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Questions/Réponses : Un mandat important a été confié au bureau du HCR en Géorgie, notamment un rôle pour la paix

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Questions/Réponses : Un mandat important a été confié au bureau du HCR en Géorgie, notamment un rôle pour la paix

Navid Hussain est le délégué de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en Géorgie depuis ces trois dernières années. Il dirige les opérations du HCR pour venir en aide aux personnes déracinées dans les zones contrôlées par le gouvernement, ainsi que dans les deux régions séparatistes. Il parle de son travail.
23 Mars 2007
Navid Hussain, délégué de l'UNHCR en Géorgie.

GENEVE, 23 mars (UNHCR) - Navid Hussain est le délégué de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés en Géorgie depuis trois ans. Il dirige les opérations de l'UNHCR pour venir en aide aux personnes déracinées dans les zones contrôlées par le gouvernement, ainsi que dans les deux régions séparatistes. C'est une mission compliquée, dont Navid Hussain a discuté récemment avec William Spindler, chargé de l'information à Genève. Voici quelques extraits de cet entretien :

En quoi consistent les opérations de l'UNHCR en Géorgie ?

L'UNHCR est impliqué en Géorgie depuis le début des années 90, lorsque le Secrétaire général des Nations Unies [Boutros Boutros-Ghali] a demandé à l'UNHCR de prendre la responsabilité de l'assistance aux personnes déplacées par le conflit en Géorgie.... Il y a deux régions séparatistes en Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud ... et les déplacés internes se trouvent dans toutes les régions de la Géorgie.

Au fil des années, l'UNHCR a mis en place des programmes multisectoriels pour assister les déplacés internes. En Géorgie, l'UNHCR est - exceptionnellement - une partie intégrante des processus de paix, aussi bien pour l'Ossétie du Sud que pour l'Abkhazie. Nous avons la responsabilité de toutes les questions relatives aux réfugiés, aux déplacés internes et aux rapatriés. Pour ce qui est de la Géorgie elle-même - le territoire contrôlé par le gouvernement - nous avons récemment été pleinement engagés pour plaider, auprès du gouvernement, la mise en place d'une stratégie nationale pour les déplacés internes, qui nécessite d'avoir une vision à long terme de leur situation.

L'UNHCR croit au principe du droit de retour. Nous pensons aussi que toute personne, en attendant de pouvoir exercer son droit de retour, a droit à une vie normale. Jusqu'à présent, pour des raisons politiques, le Gouvernement de Géorgie avait seulement mis l'accent sur les retours. Conséquence ... une certaine négligence de la situation des déplacés internes - qui sont environ 250 000 en Géorgie.

Le nouveau gouvernement [du Président Mikheil Saakashvili, qui a pris ses fonctions en janvier 2004] ... a entrepris un certain nombre de réformes politiques et cela nous a permis de convaincre le gouvernement de mettre en place une stratégie à long terme pour les déplacés internes, qui a maintenant été adoptée. L'UNHCR a l'intention de persuader le gouvernement et les acteurs du développement d'intégrer les déplacés internes dans les programmes de développement à long terme, pour que leurs droits soient respectés comme tout citoyen de Géorgie. La seconde partie de notre politique concernant les déplacés internes est d'obtenir des fonds supplémentaires pour fournir une assistance plus ciblée aux déplacés les plus vulnérables. Cela concerne la Géorgie elle-même.

L'UNHCR joue également un rôle clé dans l'aide au gouvernement pour développer un cadre juridique permettant de s'assurer que les droits des réfugiés et des déplacés internes soient pleinement respectés. Nous avons aidé le gouvernement à mettre en place une loi sur les réfugiés. Nous avons récemment consacré beaucoup de temps et fourni un soutien technique pour développer une loi sur la restitution de la propriété aux déplacés internes et aux réfugiés. Et nous avons également fourni un soutien technique dans le développement de la stratégie nationale pour les déplacés internes.

Pourriez-vous nous parler de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud ?

En Abkhazie, il y a eu des retours - 40 à 45 000. Ce sont des personnes d'origine ethnique géorgienne, qui vivent en Abkhazie sous le contrôle des autorités de facto d'Abkhazie. Notre travail se concentre sur la protection de ces personnes et nous travaillons à améliorer leur bien-être.

Notre programme actuel se situe dans le cadre d'une stratégie de deux ans, qui a pour but de construire un climat de confiance entre les deux communautés, abkhaze et géorgienne, au niveau des populations. Nous pensons que même si il n'y a pas d'avancée politique dans le processus de négociation, il est très important que le bien-être de ces personnes qui sont rentrées ne soit pas négligé. Dans le même temps, il est très important de faire des efforts pour amener les deux communautés, abkhaze et géorgienne, à vivre ensemble ; cela aidera à construire la paix.

L'UNHCR travaille depuis le milieu des années 90 en Ossétie du Sud. Nos opérations se concentrent sur le rapatriement des Ossètes depuis l'Ossétie du Nord [dans la Fédération de Russie] - où ils avaient trouvé refuge - vers leurs maisons en Ossétie du Sud ou en Géorgie, et sur les retours des Géorgiens déplacés depuis l'Ossétie du Sud. Nous avons assisté en particulier les personnes qui souhaitaient un rapatriement volontaire. La plus importante composante de ce programme a été de réparer et de construire de nouvelles maisons et de fournir aux rapatriés une aide à la réintégration.

