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Protection des droits à la propriété pour les déplacés colombiens

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Protection des droits à la propriété pour les déplacés colombiens

Les déplacés colombiens ont perdu plus de six millions d'hectares de terres. Un nouvel accord entre l'UNHCR et le gouvernement pourrait les aider à en récupérer une partie.
9 Avril 2008
Plus de 75 pour cent des déplacés colombiens viennent de la campagne et quittent les terres sur lesquelles ils ont travaillé pendant des années.

BOGOTA, Colombie, 9 avril (UNHCR) - L'agence des Nations Unies pour les réfugiés et le Gouvernement colombien ont signé un accord qui pourrait protéger ou restituer les droits à la propriété de centaines de milliers de personnes déplacées.

Cet accord a été signé mardi à Bogota par le délégué de l'UNHCR en Colombie Jean-Noël Wetterwald et le Ministre colombien de l'agriculture Andres Felipe Arias. La présence du Président Alvaro Uribe lors de la cérémonie de signature a encore accentué l'importance revêtue par cet accord.

« L'accord permettra d'établir un cadre pour la coordination de divers programmes déjà en place destinés à protéger juridiquement les terres abandonnées et il prévoit de nouvelles initiatives pour restituer les droits à la propriété des personnes qui ont perdu leurs terres lors d'un déplacement forcé », a expliqué Jean-Noël Wetterwald, délégué de l'UNHCR en Colombie.

Il s'est félicité de cet accord, qui répond à l'un des principaux problèmes rencontrés par les 2,4 millions de personnes enregistrées au niveau national en tant que déplacées. Elles ont perdu environ six millions d'hectares de terres, soit six pour cent de l'ensemble du territoire national colombien, après avoir fui le conflit armé et la violence.

Cependant très peu de personnes déplacées ont reçu une compensation pour leurs pertes. Une part de 78 pour cent sur ces 2,4 millions de déplacés est originaire de régions rurales, où la plupart travaillaient la terre. La perte de ces terres signifie pour eux la perte de leur moyen de subsistance.

La majorité des déplacés vit maintenant dans des zones urbaines, souvent dans des quartiers très défavorisés, et ils éprouvent de grandes difficultés pour trouver un emploi. Selon une récente enquête menée par les Nations Unies, environ trois quarts des déplacés en Colombie vivent en dessous du seuil de pauvreté.

« Toute ma vie j'ai travaillé à la ferme et j'arrivais à nourrir mes cinq enfants avec le produit de mes cultures », a indiqué Marco, qui a fui son village rural en décembre dernier pour rejoindre la ville de San Jose de Guaviare au sud-est de la Colombie. « Ici je me sens inutile. Nous devons payer toute notre nourriture. Je ne trouve du travail que rarement, et ce sont toujours des emplois de journalier. »

Marco et sa famille vivent dans un abri de fortune, fait de bâche en plastique et recouvert de zinc, dans un quartier délabré de cette ville située au bord d'une rivière. Il n'y a ni équipement sanitaire ni eau courante. Avoir perdu ses terres et ne pas savoir ce qu'il est advenu de sa ferme et de son troupeau sont les pires choses que Marco ait jamais vécues. Il souhaiterait rentrer mais sa femme a peur et elle ne le laissera pas repartir.

Quand Marco a dû fuir sa ferme, il a pris soin d'emporter avec lui la copie de ses actes de propriété, qu'il espère maintenant faire enregistrer dans le cadre du projet Tierras. C'est sa seule consolation. Ces quatre dernières années, ce projet soutenu par l'UNHCR a déjà enregistré plus de deux millions d'hectares de terre appartenant aux personnes déplacées ou à des communautés identifiées comme étant confrontées à un haut risque de déplacement forcé.

Une fois enregistrées, ces terres sont gelées, ce qui signifie qu'elles ne peuvent être vendues sans l'accord de leur propriétaire légitime. Les autorités locales peuvent aussi geler les terres d'un village entier si elles pensent qu'une escalade des combats fait peser une menace imminente de déplacement forcé pour la population de ce village.

Le nouvel accord vise à soutenir et à coordonner de telles initiatives pour la protection juridique des droits à la propriété des déplacés. Dans le cadre d'autres projets, des terres agricoles seront restituées à des personnes déplacées qui ont perdu leurs biens au cours de leur déplacement forcé. L'accord de mardi fait espérer, pour les déplacés colombiens, une stabilisation de leur situation socio-économique, ainsi que la restitution de leurs droits spoliés.

Jean-Noël Wetterwald a indiqué que l'UNHCR coopérerait étroitement avec le gouvernement, la société civile et les personnes déplacées afin d'identifier les meilleurs moyens d'assurer la restitution aux déplacés de leurs terres et de leurs biens.

Par Marie-Hélène Verney à Bogota, Colombie