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Questions/Réponses : une avocate maltaise se mobilise en faveur des réfugiés et des migrants

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Questions/Réponses : une avocate maltaise se mobilise en faveur des réfugiés et des migrants

Katrine Camilleri, une avocate, a reçu en début de semaine la distinction Nansen 2007 pour les réfugiés en reconnaissance de son courageux travail pour défendre les droits des réfugiés et des migrants à Malte. Elle avait commencé à défendre la cause des réfugiés au milieu des années 90, avant de rejoindre le Service Jésuite des Réfugiés (JRS), pour travailler à plein temps sur ce problème.
21 Septembre 2007
Katrine Camilleri, avocate et lauréate 2007 de la distinction Nansen pour les réfugiés.

GENEVE, 21 septembre (UNHCR) - Katrine Camilleri, une avocate, a reçu en début de semaine la distinction Nansen 2007 pour les réfugiés en reconnaissance de son courageux travail pour défendre les droits des réfugiés et des migrants à Malte. Elle avait commencé à défendre la cause des réfugiés au milieu des années 90, avant de rejoindre le Service Jésuite des réfugiés (JRS) pour travailler à plein temps sur ce problème. Avec l'augmentation du nombre des demandeurs d'asile, la migration irrégulière est devenue un sujet controversé à Malte et nombreux sont ceux qui désapprouvent son travail. Katrine Camilleri s'est récemment entretenue avec le Chargé de l'information publique de l'UNHCR, William Spindler.

Parlez-nous de votre travail au quotidien.

Chacune de mes journées est différente, ce qui rend mon travail particulièrement intéressant. J'assure un suivi individuel pour des cas particuliers et je travaille aussi à l'administration et à la gestion de projets. Je rencontre des gens qui viennent nous voir spontanément car ils ont besoin d'une aide juridique. La majorité de notre travail concerne les centres de rétention administrative ; nous offrons une assistance juridique et nous renseignons les détenus sur leurs droits.

Nous travaillons sur un projet, mené conjointement avec l'UNHCR, destiné à prévenir et à intervenir auprès des détenus qui ont subi des violences sexuelles et sexistes. Nous travaillons également dans le domaine social et nous assurons une aide psychologique, selon les besoins.

Quelle est la partie la plus difficile de votre travail ?

Sans aucun doute, le travail en milieu carcéral. Des personnes sont privées de leur liberté et c'est très dur. Elles sont fréquemment détenues dans des conditions très difficiles. Elles n'ont commis aucun crime et elles ressentent une injustice. Elles arrivent à Malte par bateau et la première chose qu'elles découvrent de Malte, c'est leur placement en centre de rétention. C'est un cadre de travail très difficile.

Lorsque nous parlons avec les détenus de leurs droits, nous devons souvent faire face à une suspicion de leur part. Il est difficile de gagner la confiance de personnes qui sont privées de leur liberté. Elles n'ont jamais vécu à Malte, elles n'en connaissent que le centre de rétention. Parfois, des personnes s'effondrent devant nous, ce qui a un impact profond sur notre travail et qui porte à conséquence sur la façon dont ces personnes communiquent avec nous. Vous voyez des personnes qui souffrent et vous n'avez aucune solution miracle pour améliorer leur sort.

Par ailleurs, vous devez souvent plaider pour des personnes qui ne sont pas dignes de confiance (du point de vue du grand public) et qui sont dépeintes de façon négative (par les médias). C'est difficile. Vous défendez des personnes qui sont impopulaires, et la population est souvent hostile à leur égard. Les gens ne sont pas tolérants.

Pourquoi les Maltais sont-ils hostiles à l'égard des boat people ?

Vous pouvez rencontrer des personnes tolérantes mais, en général, les Maltais ont peur. Malte est un tout petit pays et nous sommes parfaitement conscients de la limite de nos ressources, qui nous suffisent à peine. Maintenant nous devons faire face à ce qui est perçu comme une arrivée massive de personnes qui sont si différentes de l'image que les Maltais ont d'eux-mêmes. Il y a une sorte de préjugé défavorable. Je ne dis pas que tous les Maltais sont bigots ou racistes ; ils ne le sont pas, mais ils éprouvent un sentiment de crainte.

Une part de cette hostilité est dirigée contre vous. Pouvez-vous nous en parler ?

Mon véhicule et la porte de mon appartement ont été brûlés. Le motif de ces attaques n'a jamais été établi. En même temps, il y a eu d'autres attaques contre la communauté jésuite. Les maisons de certains journalistes ont aussi été prises pour cible. Dans ce contexte, il a été dit que nous avions provoqué ces attaques du fait de notre prise de position en faveur des droits de l'homme, des droits des réfugiés, du respect d'autrui et de la tolérance.