En Ossétie du Sud, il existe un mécanisme - appelé la Commission de contrôle conjointe - entre les Ossètes du Sud, les Géorgiens, les Ossètes du Nord et les Russes. L'UNHCR a un rôle d'observateur dans cette commission. Ainsi, nous essayons de contribuer au processus de paix en aidant les rapatriés ... et, dans la mesure du possible, les personnes déplacées qui vivent actuellement en Ossétie du Sud et ne peuvent pas rentrer chez elles.

Pouvez-vous nous donner des exemples de vos actions visant à construire un climat de confiance ?

Nous aidons à reconstruire les écoles pour les enfants abkhazes et géorgiens. Nous accordons également de micro-crédits qui permettent aux personnes d'être plus autonomes. Nous avons également mis en place un programme d'hébergement ... tout cela, en même temps que notre travail de plaidoyer qui nous permet de faire avancer, jour après jour, auprès des autorités abkhazes et du Gouvernement géorgien les droits des déplacés internes et des rapatriés, et de contribuer au processus de paix.

L'UNHCR est l'un des signataires de l'accord quadripartite de 1994 entre les Géorgiens, les Abkhazes, la Fédération de Russie et l'UNHCR. Cet accord vise à créer des conditions favorables pour le retour des déplacés internes et des réfugiés vers l'Abkhazie. De plus, il y a différents mécanismes mis en place par les différentes parties et la communauté internationale ... nous travaillons sur le terrain avec les populations mais, en même temps, nous essayons de témoigner de leurs inquiétudes dans ces réunions de haut niveau et de contribuer ainsi au processus de paix.

Vous avez parlé des déplacés internes, qu'en est-il des réfugiés dans cette région ?

En 1999, nous avons connu un afflux de réfugiés tchétchènes. Lorsque les réfugiés sont arrivés, il a été demandé à l'UNHCR d'agir selon son mandat. Ces réfugiés vivent dans la vallée de Pankisi, en Géorgie, près de la frontière russe ... la vallée est à environ 50 à 60 kilomètres de la frontière, séparée par une forêt très dense et des montagnes.

Dans le cadre de ce programme, nous fournissons une assistance multisectorielle ... des articles non alimentaires, une aide à l'éducation, à la santé, une assistance juridique. Et l'UNHCR, dans le cadre de son mandat, protégeait les réfugiés sur la base d'interventions régulières auprès des autorités. Il y a eu certaines considérations concernant cette vallée, des considérations politiques, mais nous avons trouvé qu'elles étaient vraiment exagérées. Notre programme pour les réfugiés se compose de trois parties : tout d'abord protéger et assister les réfugiés ; deuxièmement, aider à réintégrer localement les réfugiés qui ont des liens traditionnels, historiques et ethniques avec la Géorgie. Pour cela, nous travaillons avec le Gouvernement de Géorgie pour qu'il nous assiste à les réintégrer.

Parallèlement, nous avons mis en place un programme de réinstallation en faveur des réfugiés qui ne peuvent pas être intégrés localement et ne peuvent pas rentrer chez eux. Ce programme a été affecté par le climat politique général sur le contrôle des flux migratoires, notamment depuis les événements du 11 septembre [2001]. Les demandes de réinstallation sont très nombreuses et pouvoir y répondre est un défi immense pour nous.

Quelle est l'importance de la population réfugiée en Géorgie ?

Au début, il y avait environ 8 000 réfugiés. Mais nombre d'entre eux sont partis, certains sont rentrés chez eux. Actuellement on compte près de 1 500 réfugiés tchétchènes - c'est un chiffre relativement peu élevé. Cependant, à cause de la proximité avec la Fédération de Russie et de la perception politique rattachée à cette situation, c'est devenu un groupe important pour l'UNHCR.

Quelles sont les ressources de l'UNHCR en Géorgie ?

Nous avons 40 employés en Géorgie et cinq bureaux. Nous avons un bureau à Tbilissi et quatre autres bureaux dans la région. Bientôt, nous aurons un autre bureau en Ossétie du Sud. Il y a un bureau à Sukhumi, la capitale de l'Abkhazie ; un bureau à Gali [en Abkhazie], où nous sommes maintenant présents depuis plus d'une décennie, malgré la situation sécuritaire difficile ... nous avons un bureau à Zugdidi, dans l'ouest de la Géorgie, où il y a une grande concentration de déplacés internes. Et nous avons un bureau à Akhmeta, à proximité de la vallée de Pankisi, chargé des réfugiés tchétchènes.

Quels ont été les problèmes les plus difficiles à traiter ?

Les problèmes les plus difficiles ont été le conflit entre les régions et la protection des personnes dans ces zones, où les autorités ne sont pas internationalement reconnues. Je voudrais exprimer aussi la frustration due au fait que les processus de paix n'avancent pas ... [Au début, j'ai aussi ressenti] une certaine confusion quant à l'importance de notre engagement auprès des déplacés internes. Devoir répondre à la question de s'impliquer ou non, je trouve cela très frustrant en tant que délégué. Les personnes déplacées ont besoin de l'UNHCR, l'UNHCR est la seule agence à avoir l'expérience nécessaire pour gérer les populations déplacées et pour travailler dans une région où des déplacements peuvent influencer la paix. Ce problème de déplacement est trop important pour être négligé.