quand un réfugié gagne un tel trophée, cela signifie que les populations d'accueil nous aiment et je voudrais leur rendre hommage. »

Pour Joseph, ce film est aussi symbole d'« espoir pour les réfugiés parce que les choses peuvent s'améliorer et qu'un jour ils seront en mesure de rentrer chez eux ou de s'intégrer sur place, s'ils le souhaitent. »

Même s'il tente de toutes ses forces d'oublier le passé, les images ressurgissent parfois ; celles de sa venue en Côte d'Ivoire et de toutes les péripéties traversées.

« Je suis rwandais. En 1994, la guerre civile qui s'est soldée par le génocide m'a contraint à fuir mon pays pour sauver ma vie », explique-t-il, le visage soudainement empreint de désespoir et d'amertume, « j'aurais tant voulu rester chez moi, y vivre et y mourir. Mais le sort en a décidé autrement. »

Son regard se voile un peu plus tandis qu'il évoque son arrivée en terre ivoirienne en 1995 et ses premiers contacts avec l'UNHCR : « Lorsqu'on est réfugié, on n'a pas de parent, ni de famille ; l'UNHCR est tout pour nous.... Mais, les formalités officielles me replongeaient dans un passé que je voulais oublier. Il me fallait raconter mon histoire ; c'était une épreuve trop douloureuse, alors j'ai alors décidé de me battre tout seul. »

Enfin, son visage s'illumine au récit de ses premières rencontres, notamment celle de Benjamin Kieffolo, qui était en 1996 le directeur technique de la RTI (Radio Télévision Ivoirienne). Joseph ne tarit pas d'éloges pour son bienfaiteur, qui lui a permis de rentrer dans le milieu de l'audiovisuel ivoirien et de pouvoir vivre sa passion de toujours. En 1997, il a commencé à travailler pour une ONG pour laquelle il a produit et réalisé le film « SIDA dans la cité ».

Il a aussi collaboré avec Henri Duparc, le grand cinéaste ivoirien décédé le 18 avril dernier, qui lui a appris le métier. Joseph estime être l'un des héritiers : « il appréciait ce que je faisais. Je n'étais pas son employé - je travaillais en tant qu'indépendant - mais il me faisait faire tous ses travaux car il avait confiance en moi. »

Lorsque l'UNHCR a décidé, en 2003, de produire une série télévisée dans le cadre de sa campagne de sensibilisation intitulée « Votre tolérance peut faire la différence », le producteur délégué a très vite contacté Joseph et décidé de mettre sa précieuse expérience au service des réfugiés.

L'objectif de cette campagne était d'amener les populations présentes en Côte d'Ivoire à réapprendre à vivre ensemble, après les fortes tensions nées du conflit dans le pays entre communautés d'accueil, réfugiées et étrangères.

Evoquant son implication personnelle dans cette initiative, Joseph explique : « en participant à ce projet, j'avais envie de faire passer un message. J'ai donc réadapté les scenarii en y ajoutant le témoignage du réfugié que je suis, en évoquant ses attentes, sa vie dans la société, ses difficultés, ses craintes et ses espoirs. »

Il constate avec dépit que le fléau de la guerre continue à faire des ravages en Afrique : « Après la tragédie du Rwanda, je me suis dit qu'il n'y aurait plus de guerre en Afrique. Aujourd'hui, je me rends compte que ce n'était qu'une illusion. »

Mais les conflits qui déchirent le continent africain et leur corollaire de déplacements massifs de populations ne font pas perdre espoir à ce jeune réalisateur lucide et déterminé.

Joseph est aujourd'hui bien intégré dans le pays qui l'a accueilli voilà plus de dix ans. Il a épousé une Ivoirienne, avec laquelle il a un enfant de deux ans. Il garde cependant le secret espoir de retourner un jour dans son pays. « Ma colline me manque et le Rwanda restera toujours mon pays. J'ai envie que mes enfants le connaissent », conclut-il.

L'UNHCR à Abidjan a produit la série télévisée intitulée « Résidence Akwaba », composée de 12 épisodes, dans le cadre de sa campagne pour renforcer la coexistence pacifique. Le film sera présenté au grand public lors de la cérémonie de la Journée mondiale du réfugié, le 20 juin prochain. Après le lancement du film, la RTI prévoit de diffuser la série entre juin et septembre 2006 à raison d'un épisode par semaine.

Par Simplice Kpandji à Abidjan

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