Des expériences positives vous ont-elles inspirée ?

A chaque fois que nous faisons avancer les choses pour une personne, cela nous encourage à poursuivre notre travail, bien que l'image globale ne change pas si facilement. Lorsque vous voyez que votre travail change les choses, c'est extrêmement encourageant.

Les demandeurs d'asile eux-mêmes sont une source d'inspiration : leur soutien, leur courage et leur espoir nous encouragent à poursuivre notre travail dans des circonstances parfois très difficiles. J'ai rencontré des demandeurs d'asile qui m'ont inspirée du fait de leur engagement, parce qu'eux-mêmes s'étaient battus pour ce à quoi ils croyaient. Leur personnalité est exceptionnelle.

Je fais également partie d'une équipe qui est véritablement engagée pour travailler auprès des personnes que nous aidons. En fait, nous faisons tous, chacun à son niveau, avancer les choses, et c'est le plus important.

Qu'arrive-t-il aux boat people lorsqu'ils débarquent à Malte ?

La plupart des personnes sont secourues en mer : parfois il y a des incidents durant lesquels il n'y a qu'un petit nombre de survivants. Il y a également des personnes qui arrivent à Malte par avion. Quel que soit leur moyen de transport pour arriver, elles sont emmenées pour être enregistrées auprès de la police d'immigration. Il y a une vérification rapide de sécurité et les personnes ayant besoin d'un traitement médical sont transférées à l'hôpital. Après leur enregistrement, elles sont amenées au centre de rétention administrative.

Les personnes qui sont apparemment vulnérables, comme les femmes enceintes, les familles avec des enfants en bas âge et les personnes handicapées, sont immédiatement remises par les autorités chargées de l'immigration à une agence gouvernementale. Cette organisme (l'organisation pour l'intégration et le bien-être des demandeurs d'asile) étudie leur cas pour savoir si elles doivent être relâchées ou non. Jusqu'à cette éventuelle remise en liberté, les personnes sont maintenues en détention.

Les centres de rétention administrative accueillent des personnes d'origines diverses. La majorité est constituée d'hommes jeunes qui sont arrivés à Malte seuls, il y a aussi des femmes et des enfants. Ils sont détenus tous ensemble, quasiment sans surveillance. Au centre, les hommes célibataires, les femmes et les familles avec enfants vivent tous ensemble. Il n'y a pas de séparation entre les hommes et les femmes. Concernant les équipements, la situation est loin d'être idéale : les toilettes, les douches, tout est partagé. Il n'y a pas de serrures aux portes.

Les migrants vulnérables peuvent passer deux ou trois semaines en détention, voire plus, parfois des mois. Il est difficile pour les adultes, ou les mineurs isolés, d'être autorisés à sortir seulement deux à trois fois par semaine. Imaginez que vous soyez enfermé avec des enfants en bas âge, parfois même avec des nouveaux-nés, dans un centre qui n'est qu'un corridor menant vers des dortoirs.

Les autorités réfutent le fait que c'est une forme de dissuasion. Si cela était l'intention, cela ne marchera pas parce que très peu de personnes veulent venir à Malte. Ce n'est pas ce qu'elles trouvent ici, mais ce qu'elles ont laissé derrière elles qui les poussent à partir.

La raison invoquée officiellement est le manque de ressources, mais il suffirait de peu pour améliorer les conditions. Il n'y a parfois pas suffisamment de vêtements, de paires de chaussures, de matériel - seulement des lits superposés, sans aucune chaise. Il serait possible de réaliser de petites transformations qui amélioreraient la situation et ne nécessiteraient pas des ressources importantes : des équipements sanitaires séparés pour le respect de la vie privée par exemple.

Malte devrait-elle obtenir plus d'aide et de soutien afin d'alléger ce fardeau ?

Malte rencontre manifestement des limites, peut-être plus que de nombreux autres pays. Malheureusement, en Europe, on tend à reporter le problème des migrants vers les Etats frontaliers, qui sont les moins équipés et les moins expérimentés pour y faire face.

Le Gouvernement maltais et ceux des autres nouveaux Etats membres de l'UE [l'Union européenne] ont besoin de soutien en tant qu'Etats frontaliers de l'UE. Il devrait y avoir un moyen plus équitable de partager les responsabilités. Le Gouvernement maltais a des responsabilités, mais les autres gouvernements en ont aussi.

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